Stephen Harper ne le sait pas, mais ne touche pas aux subventions à la culture qui veut. Et avec raison. Le Canada n'est qu'un petit marché dans les faits. Sans l'argent des contribuables, de nombreuses créations ne verraient jamais le jour.
Première prise: son projet de loi décrié visant à ne pas subventionner les films allant à l'encontre de l'"ordre public". Deuxième prise: l'abolition prochaine d'un programme de 4,7 millions de dollars permettant à des artistes de se produire à l'étranger, si Ottawa les juge trop "radicaux" ou "marginaux". Des grenailles pour le budget fédéral, mais des sommes vitales pour les artistes.
Les artistes ne sont toutefois pas les seuls à être pointés dans ce programme par les nouveaux puritains d'Ottawa. Ce qui serait déjà inacceptable. Il y a aussi des intellectuels. Et là, c'est carrément à la liberté de pensée et à son expression publique que les conservateurs s'attaquent. C'est que le gouvernement Harper aurait été traumatisé d'apprendre que de l'argent public soit allé, entre autres "radicaux", à Avi Lewis. Attention: ce "cas" braque les projecteurs sur tout ce qui horripile ces conservateurs.
Pour eux, Lewis, ainsi que tout ce qui grouille et scribouille "à gauche", est une aberration intellectuelle. Marié à l'auteure Naomi Klein et petit-fils d'un ancien chef du NPD, Lewis est surtout un des meilleurs analystes et communicateurs progressistes du Canada anglais. Gros problème. Pour lui.
Disons-le crûment: on ne saurait donner une définition plus précise de la censure que de priver un artiste ou un intellectuel d'argent public pour la seule raison que ce qu'il exprime ne s'inscrit pas dans la pensée du gouvernement du jour, quel qu'il soit. Ce serait attacher la culture et la pensée à une vision, et non à une autre. C'est en cela que ce genre de compressions constitue un puissant signal d'alarme. Et c'est pour cela que leur caractère grossièrement idéologique est dénoncé. Si Harper fait ce qu'il fait en étant minoritaire, dur de l'imaginer avec une majorité…
Mais il n'y a pas que de l'"idéologie" dans cette soupe indigeste. On y voit aussi une nouvelle preuve que Harper, le "stratège brillant", perd de plus en plus son aplomb stratégique. En fait, depuis qu'il a laissé tomber Brian Mulroney comme un sac de patates pourries dès que Karlheinz Schreiber s'est pointé, le PM semble déstabilisé et il accumule les bourdes. Comme Paul Martin l'avait fait pour Jean Chrétien avec ses commandites, en jouant à Ponce Pilate face à un prédécesseur encore très influent, Harper a montré que sa réputation de grand stratège était peut-être surfaite.
Ce qui nous ramène à la censure et aux compressions. Vue froidement et de manière strictement analytique, l'erreur fut d'y procéder alors que les sondages ne donnent toujours pas aux conservateurs l'espoir de former une majorité. L'impatience est une faiblesse. À l'aube d'une campagne électorale, Harper offre ainsi un cadeau en or aux libéraux de Stéphane Dion. Il confirme une fois de plus que le PC est dominé par son aile "réformiste" de l'Ouest canadien, qu'il souffre par conséquent d'un important biais idéologique néo-conservateur et que ce biais serait impossible à contenir s'il obtenait une majorité.
Harper risque gros en méprisant également son adversaire principal. Car s'il veut en découdre au plus vite, c'est qu'il croit Dion incapable de gagner des élections générales. Le PM exprime aussi ouvertement son mépris pour le Parlement. Traitant les comités parlementaires de "cirques", alors que son bureau a tout fait pour en déstabiliser le fonctionnement, le PM en vient à faire passer les députés, dont les siens, pour des clowns. Et la démocratie, pour une farce. Autre bourde: cette histoire de "in and out", où le PC aurait fait transférer des fonds électoraux locaux dans sa caisse nationale, fait perdre à Harper son air de Monsieur Net face aux libéraux autrefois pris dans la jarre à biscuits des commandites. Avec un bilan faiblard en environnement et une politique étrangère hautement critiquée, c'est à se demander où peut bien se cacher le grand stratège du 24 Sussex Drive?
