Voix publique

La saison des amours

La fidélité n'est pas LA première qualité en politique. Que ce soit la fidélité aux idées, aux partis ou aux personnes, le concept y est plutôt flexible…

Prenez Stephen Harper et Jean Charest. L'an dernier, ils formaient le «couple» politique numéro un au Canada. Le match était parfait, naturel. Harper dirigeait le Parti conservateur à Ottawa. Charest, lui-même un ancien chef du PC catapulté contre son gré à la tête du PLQ en 1998, demeurait dans l'âme un bon conservateur.

Dès sa victoire, en janvier 2006, Harper s'est rapproché de Charest, pourtant à l'époque le mal-aimé des Québécois. Le pattern est classique. Pour prouver son amour, Harper a inondé Charest de cadeaux: la reconnaissance de la nation québécoise, le «règlement» du déséquilibre fiscal et un bout de siège à l'UNESCO.

Nos deux tourtereaux filaient le parfait amour. On aurait dit des âmes sours. Puis paf! L'idylle s'est effritée. Après l'élection québécoise de 2007, Charest posa un geste d'ingratitude. Il a brisé le cour de Harper en mille miettes et provoqué chez lui une colère mauve digne du Capitaine Bonhomme.

Je t'aime… moi non plus

Dans son premier budget de gouvernement minoritaire, Jean a jeté par les fenêtres 700 beaux millions de dollars envoyés par Stephen pour le déséquilibre fiscal. Plutôt que d'investir dans la santé, Charest a réduit les impôts contre la volonté d'une majorité de Québécois.

Stephen était en beau fusil! Il était humilié devant un Canada anglais sidéré. We gave all this money to Québec so that their income taxes can go down? No way! Depuis, le torchon brûle entre les deux, que ce soit sur Kyoto ou autre chose. Quand ça commence à aller mal…

Cette semaine, ce fut l'injure suprême. Remontant dans les sondages, Charest enclencha des négos pour renforcer l'espace économique avec l'Ontario. Il l'a fait avec Dalton McGuinty, le très libéral et très anti-Harper premier ministre de l'Ontario – cette province maudite où les Libéraux de Stéphane Dion tiennent bon au point de priver Harper de la possibilité de former un gouvernement majoritaire.

De toute façon, Harper avait déjà commencé à se magasiner un nouveau beau brummel. Politiquement parlant. Vêtu de son nouvel habit de chef de l'Opposition officielle, Mario Dumont, tel un paria transformé par un extrême make-over, devenait plus séduisant. Et puis, se dit Harper, plus Charest remonte, plus il devient rouge-libéral, se faisant même conseiller maintenant par de VRAIS libéraux!

Bleu, bleu, l'amour est bleu

Mario, lui, est un adéquiste, un conservateur bleu pâle, qui ne retournera jamais au PLQ. En plus, il est conseillé par un VRAI conservateur, Lucien-le-Lucide-Bouchard. Bien sûr, Harper ne peut brûler tous ses ponts avec Charest. On ne sait jamais. Mais on voit que, malgré les difficultés de l'ADQ, son cour penche vers Mario.

Le nouveau couple politique fera d'ailleurs sa première sortie publique le 7 décembre. Ils s'étaient vus privément à Ottawa l'an dernier, mais comme le Prince Charles devant jadis cacher sa Camilla, Harper avait refusé les caméras.

Cette fois-ci, en parfait gentleman, c'est Harper qui se déplacera pour courtiser Mario. Il le fera devant l'auguste Chambre de commerce de Rivière-du-Loup, le patelin adoré de Mario. Sachant que ce discours jouira d'une grande couverture médiatique, on prend la pleine mesure de l'intensité de leurs fréquentations politiques.

Mais son retour soudain au Québec pour y faire des mamours donne aussi la pleine mesure du blocage que Harper subit en Ontario. De toute évidence, l'homme compte sur le Québec pour lui donner sa majorité et il compte sur l'ADQ pour l'aider en régions. Non, mais. C'est quand même beau l'amour…

La pointe de l'iceberg

Bravo à TVA pour ses reportages sur l'insalubrité de certains logements à Montréal. Ces blocs appartements infestés de coquerelles, de souris et de moisissures sont des cas extrêmes prouvant l'inaction des autorités dans des situations aussi dangereuses. Mais ils ne sont que la pointe de l'iceberg.

Il y a plusieurs autres cas moins extrêmes, mais importants, de propriétaires négligents et de locataires vivant dans des maisons ou des édifices peu ou pas entretenus. Eux aussi sont aux prises avec les effets sur leur santé d'infiltrations d'eau mal réparées ou pas du tout, ou d'un usage répété de pesticides maison contre la vermine.

Ce sont souvent des propriétaires ayant plusieurs propriétés, petites et grandes, dont ils tirent leurs principaux revenus. Pour maximiser leurs profits, ils négligent leurs propriétés. Mais les municipalités auront beau sévir, le problème perdurera aussi longtemps que le gouvernement du Québec n'augmentera pas SUBSTANTIELLEMENT les ressources à la Régie du logement. (Québec a embauché 8 régisseurs qui ne font que remplacer 8 autres partant à la retraite en 2010!)

Pour les cas moins extrêmes, une audition à la Régie peut prendre jusqu'à 17 mois! Trop souvent, les locataires doivent aussi faire faire eux-mêmes des tests de qualité d'air ou de moisissures qui, au privé, coûtent de 500 $ à 2000 $. Il est donc crucial que la Régie puisse aussi embaucher des inspecteurs capables de faire ces tests au public. Sans ces gestes concrets, le reste ne sera que du blabla…