Comme c'est bizarre. On aura beau faire toutes les démonstrations rigoureuses sur les dangers du privé en santé, l'illusion de son efficacité perdure. C'est à y perdre son latin.
Voyant les effets négatifs des compressions passées sur le système public, sondage après sondage, une majorité de Québécois veulent plus de privé. Disons aussi que les "think tanks" de droite inondent les médias depuis des années avec des études biaisées idéologiquement et qui font miroiter le mirage d'une réduction magique des listes d'attente grâce au privé.
Face à une opinion publique conditionnée à n'y voir que du feu, les gouvernements ont donc laissé le privé gagner du terrain. Nouvelle étape: mardi prochain, le gouvernement Charest rendra public le rapport qu'il a commandé à Claude Castonguay, un ardent défenseur des assurances et des services privés en santé. Poussant jusqu'à l'absurde son préjugé favorable au privé, c'est devant la Chambre de commerce de Montréal que Castonguay ira "expliquer" son rapport le lendemain! Avec les GROS SOUS que le milieu des affaires entend faire avec ce qu'il appelle l'"industrie de la santé", voilà un choix qui a au moins le mérite de la cohérence…
UNE NOTE D'ESPOIR
Mais il y a une note d'espoir. Le rapport Castonguay arrive à un moment où de plus en plus de citoyens, médecins et infirmières s'opposent enfin et très publiquement à ce glissement vers le privé.
Cette semaine, on a même eu droit à une analyse fort différente de celle du Conseil du patronat et de l'Institut économique de Montréal – deux des haut-parleurs les plus stridents de la droite au Québec. Se basant en partie sur des études comparatives, deux chercheurs de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) avancent qu'en santé, le privé est moins efficace que le public, plus coûteux, et nettement plus inéquitable sur le plan de l'accès.
Traduction: les seuls à profiter du privé sont ceux pouvant se le payer directement ou grâce à des assurances privées coûteuses. Pour les autres, pendant que le privé siphonne et l'argent des patients capables de payer et l'argent public en sous-traitance, l'attente ne diminuera pas. Elle s'allongera.
L'an dernier, l'Association britannique des consultants du Service national de la santé, regroupant 650 médecins spécialistes, écrivait à l'Association médicale canadienne pour l'informer du côté moins rose de ce qu'ils vivent dans un système "mixte" privé-public. Avec Philippe Couillard qui encourage les hôpitaux à sous-traiter des chirurgies à des cliniques privées avec de l'argent public, leur lettre prend tout son sens. Elle disait: "La réalité est que cet argent (public) a été essentiellement consacré à la réduction des listes d'attente en chirurgies non urgentes particulièrement sensibles d'un point de vue politique et cela a été fait au moyen d'ententes dispendieuses et insoutenables avec le secteur privé."
La réalité crue est également que le Québec a une pénurie de 800 médecins de famille et 650 spécialistes. Plus il y aura de privé, plus nos médecins et infirmières, déjà insuffisants, y travailleront. On soupçonne d'ailleurs le gouvernement de se préparer à trouver des moyens pour faciliter le passage des médecins d'un système à l'autre. Bref, contrairement à ce qu'affirment faussement les lobbyistes du privé, rien de cela ne "soulagerait" le système public. Bien au contraire.
LE QUEBEC A CONTRE-COURANT
Cela explique pourquoi, dans certains États occidentaux où on a laissé le privé s'installer dans le financement et les services de santé, on cherche à reculer. Constatant les coûts élevés du privé et l'injustice sociale qu'il crée – sa logique étant le profit et non la santé publique -, certains États tentent maintenant de renforcer le public. Même les États-Unis! Du moins, chez les Démocrates.
Ça ne vous frappe pas, vous, qu'en même temps que Hillary Clinton et Barack Obama se creusent les méninges pour proposer des manières d'AUGMENTER la place du public dans le système de santé américain, ici, on fait le chemin inverse!
En décembre, les directeurs de la santé publique du Québec ont dit ceci au comité Castonguay: avec plus de privé, "on atteint un droit social du citoyen pour le transformer graduellement en bien de consommation". "Le peuple a choisi d'être solidaire et de partager, via une assurance collective, les risques reliés à la maladie. Il importe de réaffirmer ce contrat social."
En novembre, Henri Elbaz, directeur général de l'Hôpital général juif de Montréal, rappelait aussi que les bases du système public "sont solides et il faut les préserver". Et d'ajouter: "Quand il y a un retour sur capital à assurer ou quand le patient devient une source de revenus, ça cause des dérapages."
Malgré tout, on nous chante les vertus du privé, clamant que le public ne peut plus répondre aux besoins d'une population vieillissante. Et pourtant, le Québec est la province qui dépense le moins en santé par habitant. Comme un chien qui se mord la queue, moins on dépense aux bons endroits au public, plus on alimente le mirage du privé. Pendant qu'on croit bien faire en donnant de l'argent public au privé, on néglige aussi les soins à domicile et les aidants naturels. Quant aux super-hôpitaux pour Montréal, on les attend toujours…
Oui, c’est à y perdre son latin. Je tente tout de même une hypothèse pour expliquer que, de plus en plus, une majorité de Québécois veulent plus de privé.