SECRETS DE POLICHINELLE
Le 21 juin, sur mon blogue, j'écrivais que Philippe Couillard serait sûrement récompensé pour avoir accéléré l'ouverture au privé du système de santé. C'est chose faite. Il se joint à Persistence Capital Partners (PCP), le premier fonds d'investissement privé en santé au Canada.
Deux petits mois après être sorti de cinq années d'accès à des informations privilégiées comme ministre de la Santé, le tout dégage un parfum de conflit d'intérêts. Et comme PCP est une société en commandites, Le Devoir rapporte qu'on ne peut savoir qui sont ses investisseurs, ni si le Dr Couillard y est salarié, actionnaire ou contractuel.
Notons tout de même qu'il se joint à PCP aux côtés du Dr Sheldon Elman et de son fils Stuart, fondateurs de Medisys. Medisys est une méga entreprise privée de soins de santé fondée en 1987, dont les services sont achetés à travers le Canada autant par des corporations, que par des particuliers, des gouvernements et des compagnies privées d'assurance. Philippe Couillard atterrit donc confortablement dans d'épais coussins de velours. Et il le fait en demeurant dans la filière libérale. L'ancien sénateur Leo Kolber – collecteur de fonds émérite pour le PLC – était du conseil d'administration de Medisys. En 2004, on rapportait même que Sheldon Elman était le médecin personnel de Paul Martin.
Membre du prestigieux C.D. Howe Institute, le réputé Dr Elman siège aussi au C.A. du Centre d'entreprises et d'innovation de Montréal (CEIM) aux côtés d'Hélène Desmarais de la famille Desmarais. Laurent Beaudoin, de Bombardier, André Caillé et Paul Desmarais Jr y siègent au conseil des gouverneurs. (CEIM favorise la création de compagnies, entre autres, dans le secteur des "sciences de la vie".)
Bref, même si le destin l'aura empêché de remplacer Jean Charest, Philippe Couillard part maintenant fort bien équipé pour se tailler une fort jolie place au sein du pouvoir politico-financier canadien.
« on rapportait même que Sheldon Elman était le médecin personnel de Paul Martin »- J. Legault
Cheap shot si jamais il y en avait une! Tenez-vous dont aux arguments de fond svp. Vous qui avez été près du pouvoir à Québec, allez-vous nous dire que vous n’avez jamais utilisé vos contacts pour faire avancer votre carrière ?
C’est toujours le même refrain: le privé ne peut faire aucun bien au public. La recherche du profit serait incompatible avec la livraison de soins de santé. Pourquoi?
Si c’est bon pour la santé, ce devrait être bon pour d’autres activités essentielles à l’être humain. Alors comment pouvons nous accepter que le domaine de l’alimentation, vital pour l’être humain, soit entièrement entre les mains d’entreprises privées? Depuis l’agriculteur jusqu’au transformateur, en passant par l’épicier et le restaurateur, toute une industrie entièrement dans les mains du privé. Pourtant la recherche du profit a eu comme conséquence de nous fournir un choix et des coût incomparables, résultats qu’aucune économie planifiée n’ait jamais pu égaler.
C’est désolant d’entendre le déchirage de chemises et cela laisse croire que la vraie crainte d’une privatisation, même minimale, serait le remplacement de postes syndiqués par des postes non syndiqués. À ce que je sache, le taux de syndicalisation n’a aucun lien avec l’efficacité. Ça sent le corporatisme à plein nez. On n’a qu’à écouter la publicité payée par les syndicats pour s’en rendre compte.
Avoir le choix entre le guerrier ignare Harper et le hautain déconnecté et haïssable Dion est comme avoir le choix entre la chaise électrique et la pendaison.
Il nous reste le NPD, si on est fédéraliste et le Bloc, si on est souverainiste.Ces partis ne peuvent pas prendre le pouvoir, en principe, mais peuvent modérer ces 2 dangers là : Libéraux commandités et Cobnservateurs, admirateurs de W. Bush.
»La jarre à biscuits » : magnifique, j’ai beaucoup aimé votre analogie.
Quant à l’institut parlementaire d’ici ça semble être devenu avec le temps la plus belle plate-forme de lancement de carrières post-litiques lucratives. On y vient comme ministre pour les labours et on quitte pour aller récupérer la récolte, le plus naturellement du monde. C’est normal? Ouais bien sûr que c’est normal.
