Michael Ignatieff est un cas classique de "beau parleur". Il aime séduire par les mots et donne souvent l'impression de prendre plaisir à s'écouter faire de belles phrases. Mais il traduit rarement ses beaux mots en actions et n'hésite pas à se contredire au besoin.
Prenez son opération "charme" lancée au Québec. En 1993, il avouait dans son livre Blood and Belonging n'avoir "jamais voyagé dans le Québec francophone". Ce qui ne l'a pas empêché à Laval, le week-end dernier, de s'exclamer "c'est mon Québec!" en rappelant l'histoire de ses grands-parents russes enterrés dans les Cantons-de-l'Est…
Se vantant de reconnaître la "nation" québécoise, Iggy refuse par contre de mettre un peu de viande sur l'os. C'est non à l'ouverture de ce qu'il appelle la "boîte de Pandore" constitutionnelle ou à l'annulation de la Loi sur la clarté. Voici d'ailleurs ce qu'il pensait de cette "nation" en 1993: "si le Québec devient souverain", écrivait-il, "la voie serait ouverte à la tyrannie ethnique de la majorité" [sic]. Bon. Vous me direz qu'il n'y a que les idiots qui ne changent jamais d'idée. Vrai. Mais avouez que le contraste est saisissant entre ses belles paroles d'aujourd'hui et son ouvrage de 1993.
Quant au fond, et non la forme, les belles paroles d'Iggy ressemblent à celles d'un Stéphane Dion. Lorsque Iggy dit ne voir aucune "contradiction" entre la fierté d'être Québécois et celle d'être Canadien, on entend Dion déclarer ceci en 1997: "Ensemble, l'identité québécoise et l'identité canadienne forment une formidable complémentarité. C'est une erreur que de les concevoir opposées l'une à l'autre." Du nouveau? Pas pour le moment. Et rien pour crier au messie. Le PLC se porte certes mieux au Québec avec 32 % d'appuis, contre 36 % pour le Bloc et 19 % pour le PC(*). La chute de Harper au Québec explique surtout ce mouvement: le vote fédéraliste retourne simplement à son foyer libéral naturel. Son ambitieux lieutenant Denis Coderre a beau se dire parti à la chasse aux "souverainistes fatigués", pour l'instant, le Bloc demeure le choix des souverainistes, fatigués ou non, et des nationalistes mous. Du moins, ceux qui votent encore. La raison? Si des nationalistes mous votent encore Bloc, c'est qu'ils y trouvent leur compte comme électeurs. Et c'est aussi que depuis l'échec des accords de Meech et Charlottetown, AUCUN des autres partis fédéraux ne leur offre des engagements concrets aptes à renforcer le Québec au sein de la fédération. La séduction par les mots, c'est bien beau. Mais celle par des gestes concrets l'est encore plus.
De fait, Iggy déploie sa séduction nettement plus au Canada anglais. Force du nombre et loyautés nationales obligent. Et c'est surtout là qu'est l'argent – le nerf de la guerre face à des conservateurs aux coffres dangereusement bien garnis. D'où les mamours que fait M. Ignatieff à Toronto et Bay Street, son univers naturel. Ex.: le 1er avril, des membres du gratin torontois paieront 1100 $ chacun, soit la contribution maximale à un parti politique permise au fédéral, pour jaser privément avec le chef libéral dans une réception V.I.P. Cette levée de fonds est d'ailleurs organisée par un trio de gros portefeuilles: l'influent financier Purdy Crawford, Frank McKenna de la Banque TD et la sémillante multimillionnaire de Magna International et ancienne députée Belinda Stronach. Sous Iggy, le PLC retourne donc à ses alliés traditionnels, partis depuis 2006 jouer dans le carré de sable de Harper!