Supposons que tout à commencé à 8000 mètres au dessus de l’Océan Pacifique, quand Jean (Charest) s’en allait en Chine avec une brochette de PDG pour aller y effectuer une mission d’affaires. Son ami Paul (Desmarais), assis à sa droite lui aurait alors glissé un commentaire presque désobligeant : « Tu sais Jean, quand tu me disais tantôt qu’il faudrait trouver des moyens de dégraisser l’État, je me demandais comment tu pouvais tenir un tel discours, alors que tu laisses cet État s’accaparer de tout le marché de l’assurance santé au Québec. Tu n’es pas sans savoir que j’ai une boîte qui possède une grande expertise en ce domaine. » Jean, un peu décontenancé, aurait vite fait bifurqué la discussion sur un autre sujet, après avoir eu un sourire embarrassé.
Quelques trois mois plus tard, lors d’un congrès à Toronto, Paul aurait saisi l’occasion pour revenir à la charge, alors qu’il prenait sa pause café en compagnie de Jean et de Claude (Castonguay). Cette fois, il aurait impressionné Jean en lui montrant une étude effectuer par ses experts en assurances, qui ferait la démonstration des économies substantielles pour son gouvernement, s’il consentait à permettre à ceux qui peuvent se le payer, de s’offrir des services de santé rapides et efficaces, couverts par une assurance privée. « Voilà une étude fort intéressante », aurait dit Claude.
Cette fois, Jean serait resté songeur, car il voyait bien qu’il ne s’agissait pas d’une blague. Mais l’affaire aurait restée en sourdine, jusqu’à ce que Jean et Paul se retrouvent seuls sur le plus haut pont d’une embarcation, lors d’une excursion de pêche, quelques semaines plus tard. Cette fois ils auraient longuement parlés, ne se sentant nullement indisposés par les caméras, ni même par de mauvaises oreilles furtives. La discussion aurait portée sur une variété de sujets, allant de la création d’emplois jusqu’à la perception des Québécois qui serait en profonde mutation, grâce à une stratégie proactive de plusieurs médias (juste ceux de Paul, c’est déjà beaucoup!), mais aussi sur des sujets plus personnels, tel que les projets post politique de Jean. Sur ce dernier point, Paul lui aurait laissé entendre clairement qu’une fois qu’il aura laissé derrière lui la politique active, leur amitié pourra non seulement se poursuivre, mais aussi se consolider par un poste prestigieux au sein de son équipe.
Cette fois, le coup aurait porté. Jean en serait même venu à se demander sérieusement pourquoi il resterait en politique, à se faire vilipender sur tout ce qui va mal au Québec, alors qu’il pourrait avoir un poste mille fois plus tranquille, et enfin recevoir une paye à la hauteur de ses ambitions. Ce serait à partir de ce moment que Jean se serait appliqué à démontrer à son ami Paul ce dont il est capable pour se mériter de ses largesses.
Histoire à suivre dans La Presse…
Comme Josée Legault, je pense que, face à la question de la santé, il y a eu, dans une large mesure, endoctrinement et propagande. Lorque règne, au sein de la population, un profond désarroi, les manipulateurs peuvent facilement proposer de faux changements et d’illusoires «révolutions» basées sur le privé, devenu rédempteur et salvateur.
Il y a aussi le sempiternel problème de la mémoire, individuelle et collective. Le système privé, dans le champ de la santé, nous y avons goûté profusément jusqu’à il y a une trentaine d’années. Je me rappelle qu’en 1948, ma mère a été gravement malade et a dû être hospitalisée pendant un long laps de temps. J’avais alors cinq ans et j’ai dû aller faire un assez long séjour dans un orphelinat d’Ottawa. Mon père, mécanicien et garagiste, devait payer la totalité des frais encourus par la grave maladie de ma mère. MOI, JE N’OUBLIERAI JAMAIS ET JE VAIS TOUT FAIRE POUR SAUVEGARDER LE SYSTÈME PUBLIC, EN DÉPIT DE SES LACUNES, VICISSITUDES ET DÉFAUTS.
En fait, je pense qu’«on» a créé, au Québec, une désespérance suicidaire vis-à-vis du système de santé.
Aussi, demander à Claude Castonguay de présider une commission sur la santé, c’est comme demander à Pierre Falardeau ou à Justin Trudeau de présider une commission sur la pertinence de l’indépendance du Québec.
Il va quand même falloir revigorer le système public, en tenant compte des contraintes bien identifiées par Josée Legault dans son texte on ne peut plus pertinent.
JSB
Il y a quelques failles majeures dans notre système de santé canadien.
Première faille, on balaie trop large. En Saskatchewan, là où est né le concept, les objectifs étaient à la hauteur des capacités de payer de la province. Le fédéral a dévoyé ce concept en balayant tous azimuts et sans réserve. Qui trop embrasse, mal étreint. On l’a oublié.