L’ anormalité devient normale à force de répétitions d’un même scénario dans une société. La normalité cultivée au Québec c’est quelque chose de relatif, selon le degré de décadence enrobant de l’univers qui nous entoure. C’est je crois, la cécité graduelle du coeur, eh donc l’extermination progressive.
Il y a de quoi s’indigner chaque fois que le gouvernement s’attaque à une industrie, car il y a plein de gens qui souffrent de cette situation. Quand des travailleurs du textile sont mis à pied, ils n’ont plus les moyens d’aller aussi souvent chez le coiffeur, au restaurant, etc. Les gens qui travaillent pour eux (magasins de vêtements, designers, distributeurs, etc.) ont aussi moins de contrats et eux aussi fréquentent moins les autres commerces. Il y a également des événements-mode humanitaires qui en subissent des contrecoups, comme par exemple ceux qui sont organisés au Palais des Congrès pour venir en aide à l’organisme Farha. Il y a aussi moins de gens qui vont partir en affaires dans ces secteurs et se contenter d’aller travailler pour d’autres au lieu de créer des emplois. Donc, ça ne touche pas un seul secteur. C’est pareil pour les artistes. Il y aura toujours des gens qui applaudissent de telles coupures sous le prétexte fallacieux et mensonger que les artistes sont inutiles, sans se rendre compte que ça touche toute la société en bout de ligne. Moins de contrats, moins d’impôts payés, plus de pauvreté, plus de maladie et ainsi de suite. Et je n’ose imaginer le nombre de dépressions qu’il y aurait chez les gens ordinaires si la majorité des artistes décidait de ne plus exercer le métier. La vie serait ennuyante pas à peu près !
Josée Verner avait annoncé de nouveaux programmes pour remplacer ceux qui ont été abolis. J’espère que ce ne sera pas un nouveau rapport Malouf. Ou qu’elle ne se dépêchera pas de concocter des programmes à la va-vite avec ses fonctionnaires parce qu’elle a été prise au dépourvu par le tollé.
Philistins : l’entourage de M. Harper. Formule lapidaire qui résume une situation complexe.
La santé.
Qui trop embrasse mal étreint. Dès l’origine, le système de la santé canadien a été mal conçu. Il couvre tout, donc trop. On a voulu bien faire, mais on en mis en place un système voué à l’échec par ses ambitions. Généreuses mais non pratiques. La Saskatchewan avait été plus modestes dans ses ambitions et son système rendait service à la société. Les Libéraux fédéraux ont dit » Au diable les dépenses « , c’est ce que les gens attendent de nous, c’est ce que nous leur donnerons.
Les chinois ont un proverbe qui dit : Prends bien garde à ce que tu désires, tu risques de l’obtenir. C’est exactement ce que nous avons obtenu, un éléphant blanc. Et un éléphant blanc, ça ruine son propriétaire.
Il faut revoir notre approche de ce système et adopter une façon de faire qui soit à la mesure de nos moyens, pas de nos besoins.
Oui M. Couillard est sujet à caution dans cette ténébreuse affaire. Il y a des coïncidences qui méritent l’analyse profonde du publique. Il ya apparence d’injustice, voir même de corruption.
Creusons l’affaire.
Sous le gouvernement Harper , en tant qu’auteure Québécoise, si je veux croûter et nourrir mes ados, je suis cuite et je n’ai qu’à lâcher le clavier ou encore retourner dans mon pays d’origine où c’est une autre genre de jungle, de plus en plus redoutable (la France de Sarkozy). La diversité culturelle au Canada : un mythe cousu de fil rouge!
Pauvre de moi, même mon autre métier, celui d’ Herboriste-thérapeute, est en train de se faire radier par les pharmaceutiques qui vont la récupérer à leur profit car les plantes en capsule c’est payant , quand c’est enregistré comme une drogue, même si on n’y croit pas vraiment. ..
Triste de voir aussi que même les Bloquistes se sont jusqu’à présent raliés aux Conservateurs pour appuyer le bill C 51, soi-disant pour protéger les citoyens des empoisonneurs et des charlatans.