Puis il y a sa grande séduction de l'Ouest canadien, d'où son entichement soudain pour les sables bitumineux albertains. Chercher des votes dans l'Ouest, c'est aussi la possibilité qu'il laisse Harper abolir le registre des armes à feu dans un vote prochain. Faut croire que le PLC ne veut plus qu'on lui rappelle que ce registre, créé par Chrétien en 1995 au coût projeté de deux millions de dollars, a fini en 2006 en scandale, coûtant plus d'un milliard de dollars! Plus onéreux que le scandale des commandites, on n'a jamais su si cette facture finale tenait de la corruption, de l'incompétence ou des deux.
L'ENTONNOIR
Monique Jérôme-Forget a annoncé que plusieurs tarifs gouvernementaux seraient "indexés" dès 2011. On nous dit que c'est pour mieux préserver les services publics maintenant que le Québec est dans le rouge. Ah bon? Et s'il avait rapatrié les deux points de TPS abandonnés par Harper, ce serait 2,5 milliards de dollars récurrents par année que nous aurions depuis deux ans. Faites le calcul. Bref, le gouvernement entend accorder aux entreprises des crédits d'impôt à coups de centaines de millions de dollars, mais ce sont les contribuables qui en paieront la facture en se tapant des tarifs plus élevés. Les plus démunis et les travailleurs à petits salaires écoperont. Tout comme la classe moyenne qui, à force d'essuyer des augmentations de ceci et cela, se retrouvera tassée dans le fond de l'entonnoir. Ce dont on ne semble avoir aucune compréhension chez nos élites politiques. Et ce qui explique peut-être aussi pourquoi, en temps de crise, on laisse le Casino de Montréal se commander un lifting de 300 millions de dollars sur quatre ans. Ce qui veut dire qu'il finira par coûter au moins le double.
LES PRIMES DE LA CAISSE DE DÉPÔT
Face à la colère des citoyens, les élus américains ont demandé au PDG d'AIG, dont la gestion incompétente coûte une fortune au Trésor public, de fournir au Procureur général la liste des gestionnaires et le montant que chacun a reçu en prime de rendement. La majorité a d'ailleurs accepté d'en rembourser pour 50 millions de dollars. La Caisse de dépôt et placement a beau avoir annulé ses primes pour 2008, ses pertes de 40 milliards de dollars nous coûteront plusieurs centaines de millions à éponger. De plus, en 2007, malgré la crise déjà prévisible du papier commercial, elle avait augmenté les primes versées à ses employés. Mais son système de primes est complexe – une partie couvrant l'année en cours et une autre le rendement à plus long terme sur trois ou cinq ans. Alors, comment justifier qu'on annule les primes seulement pour 2008? Un beau sujet d'intérêt pour la prochaine séance, en avril, de la commission parlementaire spéciale sur la Caisse…
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(*) Chez les francophones, un sondage CROP-La Presse publié le 26 mars place le Bloc à 41%, le PLC à 27%, le PC à 17% et le NPD à 12%.
Merci, madame Legault, de vos textes.
Ils sont toujours très pertinents.
« Ce dont on ne semble avoir aucune compréhension chez nos élites politiques »
Ils ne le diraient jamais, mais la seule chose que ces gens comprennent c’est ceci:
Privatisons le profit, socialisons les pertes…
Pour les Libéraux fédéraux les belles paroles sont toujours au programme. Les québécois n’ont que des émotions, c’est bien connu. Alors, pourquoi se gêner? On va leur dire encore qu’on les aime et ils n’y verront que du feu, comme lors du référendum.
Une pensée révoltante m’a traversé l’esprit. Puisque Toronto et l’Ontario sont aux commandes du Canada, en grande parti à cause de leur bassin de population qui est de beaucoup supérieur à tout autre province, il serait ingénieux de refaire une autre revanche des berceaux, pas comme au sciècle dernier avec des familles de 23 enfants, Dieu nous en préserve, mais une famille de cinq enfants, pendant plusieurs générations, devrait nous propulser vers une parité, voir même une supériorité sur l’Ontario.