Deuxième faille, les gouvernements provinciaux ont systématiquement, depuis le début, refusé de consacrer toutes les sommes que le fédéral leur donnait au budget de la santé. » C’est pas le fédéral qui va nous dire comment gérer nos affaires. » Refrain connu et encore d’actualité. Le fédéral à graduellement réduit sa contribution puisque les provinces n’en avaient pas besoin, si on observe leur comportement irresponsable.
J’aimerais rappeler que M. Landry a déjà affirmé qu’il n’y avait pas de problème d’argent pour la santé. Il était Ministre du trésor à l’époque ou Premier ministre. Il ne l’a pas répété.
Le piège du privé doit être analysé avec intelligence. Oui au privé, si le contribuable ne paie pas la note. Autrement dit, aucun argent du contribualble ne doit passer des coffres du gouvernement à la caisse du privé. Tous les coûts du privé doivent être payés par les usagers du privé : la formation du personnel hôspitalier, des portiers aux médecins spécialisés, en passant par les infirmières et aides infirmiers, tout cela doit être aux frais des patiens et clients. La construction des cliniques privées, enfin tout ce qui gravite autour du privé doit être payé par les usagers du privé.
Je crois que cette politique refroidirait au point de congélation les velléités de privatisation qui recherchent la crème des profits et nous laissent le petit lait des coûts, pertes et déficits. On es pas idiots.
Cela dit, il y a beaucoup à faire pour améliorer la gestion des soins de santé au Québec. Il y des pays qui peuvent nous aider en nous faisant partager leur expérience. Je pense à des pays d’Europe qui n’ont pas attendu le Canada pour mettre sur pied un système de santé publique. Un peu d’imagination et de bonne volonté sont de rigueur. Du courage aussi…
Le dossier est à suivre.
Mais c’est pour quand le vrai débat? Personne ne conteste la gratuité des soins médicaux, c’est un peu riche de comparer « le privé » avec le système qui a mal soigné sa mère en 1948. Est-ce que l’état peut et doit être le seul à livrer les soins, tout en étant le seul à payer ? Là est la vrai question.
Comment ce fait-il que le Canada et le Québec ont des systèmes de LIVRAISON de soins les plus étatisés parmi les pays industrialisés?
Quand la France remporte la palme pour le meilleur système public au monde et qu’elle utilise largement le PRIVÉ pour livrer les soins, les Français seraient-ils les gros méchants capitalistes vautours tels que dépeint par les Amir Khadir et cie pour qui la protection de beaux emplois syndiqués du secteur public semble beaucoup plus important que la qualité, le coût et la capacité de payer ? Entre le Québec à 100 % public et les USA à 100 % privé, il y a d’autres modèles plus performants. Est-ce que tous ces pays qui performent mieux avec un apport du privé subissent « un dérapage » ? En quoi le contrat social de la couverture universelle serait menacé par une livraison privée de certains soins? Ce n’est pas le cas de la France pour ne nommer qu’elle. Si l’état paye, comment pouvez-vous transformer les services en bien de consommation?
Les arguments contre le privé sont démagogiques, idéologiques, tendancieux et largement dépourvus de faits concrets. Claude Castonguay est le Pierre Falardeau du privé ? Vraiment, c’est tout un argumentaire qui consiste largement à démoniser tous ceux qui ne défendent pas bec et ongle un système stalinien encrassé, alourdi, bureaucratisé à l’extrême et insoutenable financièrement avec un vieillissement galopant de la population.
Les voeux pieux de « revigorer le système public » ne suffisent pas du tout. Ça fait 30 ans qu’on « revigore » le système à coups de centaines de millions. On a même supprimé des centaines d’emplois d’infirmières au même moment que le besoin augmentait de façon vertigineuse. Bravo pour la planification centrale et ses plans quinquennaux.
Enlevez vos ornières, cessez de verser dans une idéologie qui ne correspond plus à la réalité. Vous faites de la propagande en parlant des USA sans mentionner la France.
À David Lépine!!!
En 1948, le système privé n’a pas mal soigné ma mère. Il a ruiné notre famille. Grosse nuance.
Si propagande il y a, cela vous concerne. En effet, votre argumentaire est un rejeton de la propagande actuellement prédominante.
Respectueusement!
JSB
Rien n’est plus simple pour les «chefs d’entreprises » que d’utiliser des infrastructures publiques et d’en privatiser les profits. Comme le dit l’adage populaire : ces gens veulent notre bien, et ils l’auront. À moins que des pressions soient faites par l’ensemble de la société civile auprès du gouvernement Charest pour qu’il retire le projet de loi qui transforme les cliniques médicales privées en hôpitaux privés.
Les solutions que véhiculent les think tanks de droite, tel l’Institut Économique de Montréal (IEDM) en vue d’améliorer le système de santé sont basées sur une idéologie de marché dont aucune étude sérieuse n’a prouvé les bénéfices pour l’ensemble de la population.