Pourtant, bon an mal an, il y a au Canada 30 000 morts dus aux maladies iatrogènes contre zéro décès relié aux traitements aux plantes, vieux comme l’humanité et gratuits ou presque…Les médicaments, les machines et ceux qui savent les manier c’est bien plus payant même si j’admets que ça sauve des vies…Tout de même , c’est inquiétant de voir comment cette industrie montante de la maladie fait saliver nos déjà plus nantis. Comme le rappelle cette chère Josée dans son dernier texte, il a bien manoeuvré , ce monsieur Couillard et ses potes, comme ce membre du prestigieux C.D. Howe Institute, le réputé Dr Elman siège aussi au C.A. du Centre d’entreprises et d’innovation de Montréal (CEIM) aux côtés d’Hélène Desmarais de la famille Desmarais. Laurent Beaudoin, de Bombardier, André Caillé et Paul Desmarais Jr y siègent au conseil des gouverneurs.Ouf ! Tout un casting!
J’aime mieux pour ma part, croire en une justice immanente, au-delà celle de la mort-laminoir auquel nul n’échappera.
De toute façon, la plupart des vieux finissent tous à l’hosto, gelés sous morphine (mais taboue dans des piqueries, même si les hépatites et le sida augmentent en flèche puisqu’il faut bien écouler l’héro afghane, illégalement très payante…)
Sinon, pour les vernis, malgré des soins de longue durée de luxe ou pas, je suis de ceux qui croient que : « Chacun un jour, sera mesuré avec la mesure dont il se sera servi! », dixit le Galiléen en sandales, pourtant soi-disant aussi le guru d’Harper, à n’y rien comprendre!!!
Sans l’argent des contribuables, de nombreuses «choses» ne verraient jamais le jour…
Quand il est question de l’argent des contribuables, la culture n’est pas différente de la santé, de l’éducation, de la réfection des routes ou même de la guerre en Absurdistan.
Pas d’argent, pas de dépenses !!!
Stephen Harper ne peut décider de tout, quand il veut, comme il veut… Il ne peut couper ici et là juste parce qu’il préfère utiliser l’argent pour autre chose, parce qu’il préfère baisser la TPS et/ou les impôts. Mais il a le pouvoir de faire un certain nombre de choix, puisque c’est lui le Premier ministre élu, le chef du gouvernement canadien !!!
Pour faire une histoire courte, Stephen Harper prend les décisions qui peuvent lui permettre de garder le pouvoir, de gagner les élections.
Si une majorité de citoyens votent pour les Conservateurs, c’est peut-être parce que la censure ne fait pas peur à la majorité des citoyens ??? Peut-être que les citoyens ont d’autres priorités et que les artistes comme les intellectuels ne sont pas au cœur du quotidien des citoyens ???
Pourquoi est-ce que ça devrait me poser un problème qu’un artiste ne soit pas subventionné, ne puisse voyager à l’extérieur du pays, ne puisse dire ou faire ce qu’il veut comme il veut quand il veut ??? Parce que la censure est injuste, parce qu’elle n’est pas objective ? Parce que je préfère vivre dans un pays où tout le monde est libre ??? Moi je préfère choisir mes combats !!!
Jack Layton est la raison pour laquelle j’ai voté NPD lors de la dernière élection fédérale. Je dois dire que je ne regrette pas mon choix malgré l’incapacité du NPD a renverser les conservateurs sans donner le pouvoir aux Libéraux… Je ne peux donner mon accord aux efforts de guerre en Absurdistan (personne ne m’a encore convaincu du bien fondé de la mission canadienne là-bas, personne ne m’a encore convaincu que les Talibans peuvent être «battus»).
Voter Stéphane Dion ? Plutôt mourir !!!
Voter Bloc Québecois ? Depuis que je n’ai pas renouvelé ma carte de membre, j’ai cessé de voter pour ce parti… Si le parti veut rendre service aux Québecois, il y a deux options : 1- devenir un parti provincial et faire disparaître le PQ à jamais. 2- fusionner avec le NPD (même si le NPD est un ennemi fédéraliste, le NPD participe à la lutte contre la privatisation des soins de santé).
A bien y penser, la santé c’est plus important que les commandites !
L’Institut économique de Montréal (IEDM) qui prône l’absence d’intervention de l’État dans presque tous les domaines concernant les politiques publiques au Québec et au Canada (Institut Fraser) bénéficie d’un numéro d’organisme de charité émis par Revenu Canada. Cet enregistrement lui permet de recevoir des dons qui permettront par la suite aux donateurs d’obtenir d’importants dégrèvement d’impôts.
