Lorsqu'il a démissionné en 1995, Jacques Parizeau lançait, comme ça, que le temps était peut-être venu au Québec pour une femme premier ministre…
Tout le monde savait qu'il parlait de Pauline Marois. Mais tout le monde savait aussi que Monsieur exprimait moins un souhait réaliste à l'époque que sa profonde méfiance de voir Lucien Bouchard lui succéder.
Cette ambition de devenir première ministre, Mme Marois l'a depuis au moins 1985. À la surprise générale, cette jeune ministre à peine sortie d'une grossesse avait terminé deuxième derrière Pierre-Marc Johnson lors de la course à la direction du PQ! Une étoile était née.
Son autobiographie Québécoise!, parue chez Fides et rédigée en collaboration avec Pierre Graveline, est en fait le récit édulcoré de cette ambition – la chose ayant été longtemps vue comme un défaut chez les politiciennes, mais non chez les politiciens…
Pressée comme il se doit de se rapprocher de son but, elle a justement choisi de faire un livre "accessible", très grand public. Avec un peu d'analyse, mais pas trop. C'est un bon "get-to-know-Pauline", et non un ouvrage de réflexion politique.
Ce genre de livre est un outil classique d'une stratégie de communication classique visant à "humaniser" une personnalité politique vue comme trop éloignée de monsieur et madame Tout-le-monde. Fatiguée d'être perçue comme la "grande bourgeoise" – l'épisode de son chalet dans Charlevoix en était le premier signe -, Mme Marois y insiste beaucoup, beaucoup sur ses racines modestes.
Le tout participe aussi de ce besoin qu'ont certains politiciens d'être "aimés" ou appréciés, incluant pour ce qu'ils sont ou font dans leur vie privée – Sarko étant la version pathologique du phénomène! Pour contrer le cynisme des citoyens envers eux, certains cherchent à montrer leur petit côté givré…
Dans le cas de Québécoise!, l'exercice n'est pas perdu. Mme Marois y démontre qu'elle est une femme de clans (couple, enfants, parents, PQ et équipes de travail); qu'elle est fidèle, travaillante et pacifique de caractère.
Les coups de poing sur la table et les gros sacres machos, c'est pas son style. Son approche est plutôt civilisée et rares sont ceux à ne pas avoir aimé travailler avec elle. Quant à ces fameux règlements de comptes qu'elle dit ne pas vouloir faire, ceux qui la connaissent savent qu'elle les fait plutôt à mesure et en privé! C'est de bonne guerre, moins brutal et efficace. Petite exception: elle s'offre le cadeau de lancer quelques flèches à Bernard Landry, son rival de toujours qui ne s'est jamais gêné pour faire de même.
Sur une note plus analytique, elle a le mérite d'admettre que la fermeture de délégations générales par saint Lucien au nom de son déficit zéro fut une erreur, "car le peu d'argent économisé ne compensa pas les dommages causés au Québec dans sa promotion à l'étranger". Quand on voit à quel point la France s'est rapprochée d'Ottawa depuis Bouchard, Mme Marois met ici le doigt sur un gros bobo.
LA FAUTE DU PEUPLE
Là où ça se gâte, c'est lorsque Mme Marois donne l'impression d'adopter la même attitude hautaine envers le "peuple" qu'ont eue certains chefs du PQ. Pour mieux se déresponsabiliser, ils ont tous fini par se voir comme des victimes de ce pauvre peuple ingrat et indigne de ses propres élites si courageuses…
Commentant la démission de Bouchard en 2001, Mme Marois dit qu'il "ne savait plus par quel bout reprendre le combat pour la souveraineté" et que l'indifférence des Québécois le décourageait. Vraiment? C'est pourtant lui qui avait mis la souveraineté de côté pour se dévouer corps et âme à son déficit zéro.
Pis encore, elle dit: "(…) chaque fois que nous demandons au peuple québécois de faire le dernier pas pour que nous soyons enfin responsables de tout, il prend peur et recule. Le Québec est ainsi fait. "Schizophrène", disait le regretté Camille Laurin (…)". AINSI FAIT? Peureux? Si la chef du PQ pense vraiment que les Québécois souffrent de faiblesse collective chronique, on comprend mieux pourquoi elle ne veut plus parler d'échéancier référendaire.