Cet organisme qui bénéfice d’un numéro d’organisme de charité, et qui a reçu en dons pour l’année 2006 une somme de près de 2.3millions$, inonde de lettres d’«opinions» les journaux qui lui ouvrent leurs pages établissant ainsi une convergence entre médias d’information et milieux des affaires. L’IEDM déclare avoir publié 130 textes d’«opinions» en 2006. Nathalie Elgraby, économiste à l’IEDM, tient une chronique dans le JdeM et de Québec. L’organisme assure aussi une présence régulière dans le National Post. Présente des mémoires aux élus. Des rencontres entre l’ADQ ou le PLQ ont lieu sur une base régulière. D’ailleurs le programme de l’ADQ est presque calqué sur les propositions de l’IEDM. Pourtant, les organismes possédant un statut d’organisme de charité s’engagent à ne pas influencer l’opinion publique.
Plus qu’une arnaque, on assiste à une collusion entre le secteur privé des assurances, les médecins non participants au régime public et le gouvernement. Fin novembre 2006, avant les Fêtes, de manière obscure et sans débat public ni parlementaire, le gouvernement adopte sous le bâillon une loi 33 créant les cliniques médicales spécialisées (CSM). Le ministre de la santé Philippe Couillard leur transfère les chirurgies mineures de la hanche, des genoux, et de l’extraction de la cataracte. Profitant toujours de la période des Fêtes, il propose fin 2007 de réaliser un nombre accru de chirurgie.
L’étape suivante est inscrite dans le projet de règlement de la loi : l’octroi de l’hébergement de 24 heures ou plus aux CMS de médecins non participants à la RAMQ, leur accordant ainsi le statut d’hôpital privé. En introduisant ainsi la concurrence directe entre hôpitaux publics et hôpitaux privés, on réalise une étape ultime qui sera sans doute franchie, soit l’appel d’offre, non encore autorisé. La Loi sur les contrats des organismes publics empêchant (mais pour combien de temps encore ?) les organismes dispensant des soins de santé d’être cotés en bourse.
Comme les barrières sont franchies allègrement dans un contexte de libéralisation et de déréglementation des services publics, on peut appréhender que, selon cette logique marchande, l’accessibilité pour les uns aux soins de santé puisse signifier l’absence de services pour les autres. Car qui pourra s’offrir des assurances à des tarifs hors de portée de la majorité des citoyens ? Qu’adviendra-t-il des cas lourds qu’aucune des cliniques privées n’est intéressée à prendre en charge ? L’argent drainé par les compagnies d’assurances représente autant de ressources financières qui ne sont pas allouées à l’amélioration du secteur public. Sans compter la marge de profit des actionnaires.
La sous-traitance en décembre dernier Hôpital du Sacré-Cœur/ Clinique Rockland MD en vue de raccourcir les délais d’attente selon une entente d’un demi-million$ pour une durée de six mois, est ni plus ni moins qu’une étape de plus menant à la privatisation du système public.
L’étude dont vous faites mention, madame Legault, de l’Institut de recherche et d’information socio-économique (IRIS) publiée récemment apporte un éclairage qui jette une lumière indispensable sur le concert de louanges qui entoure la privatisation des soins de santé comme panacée aux difficultés du système public. Cette recherche fait un contrepoids à tous ces mirages et mensonges fondés sur une logique marchande qui égarent le public des véritables enjeux de l’accessibilité dans ce domaine très compliqué.
Selon les chercheurs de l’IRIS, un institut de recherche sans but lucratif, indépendant et progressiste, le privé en santé serait plus coûteux, moins efficace et moins accessible que le secteur public. Ceux-ci affirment que le vieillissement de la population n’est pas la cause principale de l’augmentation des coûts de santé dans le système public, comme tentent de nous le faire croire les «opinions» de l’Institut économique de Montréal dont fait partie madame Hélène Desmarais, suivez le doigt, fille de Paul Desmarais de Power Corporation, Groupe d’assurances London Inc., Groupe Investors Inc., London Life, compagnie d’assurance-vie, Gesca, La Presse.
Les chercheurs de cette étude soutiennent que l’usage accru des médicaments serait en partie responsable de l’augmentation des coûts. Quand on sait les profits astronomiques que se réservent les pharmaceutiques, on peut comprendre. On comprendra encore plus les conclusions du rapport Castonguay qui favorise l’instauration du privé dans le domaine de la santé lorsqu’on sait les fonctions actuelles d’ Actuaire associé à L’Industrielle, compagnie d’assurances de celui qui a jadis introduit la carte soleil.
On a la mémoire courte. Mais les plus jeunes ne peuvent pas se souvenir d’une époque où une famille pouvait perdre sa maison afin de régler de grosses factures d’hôpital et de chirurgie.
M. Baribeau
En quoi un régime public payé à 100 % par l’état, mais dont certains soins seraient livrés par le privé, menacerait financièrement qui que ce soit ?
Par exemple, la ville paie pour le déneigement. Est-ce qu’un contracteur privé peut en faire une partie et les travaux publics une autre partie, sans que le citoyen soit affecté ?