Son action, soit-disant «une contribution à l’éducation économique des Québécois», est donc subventionnée par nos impôts. Les thèses idéologiques de ce laboratoire de la pensée néolibérale dont fait partie l’élite de la haute finance sont véhiculées par les médias en dépit d’une règle que l’organisme de droite ne respecte pas. L’IEDM est un puissant moteur influençant les orientations politiques gouvernementales sous couvert «d’œuvre éducative».
Qui sont ces généreux donateurs dont la liste est en partie gardée secrète ? Les plus importants sont connus puisqu’ils occupent des postes d’administrateurs de l’Institut. Parmi les plus connus : Hélène Desmarais (de la famille de Power Corporation); Léon Courville, de la BNC; Marcel Dutil, Canam; Donald D. Johnston, ancien président du Conseil du Trésor; Bernard Lord, ex-premier ministre du N.-B; Jeremy Reitman de Reitmans Canada. En 2006, l’organisme est allé chercher pour plus 1,2 million$ en dons d’individus, d’entreprises, et de fondations. (Source À bàbord ! #21, oct. Nov. 2007) Des gens d’affaires aguerris qui se font passer pour des philanthropes et qui façonnent l’opinion publique. Que vous êtes une des rares, madame Legault, à dénoncer publiquement.
Pourtant, les organismes qui détiennent de tels numéros «d’organisme de charité» s’engagent à ne pas tenter d’influencer l’opinion publique ou d’obtenir la modification d’une loi ou d’une politique. Or dans son dernier rapport annuel (2006), l’IEDM déclare avoir publié plus 130 textes d’opinion. Nathalie Elgrably continue de tenir sa chronique dans le Journal de Montréal et de Québec. Par le biais de divers chroniqueurs l’IEDM assure une présence régulière dans les quotidiens tels le National Post. L’IEDM a présenté des mémoires aux élus. Sur quel sujet ? Entre autre, «Pour une réelle ouverture de l’assurance-maladie privée au Québec». Des rencontres entre l’IEDM, l’ADQ ou le PLQ ont lieu sur une base régulière admet l’ancien directeur de l’Institut.
La table était donc mise pour la création de cliniques médicales spécialisées. Philippe Couillard pourra en faire profiter ses amis des différents lobbies de la santé, la Loi Chaouilli sur les assurances privées, tant vantée par l’IEDM, lui ayant ouvert la porte. Graduellement, à l’aide de chiffres et des données incomplètes, on a réussi à faire croire à la population que notre système de santé est en faillite. Ce qui n’est pas prouvé. Et que seul le privé pourrait le sauver. Ce qui est encore moins prouvé.
Dans son commentaire, David Lépine reprend l’argument que «ce qui est bon pour le domaine de l’alimentation (la recherche du profit) devrait aussi être profitable au domaine de la santé». Selon lui, la recherche du profit a créé une plus grande diversité de choix à des coûts inégalés. Comment affirmer une telle ineptie, alors que des émeutes de la faim ont cours, que les prix augmentent de 30% et que les spéculateurs adoptent ce marché des produits de base en bourse parce que tous les autres marchés ont piqué du nez ? Des coûts inégalés au détriment d’une crise alimentaire mondiale et de la disparition de fermes familiales au profit d’une dizaine de conglomérats qui font la loi. N’en déplaise à son postulat, l’agriculture dépend aussi de subventions. L’OCDE paye chaque année à ses agriculteurs 350 milliards$ au détriment des cultures vivrières des pays en développement. Rien qu’au Québec, les contribuables et les consommateurs versent 2.6 milliards $ (2006) en soutien financier à l’agriculture du Québec : 73 cents par dollar de richesse créée. (L’Actualité, Février 2008).
Et on critique les politiques sociales de gauche.