Elle se contredit pourtant lorsqu'elle affirme que le référendum de 1995 "nous avait été littéralement volé!". Alors là, il faudrait choisir. Ou les Québécois sont des peureux, ou ils se sont fait "voler" leur Oui majoritaire par les maniganceux d'Ottawa. Lequel est-ce?
Qu'à cela ne tienne, vol ou peur bleue, le choix de Mme Marois est fait: bye-bye l'échéancier référendaire et de retour aux revendications traditionnelles à l'intérieur du Canada. Pourtant, elle écrit que l'approche similaire de Pierre-Marc Johnson ne lui avait inspiré "aucune envie de me battre". Comme l'histoire aime parfois se répéter, c'est précisément cette même réaction qu'ont eue VLB et plusieurs péquistes déçus face à sa conversation nationale sans horizon défini.
L'ironie finale est dans ce passage. Parlant de l'élection de 1994, elle se rappelle avec émotion que le programme du PQ étant "clairement établi et centré sur le projet souverainiste". Et d'ajouter qu'elle était "remplie d'adrénaline et farouchement déterminée: notre parti allait reprendre le pouvoir et réaliser enfin la souveraineté". C'est fou, l'effet mobilisateur que peut avoir un objectif clair.
Autres temps, autres mours, autres ambitions…
Madame Marois a raison, les Québécois, plus encore ceux de la région de Québec, sont peureux et mous et malheureusement, ne méritent pas d’avoir un pays bien à eux. Ils ne méritent pas plus d’avoir les avantages d’une capitale et c’est la raison pour laquelle les politiciens de la région de Montréal ne les respectent pas et réussissent à drainer certains événements politiques comme les visites des grands de ce monde vers la métropole.
Quel malheur!!!!
C’est les 2 Mme Legault.
Les peureux de Québécois se sont fait voler le référendum de 1995 même s’il suggérait une union économique et politique avec le ROC, ce qui était un adoucissement à une indépendance pure ou la demande de négocier une entente seulement économique en 1980. Les Québécois n’ont pas voulu ni maman non plus.
La peur du boycott économique du ROC et des États-Unis, leur grand ami, la monnaie « dollar canadien ou piastre québécoise », le danger réel de partition du Québec et le fait de ne plus être canadiens « d’un océan à l’autre » en ont découragé plusieurs.
Un parti indépendantiste est en danger quand il désire gouverner un certain temps le Québec pendant qu’il est encore une partie du Canada, comme province. S’il réussit à améliorer sa situation, on dira : Pas nécessaire de risquer de changer nos affaires constitutionnelles actuelles qui ont permit ces belles choses là. S’il échoue, on dira : Même pas capable de gouverner une province, qu’est-ce que ça serait si c’était un pays indépendant. C’est looser-looser mais, un parti politique est fait pour prendre le pouvoir même en risquant ce qui précède. Peut-être est-ce le bon chemin vers une plus grande souveraineté pour le Québec.
Quand un parti se donne un ou une chef, faut lui faire confiance jusqu’à preuve du contraire et ne pas trop chicaner, ce qui est la marque des membres du PQ qui passent leut temps à critiquer tous leurs chefs, l’un après l’autre comme une histoire sans fin « a never ending story ».
Et si c’était les péquistes qui sont les vrais peureux. De peur de perdre le référendum, il nous ont fait toutes sortes de promesses quasi incroyables, genre garantir le passeport, l’armée et la devise canadienne, garantir des emplois dans la fonction publique québécoise à tous les fonctionnaires fédéraux de Gatineau, garantir les frontières actuelles etc…Toute des choses qu’ils ne pouvaient aucunement garantir dans une négo sur la sécession , ils le savaient et les Québécois le savaient.
Ils se sont mis le doigt dans l’oeil car si nous voulions toutes ces garanties qu’ils nous promettaient, il suffisait de voter non. Et c’est ce qui est arrivé.
Déclarer après coup que le référendum nous a été volé est une façon de sauver la face. Remettre le référendum indéfiniment ne fait qu’envoyer le message que dans le fond l’indépendance est beaucoup moins désirable que le pouvoir, ce qui n’augure rien de bon pour le mouvement.
Ce qui est étonnant c’est la couverture médiatique de cette dame qui s’accommode très bien du système actuel, elle a fait un chemin remarquable, de moyens modestes à châtelaine et chef de parti aspirante PM. Elle n’a pas eu besoin de l’indépendance ni d’apprendre l’anglais pour réussir sa carrière, ni son mari pour faire fortune.