Je ne fais ni propagande pour le privé, ni pour le public. J’accuse les détracteurs du privé de fermeture d’esprit. On pourrait au moins en débattre avant de décider. Ils sautent toujours aux mêmes conclusions en sortant toujours l’exemple des USA et accusent M. Castonguay d’être à la solde des méchants capitalistes pour le grand crime de vouloir évaluer le privé de façon objective. Ça devient de l’idéologie et non de la science. Ils essaient de vous convaincre qu’avec le privé des familles pourraient être ruinées financièrement « comme dans le vieux temps ». C’est de la démagogie tout court.
Pourquoi pas regarder ce qui se passe en France, par exemple. On peut même pas en parler tellement on est accusé d’être des » vautours tournant au dessus du système public »-A. Khadir.
Mme Proulx
Vous semblez très au fait , svp nous expliquer comment la France peut nous devancer au chapitre de la qualité et du coût plus bas en utilisant largement le secteur privè pour livrer une bonne proportion des soins de santé.
Est-ce que leurs capitalistes seraient plus nobles que les nôtres ?
@David Lépine
Je ne sais pas pour le Québec, mais la France a une part plus importante des dépenses publiques sur les dépenses totales en santé que le Canada. Comme je ne veux pas en faire un débait scientifique je ne produit pas les tableaux.
Une idéologie soutient toujours les choix que fait une société, la question économique n’est que le moyen d’exercer cette idéologie. Que cette idéologie soit progressiste ou ultralibérale. On pourrait donc en discuter sans rien régler si on ne s’entend pas sur la philosophie qui sous-tend le filet social que l’on s’est donné concernant les soins de santé. Je ne vois pas pourquoi l’exemple des États-Unis ne serait pas un bon exemple pour illustrer la main-mise des compagnies d’assurances sur le système de santé.
J’ai déjà entendu lors d’un reportage, il y a quelques années que si les délais d’attente sont moins long en France, ce n’est pas parce qu’une contribution d’environ 5$ est exigée d’un patient mais parce qu’il y a plus de médecins par habitant.
Parmi les mensonges de la droite ultralibérale, il est important de retenir celui qui fait référence à l’augmentation des coûts de santé par rapport aux dépenses. Ces coûts n’ont pas augmenté selon différents chercheurs dont ceux de l’IRIS, ce sont les budgets alloués aux services qui ont diminué. Du point de vue des chercheurs de cette étude, la solution se trouve dans la prévention, les soins à domiciles, un meilleur suivi des patients et une maximisation des salles d’opération et non dans une plus grande privatisation du système des soins de santé.
Il est aussi établi selon François Béland, professeur titulaire au Département d’administration de la santé de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, que les coûts d’administration du secteur privé au Québec représentent le double des dépenses pour deux fois moins de services que dans le secteur public. J’ai déjà assisté à une conférence où le professeur démontre, à l’instar des deux chercheurs de l’IRIS, que les dépenses attribuées au secteur hospitalisation n’ont pas bougé mais que ce sont les budgets alloués aux services qui ont diminué. M. Béland se consacre à la recherche en gérontologie. Depuis plus de 25 ans, il s’intéresse, en particulier, à l’organisation des services pour personnes âgées fragiles, à l’utilisation de ces services et à leurs coûts ainsi qu’aux inégalités de santé dans la population.
Si les cliniques privées souhaitent obtenir le statu d’hôpital privé, c’est parce que c’est payant. Ça ne diminue pas les listes d’attente et ça coûte plus cher.
Toutes les études connues (Suède, Grande-Bretagne, Australie) démontrent que les coûts des services ont augmenté partout où la part du privé a augmenté depuis une dizaine d’années.
David Lépine,
Je suis d’accord avec vous pour dire que toute attitude dogmatique et intransigeante ne peut qu’embrouiller un débat qui concerne une réalité aussi essentielle et aussi émotionnelle que la santé (et la maladie)! Que le privé intervienne dans une certaine mesure dans le champ de la santé, pourquoi pas? Cela se fait en France et ailleurs. Mais ce que d’aucuns, comme moi-même, craignent, c’est que le privé se mette à prendre de plus en plus de place et que les patients finissent par être forcés de payer de plus en plus pour les services de santé. Je sais que parler de la tendance néolibérale, cela peut être un cliché qui obstrue la réflexion et l’analyse. Mais je pense quand même que l’économie mondiale fonctionne de plus en plus en se conformant aux normes et règles de cette entité appelée LE NÉOLIBÉRALISME!
Au plaisir de discuter encore une fois avec vous.
JSB
Encore une fois on tombe dans le dogmatisme. Il ne faut pas être pour le public intégral ou pour le privé intégral. L’intégrisme est toujours dépourvu de logique et de bon sens. Chaque cas est à étudier CONCRÈTEMENT , sans émotivité cucul, au-delà des dogmatismes.
La Suède, la France, l’Angleterre et bien d’autres pays européens ont recours au privé pour baisser les côuts astronomiques du vieillissement de leur population, tout en gardant l’accès aux services pour tous les citoyens. Le privé n’est pas pogné avec une bureaucratie syndicale et étatique qui tue les initiatives des plus performants et nivèle vers le bas…ma blonde travaillant dans un hôpital depuis plus de 30 ans m’a donné des dizaines d’exemples de ces bureaucraties stériles et blindées.