Un autre effet pervers des think tanks de droite comme l’IEDM et l’Institut Fraser et son produit dérivé, Stephen Harper, un pasteur fondamentaliste déguisé en politicien sans vision ni envergure, un autre effet pervers est la croyance de plus en plus répandue que l’homme est une petite parcelle d’un marché mondialement et globalement soumis à des intérêts privés. Avec le gouvernement Harper on pousse le bouchon plus loin. On nous dit que tout ce qui permet à l’individu de ne pas être un robot manipulé par ceux qui spéculent sur la santé et tous les biens et services essentiels devront à l’avenir se passer de subventions. 40 millions $ de coupures dans les programmes touchant la création, la production et la diffusion de la culture. Au Canada, sans subventions, la culture n’existe pas. Et on a peur de la gauche ! Soyons donc rassurés, la rumeur court que ce montant d’argent est équivalent aux dépenses encourues pour le parcours de la flamme olympique vers Vancouver en 2010. La ministre Josée Verner sortira-t-elle de son mutisme pour affronter l’opposition qui se met en place ?
Sans compter, monsieur Lépine, que l’agrobusiness est en train de détruire la biodiversité en exigeant que les fermiers se spécialisent dans des monocultures exportables. De «booster» la croissance des volailles et du bétail aux hormones de croissance et aux antibiotiques. À ce compte, c’est toute la chaîne alimentaire qui est menacée.
Andrée Proulx
Votre texte fut très intéressant et éclairant. Il fait partie des textes qui mettent de la lumière dans la partie obscure de la grande supercherie. Merci.
@ Mme Proulx,
On parle ici du système québécois de santé, je le compare avec le secteur alimentaire québécois et non celui du tiers monde.
« Comment affirmer une telle ineptie, alors que des émeutes de la faim ont cours, » A Proulx
Pouvez-vous nous décrire la dernière émeute de la faim au Québec ? Vous brandissez des épouvantails pour dépeindre tout le secteur privé comme un ennemi naturel de l’être humain et après vous nous accusez de critiquer les politiques sociales de la gauche comment étant irréalistes et déconnectés. QED
David Lépine attend de voir des hordes affamées et loqueteuses déferler dans le centre-ville de Montréal pour réaliser qu’il y a une crise alimentaire mondiale qui rejoint, à des degrés divers et progressivement, l’ensemble des consommateurs. Que des émeutes de la faim se soient produites dans une quarantaine de pays sur 3 continents ne le touche pas.
C’est moi et la gauche, pour faire peur au monde, qui inventons la maladie de la vache folle, la fièvre aphteuse, la grippe aviaire, la prolifération des OGM.
Qu’avec l’avènement de la globalisation des marchés et la mondialisation des échanges commerciaux, les produits agricoles soient devenus des biens commerciaux comme les autres, soumis aux impératifs de la compétitivité et de la libre concurrence à l’échelle planétaire, ne le scandalise pas. Que le fermier de l’Ouest canadien soit en compétition avec le paysan du Mali ne le fait pas mourir de faim. La disparition de plus de la moitié des fermes familiales et la prolifération des monocultures au Québec au profit de l’industrie ne l’inquiète pas. Ce n’est pourtant pas le son de cloche des représentants de l’Union paysanne ni de l’UPA.
Que 770 rapports aient été soumis à la Commission Pronovost sur l’agriculture ne dévoile pas un malaise. Que des agriculteurs déversent leurs surplus sur les routes du Québec parce qu’ils ne peuvent plus défendre leur marché contre l’invasion des denrées alimentaires en provenance des Etats-Unis et de la Chine ne le préoccupe pas. La conquête de nouveaux marchés aux dépends de la souveraineté alimentaire des pays émergents serait un phénomène isolé. Sans conséquence sur le reste de la planète.
La liste des effets de cette forme d’agriculture industrielle concentrée entre quelques oligopoles est pourtant longue : contamination des aliments par les pesticides, les antibiotiques, les hormones de croissance et les OGM dont on nourrit les animaux; érosion et épuisement des sols; pollution des cours d’eau, des lacs et des nappes phréatiques; dilapidation des nappes phréatiques par une irrigation intensive; déforestation; prolifération des OGM (Dictionnaire critique de la globalisation; les mots du pouvoir, le pouvoir des mots. Jacques B. Gélinas., Ed. Écosociété).
Des effets collatéraux insignifiants amplifiés par la gauche. Une petite infusion de listériose avec ça ?
Le discours économique qui annonce la privatisation du système de santé comme la solution pour un accès rapide aux soins est du même ordre idéologique que celui qui promettait la réduction des coûts de l’alimentation pour les familles : un miroir aux alouettes.