Evidemment, il ne faut pas être pressé et il faut voir loin. Tout cela sous entend une aide aux familles de première qualité, jusqu’à l’université ou aux écoles professionelles. Enfin, de l’intelligence, de la planification. Si nous ne pouvons pas nous séparer, car nous tenons mordicus à notre confort matériel, mettons les cartes démographiques dans notre camp et avec d’avantage de députés à Ottawa que n’en aurait l’Ontario, soyons optimistes, nous leur en donnerions pour leur argent.
Je demande évidemment pardon à toutes ces dames qui auront à juste titre été offensés par les propos qui précèdent, mais j’ai cru qu’un peu d’humour noir s’armoniserait bien avec l’attitude de nos dirigeants. En Russie soviétique, l’humour noir permettait de survivre un autre jour. Comme le disait feu L’abbé Lionel Groulx, nous avons été trahits par nos élites. C’était vrai à l’époque, ce l’est encore aujourd’hui. Quel animal l’Homme…
Pour ce qui est de Québec, de plus en plus on a l’impression que nos élus sont comme la tour de Pise, ils penchent toujours du côté des intérêts des entrepreneurs. Les québécois sont des passifs. Ils geignent, se tordent les mains, mais ne sont pas dangereux. Ils ne connaissent pas la révolte, alors on peut les exploiter à volonté. Il n’y a pas de danger. De plus, ils votent même pour nous. Pas en très grand nombre, il est vrai, mais la majorité de ceux qui votent font leur X à la bonne place. On garde le cap.
Conclusion, on nous méprise et on ne se cache même pas pour ce faire.
L’agneau de la St-Jean était finalement bien approprié. Hier comme aujourd’hui. Bèèèèèè!
Je suis heureux de constater que le « charme venimeux » du beau parleur qu’est Iggy ne provoque pas trop de ravage au Québec. C’est plutôt rassurant de voir que seuls les fédéralistes semblent tomber sous le charme de Michael Ignatieff. C’est un peu naturel. Ils ont trouvé un chef en apparence « potable » pour remplacer le repoussoir de droite quasi extrême qu’est Stephen Harper. Ignatieff n’est cependant pas la solution attendue par les fédéralistes québécois pour affaiblir les souverainistes. C’est au mieux un moindre mal. Probablement que les fédéralistes mous (puisqu’on s’obstine à mesurer l’intensité de l’engagement fédéraliste et souverainiste – il faudra bien finir par inventer une échelle précise) déchanteront avant même la tenue des prochaines élections. Que voulez-vous? Quand on est vide et inconsistant on ne peut le cacher bien longtemps. Iggy était plus « impressionnant » du temps où il ne parlait pas. Ça m’attriste quand même un peu de voir les ravages passagers qu’il provoque. Je compatis facilement avec les futures victimes d’une autre peine d’amour terriblement prévisible. Que voulez-vous? Je suis souverainiste mais je suis également un romantique un peu sensible.
En ce qui concerne Monique vs une augmentation de la TVQ pour récupérer les baisses de TPS, oubliez ça. « Zavez » pas vu et entendu Monique la semaine dernière? À moins que j’aie rêvé (la chose étant fort probable étant donné son caractère profondément incongru), Madame Sacoche a bel et bien dit que l’idée de récupérer les points de TPS retranchés par Harper était une mauvaise et inutile idée puisque ses confrères ministres étaient tellement voraces qu’ils grugeraient complètement et rapidement les nouveaux revenus tirés des nouveaux points de TVQ. C’est une des choses les plus saugrenues que j’ai entendu dans ma vie de la part du titulaire d’un ministère aussi important. Si l’affirmation de Madame Sacoche a le moindre bon sens cela voudrait dire que l’augmentation d’un point de la TVQ, annoncée pour 2011, serait tout aussi inutile, à moins que Madame trouve le moyen de réduire la voracité de ses collègues d’ici là. Et les augmentations de tarifs divers alors? Me semble qu’en suivant le raisonnement de Madame ces augmentations seraient tout aussi inutiles puisqu’elles seront vraisemblablement grugées par ses amis voraces. Aussi bien imposer un moratoire sur l’augmentation des revenus du gouvernement puisque le nouvel argent ne pourrait servir à rien d’autre qu’à apaiser la faim des membres du cabinet Charest. Madame Sacoche réfléchit de façon drôlement inquiétante pour une ministre des finances. Il faudrait qu’elle parte très vite ou qu’elle change de ministère afin de se ranger du côté des « grugeurs » plutôt que des grugés. Je ne veux pas que mes taxes servent à gaver des gros ministres insatiables. Surtout qu’en suivant toujours le raisonnement de la ministre il semble bien que ses collègues seraient absolument incapables de disposer intelligemment des surplus qu’elle pourrait leur confier. C’est fou tout ce qu’on peut déduire de ce que la ministre a dit en essayant de ne rien dire.