.Prenons le cas d’un employé qui remplace un employé en vacances maladies. Il remplace pendant plusieurs mois de façon performante et est apprécié. Quand l’employé en maladie décide de ne plus revenir au travail ,il faut le remplacer. Au privé, on prend tout simplement ce remplacant qui fait l’affaire et le tour est joué. Au public, la convention collective oblige de prendre les employés par ancienneté , même si ils ne connaissent pas l’ouvrage!!!!!! S’en suivra donc plusieurs employés qui viendront essayer pendant quelques semaines l’emploi pour voir si ça les intéresse…et ça peut durer des mois cette incertitude et cet emploi occupé temporairement par des incompétents…Alors que tous ces employés ont déjà un travail, il existe une personne qui a appris et est qualifiée que l’on met de côté!!! Multiplier ces cas par milliers et vous réaliserai combien de places sont occupées par des incompétents qui essaient à répétition tel et tel emploi…TOTALEMENT RIDICULE ET INEFFICACE!! Les syndicats corporatistes sont plus occupés à préserver les privièges de leurs membres qu’à améliorer le service aux citoyens; en êtes-vous surpris?
Madame Legault, en excluant idéologiquement totalement le privé, est-elle prête à convaincre les citoyens de payer encore plus d’impôts pour que tout reste public et bureaucratique ad vitam eternam?
La santé ça coûte cher, la justice ça côute cher, l’éducation ça coûte cher refaire les routes ça coûtent cher on dirait bien que tout coûte cher.
Mais il me semble que les citoyens paient des taxes et des impots pour tout ce qui coûte cher?
L’argent est devenu une valeur plutôt qu’un moyen pour se donner une qualité de vie.
Etrange qu’on revienne aux années sombres ou on devait payer pour se faire soigner, mais je crois qu’on est presque rendu là.
Que quelqu’un de fortuné puisse se payer de meilleurs soins et plus rapidement c’est déjà un scandale que personne ne dénonce, tellement on est convaincu par le discours du privé et de l’argent.
On sait maintenant qu’il y a d’autres façons de soigner et de prévenir la maladie beaucoup moins honéreuses. Donner une médication sur une longue période de la vie est tout simplement ridicule sauf dans certains cas. Ecoutons plutôt des sages commme le Dr Béliveau et le système de santé ne serait plus en péril et le privé ne serait pas nécessaire.
Les arguments qui se retranchent derrière des présomptions de sens pratique pour justifier, soit une présence ponctuelle du secteur privé dans le système de santé, soit une place reconnue en bonne et due forme sur des pans entiers de celui-ci, sont tout simplement spécieux. Remettre en question cette part qu’ils revendiquent pour le privé ne relève pas du dogmatisme ou d’un autre mal qu’ils imaginent en lui donnant un nom de semblable consonance, mais de la logique la plus simple, une logique que même Jourdain s’exprimant en prose ou en poésie serait à même de formuler. Ce raisonnement qui bloque la porte au privé tient dans un seul mot : pénurie.
Il y a pénurie de personnel soignant au Québec. Or, chaque fois que le système privé attire à lui ces ressources, c’est le système public qui s’appauvrit d’autant. Cette hémorragie est d’autant plus vicieuse que les moyens qui devraient être pris pour rendre le public compétitif en termes d’attraction ne le sont pas. Des quotas limitent les opérations pendant que des salles d’opérations restent inactives et des horaires farfelus harassent le personnel soignant auxiliaire.
Partant, le vrai dogmatisme est celui venant de la part de ceux qui semblent s’appuyer sur le bon sens pour promouvoir le privé dans ce débat. Il appartient à ce matérialisme aveugle qui ne profitent qu’à ceux dont il défend les bas intérêts.
Mme Proulx,
Les États Unis n’ont jamais eu de système universel de soins de santé. Vouloir se comparer à eux est à peu près comme se comparer au Zimbabwe. Ce n’est qu’un épouvantail que les « progressistes » sortent à chaque fois que le système syndicalo-bureaucratique est remis en cause.
Vouloir faire un débat avec une prémisse que ceux qui ne sont pas du « bon bord » ne font que véhiculer « les mensonges de la droite ultralibérale » est de la démagogie idéologique.
Certains chercheurs ( faut croire qu’on cite ceux qu’on aime) disent que les coûts n’augmentent pas, ce sont les budgets alloués aux services qui déclinent. Appelez-les comme vous voulez, au rythme d’augmentation des budgets du ministère de la santé, dans dix ans ce sera 80% du budget total du Québec qui sera requis.
Si les seuls cols bleus de la ville de Montréal se gardaient tout le déneigement avec aucun apport des contracteurs privés, le ville entière serait paralysée depuis le 15 décembre. Est-ce une question d’idéologie ou de gros bon sens?