«La marchandisation des soins de santé ne profitera qu’à une infime partie de la population. Le nombre et la diversité des interventions chirurgicales qui peuvent se faire sans anesthésie et sans hospitalisation est le marché le plus convoité par le privé, selon François Béland, professeur en administration de la santé à l’U.de M. En fait, les maladies des gens ordinaires ne sont pas rentables et la très grande majorité des enjeux de santé ne le sont pas et devront être pris en charge par les systèmes publics» déclare le docteur Simon Turcotte, président de l’Association médicale du Canada. (Le Devoir, 23 août 2008).
Je me rends à vos arguments. nationalisons tout, le privé ne peut qu’asservir les pôvres et mettre en esclavage les petites gens , toujours au profit des milliardaires. À bas le capitalisme, vive la révolution!
Il me semble que cela a déjà été essayé, cela s’appelait la dictature du prolétariat, ça se gavait de matérialisme dialectique et cela a donné des résultats bien tristes: les sociétés les plus pauvres, les plus polluées et les plus contôlantes de l’histoire de l’humanité. Staline, Mao, Hoeneker ne voulait que du bien pour le petit monde et tous étaient égaux. Certains sont m^me devenus plus égaux que les autres.
Vous me faites bien rire avec votre prosélytisme. Je n’ai jamais , mais jamais prôné la privatisation du système de santé. Ce que je dis c’est qu’il ne faut pas rejeter du revers de la main, et pour des motifs bien idéologiques en plus, la possibilité de privatiser la livraison de certains soins et services. Pour ce grand crime, je serais condamné aux yeux de la gauche à une alliance sournoise avec l’institut de ceci et la famille de cela.
Ce que Mme Proulx néglige dans son argumentaire idéologique c’est le financement. Quand la santé s’accaparera de 80% du budget du Québec, qui va payer? Comment allons nous comme société supporter les autres services essentiels gouvernementaux? Je sais déjà une partie de sa réponse: en taxant davantage les riches, réponse facile s’il y en avait une.
Au Québec et au Canada, le privé occupe la plus petite place dans la santé parmi tous les pays industrialisés avec lesquels nous nous comparons (j’exclue les USA). En France, par exemple, le système de santé est reconnu comme étant un des meilleurs au monde. Pourtant, le privé y occupe une place beaucoup plus importante qu’ici. Mais, selon la gauche québécoise, laisser une place au privé ici serait le début de la fin de notre régime public. Quand on manque d’arguments cohérents on brandit l’épouvantail.
Évidemment la maladie de la vache folle serait impossible dans un régime socialiste. Est-ce que les paysans du Québec réclame la nationalisation de l’agriculture pour enrayer le malaise ? Est-ce que l’industrie fromagère artisanale qui s’est développée ici aurait été possible sous un régime d’état? Un autre mirroir aux alouettes, une oligopole en devenir ?
En résumé, ce que la gauche prêche c’est que la recherche du bien-être individuel serait incompatible avec le bien- être collectif. L’histoire humaine prouve exactement le contraire.
Qui parle de révolution ? Nous avions déjà un système de santé envié à travers le monde. Il s’agirait de le réorganiser. «Les progrès et les formes les plus efficaces de la médecin actuelle, on peut choisir collectivement de les intégrer au public. Ça va prendre plus de temps parce qu’il faut changer les façons de faire, la culture, les infrastructures et l’organisation du travail», affirme le Dr Trucotte de l’AMC. «Et c’est possible», ajoute-t-il. (Le Devoir, 23 août 2008, Les limites du privé en santé).
Je n’ai pas de position idéologique, pas plus que vous sans doute, quoique je me demande si vous êtes de mauvaise foi ou si vous vous amusez. Mais je tente de décoder entre les lignes du discours dominant (parce qu’il y en a un, et qu’il est à la solde du milieu financier soutenu par des politiques complaisantes à son endroit). Je m’informe à droite et à gauche. Je ne reprendrai pas les arguments des défenseurs du système de santé public ainsi que les promoteurs du recours au privé.
«Ce que Mme Proulx néglige dans son argumentaire idéologique c’est le financement. Quand la santé s’accaparera de 80% du budget du Québec, qui va payer?»