En ce qui concerne la Caisse de dépôt et placement il faudrait peut-être songer à un nouveau système de primes au rendement beaucoup plus logique. Puisque les bénéficiaires ne devraient normalement pas avoir besoin de ces primes pour vivre décemment, je suggère que les primes soient calculées sur une base de rendement annuel. On devrait alors mettre ces primes au rendement de côté, dans un compte distinct. Les bonnes années on verse les primes équivalentes au taux de rendement dans le compte. Les mauvaises années on retire du compte les montants équivalents au taux des pertes enregistrées. Au départ du bénéficiaire on lui verse sa part de ce qui lui revient dans ce qui reste dans le compte. Si son passage a été bénéfique pour la Caisse il quitte avec une belle prime. Si son rendement cumulé est dans le rouge, il part les mains vides. C’est tout ce qu’il mérite et il peut se compter chanceux de ne pas partir avec une facture. Dans un système où on offre des primes au rendement il me semble logique qu’on déduise quelque chose quand le rendement est négatif. Je ne parle évidemment pas de réduire les salaires des dirigeants de la Caisse mais de leur donner seulement les primes qu’ils méritent vraiment lors de leur départ définitif.
En terminant je vous soumet une échelle des convictions fédéralistes ou souverainistes qui devrait enfin nous permettre d’établir une classification claire, nous permettant de bien nous comprendre.
Échelle de Mitriou (ou échelle de la dureté des convictions politiques)
9 – Les UPD: les Ultra Purs et Durs (les inébranlables)
8 – Les PD: les Purs et Durs (les quasi inébranlables)
7 – Les PCLR: les Purs au Centre Légèrement Ramolli
6 – Les DEPLR: les Durs Enrobés de Pureté Légèrement Ramollie
5 – Les PCM: les Purs au Centre Mou
4 – Les CDEM: les Centres Durs Enrobés de Mou
3 – Les LRDD: les Légèrement Ramollis du Dedans et du Dehors
2 – Les MEM: les Mous Enrobés de Mou
1 – Les MTC: les Mous Tout Court
0 – Les ED: les Entre-Deux (ceux qui branlent dans le manche)
Ainsi si on parle d’un souverainiste de catégorie 9 sur l’Échelle de Mitriou on sait de quel genre d’individu on parle. Même chose pour un fédéraliste de catégorie 4. Les décimales sont permises. Ainsi un fédéraliste de catégorie 0,1 sur l’Échelle de Mitriou ne serait pas un « Entre-Deux » mais un fédéraliste extrêmement mou. Un fédéraliste de catégorie 9,9 sur l’Échelle de Mitriou serait un partitionniste possédant un bunker et des armes. Et un souverainiste 9,9 serait un twit prêt à se faire exploser pour sa cause. Je dis twit parce qu’il n’aurait aucune vierge comme récompense.
Petit jeu: Choisissez un clan, un nombre sur l’échelle et essayez de coller un nom et une brève description du type portant ce nom.
Variante: Choisissez un personnage et essayez de le situer sur l’échelle. Stéphane Gendron par exemple.
Amusez-vous bien…
Un concombre a l’état naturel et un concombre mariné que l’on appelle un pickel , demeure un concombre !