Je crois qu’au Québec la majorité de gens est exaspérée par tous les discours idéologiques qui ont comme résultat de nous figer dans un modèle des années 70 avec aucune ouverture à des solutions innovatrices. De vouloir nous faire avaler soit la solution dite « progressiste » ou celle dite « libérale » est le vrai piège dans ce débat. Nous voulons quelque chose qui fonctionne à un coût raisonnable et qui soit universel. Nous voulons que toutes les options soient évaluées. Si on voulait vraiment le système « progressiste » à 100%, je crois que nous aurions voté à plus de 4% pour le Dr. Khadir.
@ Davide Lépine
Je n’ai jamais comparé le système de santé américain au québécois. Je dis cependant que même avec des dépenses publiques en santé supérieures à celles de la France, du Québec, de l’Italie, etc. leur système laisse de côté 54 milliions d’individus et que les autres sont otages des compagnies d’assurances. Connaissez-vous les primes d’une assurance privée pour avoir droit à tous les soins ? Connaissez-vous les exclusions, âge, antécédants médicaux, etc. Et pour une famille ? Qu’est-ce qui empêche d’investir ces sommes dans le réseau de la santé afin de l’upgrader ?
«Nous voulons quelque chose qui fonctionne à un coût raisonnable et qui soit universel. Nous voulons que toutes les options soient évaluées.»
C’est bien cette recherche de solutions aux failles du système public qui est déficiente lorsque on y oppose la réponse magique : accroissement de la part du privé. Les autres pistes de solutions : prévention, soins à domiciles, meilleur suivi des patients et maximisation des salles d’opération. Mais c’est tellement plus rentable et prestigieux d’opérer un hôpital privé. Même si ça draine des ressources enlevée au système public.
@David Lépine
Je vous ferais remarquer qu’il s’agit du Ministère de la santé et des SERVICES SOCIAUX. Les dépenses d’hospitalisation n’ont pas augmenté; ce sont les budgets alloués aux SERVICES dont je parle plus haut qui ont diminué. C’est une des pistes de solution envisagées afin de stabiliser les coûts. Ce qui n’est pas novateur pour tous ceux qui appellent de leurs voeux des «solutions novatrices». Mais efficace. Et moins coûteuse.
L’accroissement du secteur privé n’est pas une solution novatrice; elle était la seule option avant qu’on se donne un système de santé public. On a qu’à en prendre soin.
@ David Lépine, je m’excuse de réagir par segment et d’accaparer un peu trop d’espace mais il est difficile pour moi de laisser passer la remarque suivante sans réagir.
«Si les seuls cols bleus de la ville de Montréal se gardaient tout le déneigement avec aucun apport des contracteurs privés, le ville entière serait paralysée depuis le 15 décembre. »
C’est justement ce discours réducteur et cette logique marchande qui opèrent un amalgame entre besoins en santé et travaux publics que les apôtres de l’Institut économique de Montréal, avec leurs milliers de textes d’«opinions» et d’interventions «non partisanes», ont fini par implanter comme discours dominant.
C’est exactement ce discours qui ne fait plus de distinction entre ressources et personnes, intérêts collectifs et besoins individuels qui contribue à ériger un système de pensée selon lequel les intérêts d’une minorité deviennenent une priorité politique et économique. Pareil au discours sur la croissance économique qu’on nous fait miroiter comme principal facteur du partage des richesses. Sans jamais remettre en question une réforme en profondeur de la fiscalité.
Ce n’est pas la décentralisation des services de santé qui pose problème. C’est le fait de s’accaparer les infrastructures publiques, les subventions et une clientèle vulnérable en créant une pénurie dans le secteur public.
Un exemple de décentralisation exemplaire pris dans mon journal de quartier ce matin : Le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jeanne Mance annonce le maintien de sa désignation à titre de centre affilié universitaire pour les cinq prochaines années. Cette désignation lui permet de participer à la formation de professionnels du domaine de la santé et des services sociaux et à des activités de recherche sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté, en plus d’exercer les activités propres à sa mission première. Le CSSS est généralement proactif dans la recherche solutions et il a développé des formules novatrices de gestion et de pratiques de pointe. Il y a un souci évident pour que les retombées de la recherche améliorent les pratiques. À titre d’exemples, la clinique dentaire des jeunes de la rue, service inexistant auparavant, et des partenariats significatifs qui ont été développés.
Admettons que ce n’est pas tout à fait le genre de clientèle «sélectionnée» par les cliniques médicales spécialisées opérées par des médecins désengagés du système public.
Mme Proulx,
Les soins de santé sont importants, d’accord. Seriez-vous d’accord avec moi que l’alimentation est tout aussi importante pour l’être humain ? Alors, comment ce fait-il que ce secteur si important est la proie de l’entreprise privée à presque 100%. Du cultivateur au consommateur, tous les acteurs ont comme objectif de faire un profit. Pourtant, les consommateurs jouissent d’une variété, d’une qualité, d’une sécurité d’approvisionnement incontestable. Pourquoi pas étatiser ce secteur primordial pour la vie, pourquoi permettre des profits ? Probablement parce que c’est la façon la plus efficace et la plus naturelle de produire, transformer et livrer notre alimentation quotidienne. Par contre, dès qu’on parle de soins de santé, cette même logique serait défendue parce que : « ce discours qui ne fait plus de distinction entre ressources et personnes, intérêts collectifs et besoins individuels qui contribue à ériger un système de pensée selon lequel les intérêts d’une minorité deviennent une priorité politique et économique ».