Aujourd’hui elle veut nous faire croire qu’elle croit tellement à son projet d’indépendance, qu’elle préfère mieux réussir son ambition de devenir PM. C’est légitime pour elle, mais c’est tout aussi légitime pour les Québécois de ne plus croire en sa foi inébranlable.
Madame Legault la réalité vous l’avez devant vous présentement. Qui fait l’unanimité au Québec ou presque: le Canadien en séries. Quel est le premier parti au Québec niveau fédéral comme provincial? Le Canadien!
Le propos n’est pas si moqueur, il tient la route. Un sondage sur la popularité des partis sort dans Le Devoir pendant les séries de hockey, le résultat, le Bloc est apparemment à peine plus populaire que les conservateurs, les libéraux de Charest se rapprochent de leur pourcentage de voix de 2003 pendant que le parti de P.Marois est au mieux stable en terme d’appuis.
Considérant les circonstances de la situation linguistique à Montréal, de notre petite gouvernance au jour le jour. Il y a ici possibilité d’une réélection libérale ou conservatrice majoritaire. Je ne dis pas que c’est absolument probable. Je crois que c’est possible tant l’apolitisme est dans l’air.
Il faut moduler, équilibrer ses critiques envers le PQ et le Bloc car conservateurs et libéraux provinciaux nous dirigent soit vers la corruption, le complexe militaro-industriel ou autrement vers le laisser faire sur l’avenir du français et la mise a mort de notre identité québécoise.
La critique des grands partis souverainistes ne doit pas encourager non plus la politique du pire entretenue par les Dion, Coderre, Bernier, Cannon ou Charest et sa petite équipe de sous ministres à la Catherine Saint Pierre.
Madame Marois a établi une politique de citoyenneté québécoise pendant que les orientations politiques et économiques de son parti sont encore floues. C’est insatisfaisant parce que non suffisant mais c’est déjà plus que la coquille vide de l’ADQ qui d’après le même sondage cité plus haut s’effondrerait pour longtemps en terme d’alternative de pouvoir.
La souveraineté est en difficulté pas seulement à cause de la « qualité » du leadership politique mais aussi à cause de la voie référendaire qui s’est révélée par les tricheries du camp fédéraliste le moyen inadéquat pour faire du Québec un pays. Éventuellement, il faudra peut être deux partis souverainistes au Québec qui à travers un scrutin proportionnel mixte pourraient former une coalition qui par l’addition de leurs suffrages dans une élection pourraient procurer les clés pour la réalisation de l’indépendance sans référendum.
Bref, par l’ensemble des points retenus, la complexité existe aussi en politique. Avec le climat de conformisme politique qui existe dans notre « civilisation » du spectacle en Occident, on n’est pas sortis du bois!
– « Le Canadien mène 10 à zéro ce soir contre les Flyers » et demain matin nous nous réveillerons avec la gueule de bois du quotidien de notre petit Québec.
Amen!
Une femme chef de parti, c’est bien. Une femme Premier ministre, c’est mieux. Surtout quand cette femme a fait ses preuves dans moult domaines.
Comme Pauline Marois a reçu une bonne éducation, il est normal qu’elle s’exprime mieux que le commun du mortel. Les gros mots, elle les laisse aux gens grossiers, de moindre éducation. Quand on a du vocabulaire, on ne jure pas, prétendent certains. On utilise les vrais termes. Toujours les mots justes. C’est ce que fait Madame Marois. Même quand elle se fâche, elle garde le contrôle de sa langue. Contrôler lui va bien.
Changer d’idée aussi, lui va bien. On pourrait la surnommer la nouvelle girouette de l’Assemblée nationale. Celle qui voulait que l’Histoire soit enseignée en anglais dans les écoles ( c’était au temps où Madame prenait des cours d’anglais pour ne plus être la risée des bilingues ) s’attaque aujourd’hui au laxisme de l’application la Loi 101, loi qu’elle veut reformuler et non rafistoler. La dame exige maintenent que le français soit plus «accesssible et obligatoire» pour les nouveaux arrivants. Qui ne serait pas d’accord avec cette recommandation ? Elle est normale et légitime.
De l’ambition, il en faut pour soi et pour son pays. Même si notre future ( ? ) Premier ministre a balayé sous le tapis l’option référendum, elle parle au non de ce pays. Même si elle le fait dans un beau langage, avec une belle langue française et sans juron…