L’argument économique, celui qui vous tient à cœur, n’est pas prouvé. Il n’y aurait pas eu d’augmentation «insoutenable» des frais de santé comme veulent bien le laisser croire ceux qui plaident en faveur des cliniques médicales spécialisées. Le calcul des frais payés par le contribuable, selon le pourcentage de 80% (ce chiffre qui veut faire peur) ne tient pas compte de certaines ressources financières provenant d’organismes, d’agences et des bénéficiaires eux-mêmes qui ne sont pas comptabilisés par le Ministère de la santé et des services sociaux dans son budget de fonctionnement. Une somme équivalent à 22 billions$.
Les dépenses en santé n’ont augmenté que de 2% entre 1970 et 2008. On est loin de la tragédie annoncée. L’augmentation des coûts depuis 1992 est proportionnelle à la croissance économique. Ce sont les dépenses pharmaceutiques qui sont passées de 9,5% à 16,8% de 1985 à 2008, toutes sources de financement confondues, soit gouvernementales, publiques, privées et personnelles.
En faisant croire à la catastrophe financière, les promoteurs d’une plus grande participation du privé dans les soins de santé donnent un portrait biaisé de la situation. Faites quelques recherches au lieu de croire tout ce qui est véhiculé par l’Institut économique de Montréal et les médecins qui veulent ouvrir leurs cliniques. Selon des données publiées en avril 2008 par le Commissaire à la santé et au bien-être du Québec, la province arrivait, en 2005, au 10e rang sur 10 pour les dépenses globales et publiques en santé par habitant. (Le Devoir, ibid).
Quant à l’accès rapides aux soins qui est une préoccupation majeure, selon les mêmes données, le Québec arrivait au premier rang pour la proportion de patients ayant attendu moins d’un mois pour une visite chez un spécialiste. Et pourtant, ce sont ces spécialistes dont le Québec occupe la meilleure position au Canada pour le taux par 1000 habitants qui veulent ouvrir des cliniques médicales spécialisées.
Quant à votre question philosophique à savoir si le bien-être individuel est incompatible avec le bien-être collectif elle est intéressante. Si c’était si simple, il s’agirait de faire confiance comme vous aux lois du marché.
Je voudrais me corriger. La différence des ressources financières (provisions administratives ) exclues dans le calcul du budget du Ministère de la santé et des services sociaux n’est pas de 22 billions$ mais 22 milliards$. J’ai noté ces chiffres lors d’une conférence du professeur François Béland du dépt d’administration de la santé de l’UdeM. en date du 15 avril 2008 à l’Université Concordia. Un exposé donnée en anglais. J’ai traduit trop rapidement.
« Les dépenses en santé n’ont augmenté que de 2% entre 1970 et 2008 » Vraiment, elle seraient passée de combien à combien au juste?
Et le vieillissement de la population serait un épouvantail de la droite? Le vieux n’ont-ils pas besoin de plus de soins ? Nous vivons déjà une pénurie de la main-d’oeuvre dûe aux nombreuses retraites des babyboomers. Ces derniers auront bientôt besoin de plus de soins, soins financés par les impôts des travailleurs actifs dont le nombre absolu est en chute libre. C’est une équation assez facile à comprendre sans sombrer dans les complots de l’IEM.
« (parce qu’il y en a un, et qu’il est à la solde du milieu financier soutenu par des politiques complaisantes à son endroit) »
Puisque vous m’accusez d’être à la solde d’autrui, je me permets de vous demander si vous n’avez pas vous-même des affiliations syndicales par hasard?
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« Il me semble que cela a déjà été essayé, cela s’appelait la dictature du prolétariat, ça se gavait de matérialisme dialectique et cela a donné des résultats bien tristes: les sociétés les plus pauvres, les plus polluées et les plus contôlantes de l’histoire de l’humanité. Staline, Mao, Hoeneker ne voulait que du bien pour le petit monde et tous étaient égaux. Certains sont m^me devenus plus égaux que les autres. »
(Citation de David Lépine)
« En résumé, ce que la gauche prêche c’est que la recherche du bien-être individuel serait incompatible avec le bien- être collectif. L’histoire humaine prouve exactement le contraire. »
(Citation de David Lépine)
Justement, ces gens ont fait passer le bien-être individuel avant le bien-être collectif. On repassera pour l’interprétation de l’Histoire humaine… et de ce que la gauche prêche.