Autrement dit, si la nourriture était gratuite et payée par le gouvernement, il faudrait abolir les Métro, Provigo, Saputo, les fermes familiales etc. et donner tout ça à une grosse agence centrale de l’alimentation, controlée par le ministère de l’alimentation. Car il est indécent de faire du profit sur le dos des citoyens, surtout lorsqu’il s’agit d’un besoin aussi élémentaire comme l’alimentation.
Je pense que cela a déjà été essayé en Chine et en Russie. Ça avait provoqué des famines et le système a été remplacé.
Je ne souhaite pas comparer le domaine de l’agroalimentaire sur lequel vous m’entraînez et celui des soins de santé parce que je ne m’y connais pas. Je maintiens cependant que les soins de santé ne sont pas une marchandise.
Toutefois, les grands titres des magazines et des journaux nous informent du débat en cours dans ce domaine, et qui illustre à quel point le monopole exercé par l’UPA sur l’industrie agroalimentaire ne favorise que la grande entreprise, laissant de côté les jeunes producteurs et ceux qu’intéresse le bioalimentaire. Le rapport Pronovost paru la semaine dernière propose au gouvernement que soit levé ce monopole mais le ministre de l’Agriculture répond face à la puissante UPA que ce projet ne fait par partie de ses priorités. Les contribuables et les consommateurs soutiennent déjà l’agriculture au Québhec à hauteur de 73 cents par dollar de richesse créée par cette industrie. (L’Actualité, fév.)
Ce qui fait l’objet d’inquiétudes ce n’est pas tant la décentralisation et la concurrence que pourrait exercer diverses cliniques médicales spécialisées. Le débat actuel sur les soins de santé ne consiste pas à savoir si l’existence d’une médecine privée au Québec apporte des bénéfices à certaines personnes, mais bien à l’ensemble de la société. N’est-ce pas un des mandats d’un gouvernement de voir à l’intérêt collectif. ?
De toute façon, une médecine privée existe déjà au Québec. Les dépenses se chiffrent à un peu plus de 30%. Les plus élevées de l’OCDE, devant les Etats-Unis et la Suisse. La moyenne des dépenses privées d’autres pays industrialisés, comme l’Allemagne, La France, la Suède et le Royaume-Uni, est d’environ 20%. (Une mauvaise pilule, Dr Paul Lévesque, urgentologue à Maisonneuve-Rosemont et Amir Khadir, médecin à l’hôpital Pierre-Le-Gardeur, Le Devoir, 16 février). Hé oui ! Le bon Dr Khadir … porte-parole de Québec solidaire.
Dans un système économique concurrentiel, les profits font partie des règles du marché. L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) exerce une vigilance sur l’application des normes qu’établissent et révisent les pays membres. Il en est de même pour l’Accord sur le Commerce Interne (ACI). Pour le moment les services médicaux en sont exclus au Canada, mais les négociations se poursuivent et «le 7e protocole de modification, prévoit la révision continuelle de la liste des services exclus.» Les hôpitaux privés en sont exclus, mais pour combien de temps ? Le Calgary Health Region en Alberta est allé en appel d’offres en 2006 pour des services de chirurgie orthopédiques (Revue À Babord, fév. Mars 2008). C’est pas difficile de se renseigner aux «bonnes» sources. lol
Mais surtout, présentement ce qui inquiète, c’est le rôle social que l’État cède à des entrepreneurs (médecins non participants au régime public) dans un domaine où quelqu’un doit payer. Si ce n’est pas par une équitable répartition des impôts, ce sera par une assurance privée réservée à une minorité. Et qui a les moyens de s’assurer ? Quelle clientèle pourra avoir accès à ces cliniques ? Et surtout qui voudra continuer à payer des impôts si cette personne dépense déjà des centaines sinon des milliers$ en assurances ?
Pour le moment les cliniques privées appartiennent à des cliniciens, mais imaginez le jour où elles appartiendront à des investisseurs institutionnels et que les cliniciens seront de simples employés appelés à rentabiliser l’entreprise. Les cas plus lourds seront pris en charge par les hôpitaux publics dont les ressources auront été drainées par les cliniques privées.
Le pire c’est qu’il n’existe aucune preuve scientifique que le secteur privé peut livrer de meilleurs services à meilleur coût. Au contraire même. Dans sa livraison du 7 février 2008, le New England Journal of Medecine fait état qu’une revue systématique des études des 20 dernières années comparant les hôpitaux privés aux réseaux publics des pays de l’OCDE confirme que la mise en place d’un système privé parallèle s’avère désavantageuse pour le système de santé. Le privé finit par coûter plus cher et la qualité des services diminue. (Le Devoir 16 février).