Un libéral du PLC aura beau mettre ses plus beaux habits , revêtir son discours de belles phrases ( ici pas de Chrétienneries ) et faire le séducteur , il demeure un LIBÉRAL FÉDÉRALISTE , une bibitte politique a des années lumière de l’émancipation du Québec francophone !!
Seul les actes comptent en politiques. Le reste c’est de la littérature.
Quand les libéraux nous disent que le Bloc est sans pouvoir a Ottawa ils veulent nous faire oublier que c’est exactement le Bloc qui aura le pouvoir de faire et défaire le gouvernement a Ottawa; et cela aussi longtemps que les Québécois auront l’intelligence de voter pour eux et maintenir un gouvernement minoritaire.
Pour que Ignatieff prennent le pouvoir avant 4 ans il lui faudra la permission du Bloc. Pour le moment c’est le Bloc qui a le pouvoir pour lequel les libéraux ne peuvent que fantasmer.
Lors du prochain budget, le Bloc aura a faire l’arbitrage entre ignatieff et Harper. Et espérer un autre gouvernement minoritaire et rebelotte jusqu a épuisement générale ou jusqu au moment ou on va vouloir mettre le Québec a la porte. Bon enfin, puisque vous insistez….
Paolo Mitriou
Les ED , n’est-ce pas les adeptes du rapport Allaire et de l’ADQ ?
On peut se demander pourquoi Iggy Le Terrible a tellement besoin d’aller gruger dans les voix du Bloc aux prochaines élections. Ne pourrait-il pas plutôt investir ses énergies à faire le plein de votes libéraux, puis compléter avec des votes volés aux Conservateurs. Après tout ceux-là devraient être plus faciles à convaincre que les Bloquistes, compte tenu du fait qu’il n’y a finalement pas grande différence entre un libéral et un conservateur . Surtout en ce moment où ils font partie de la même coalition.
Alors pourquoi cette affection soudaine pour les Bloquistes? Tout simplement parce que tant et aussi longtemps que le Bloc continuera d’élire 40-50 députés, il sera très difficile d’élire un gouvernement majoritaire au Canada et l’on devra gouverner par voie de coalition. Le Bloc c’est finalement une grosse épine dans le pied du Canada.
On peut se demander aussi pourquoi Ignatieff veut-il encore gagner ses prochaines élections pour devenir enfin Premier Ministre, alors qu’il aurait pu le devenir dès le mois de janvier 2008? Il aurait juste suffit qu’il demeure dans la coalition Libéraux –NPD-Bloc, et il serait en ce moment Premier Ministre et pourrait alors nous démontrer ses grandes idées et son aptitude à gouverner. Et il n’aurait même pas eu besoin d’élections en plus. Au lieu de ça, il a préféré trahir cette coalition pour faire une coalition de facto avec les Conservateurs. Et se contenter du rôle de chef de l’opposition.
Non mais je rêve. J’hallucine. Voici un gars qui veut devenir Premier Ministre et quand l’occasion unique de le devenir se présente à lui, se dégonfle et vire-capot pour se contenter d’un rôle de second violon. Et il veut après ça, qu’on vote encore pour lui. T’as eu ta chance bonhomme. Nous prends-tu pour des imbéciles?
On peut se demander quel personne ou quel évènement l’a forcé à faire ce volte-face? A mon avis, ce sont les mêmes qui ont forcé Bob Ray à s’éclipser au profit d’Ignatieff. Ce sont les mêmes qui rebâtissent en ce moment les finances du parti. Et, même, ce sont les mêmes qui ont poussé très fort pour faire élire Harper et ses conservateurs. Soutenir deux partis à la fois, par une stratégie de hedging, c’est possible quand on tire les ficelles parce qu’on est riche. C’est un peu, quand on est pauvre, comme assurer son pantalon avec à la fois une ceinture et une bonne paire de bretelles. On se sent en contrôle.
Si le jour venait où je serais là à attendre le politicien parfait, cet être sans faille au jugement immanquablement sûr en toute circonstance, cette merveille sans contradictions aucunes capable d’opérer des prodiges avec des bouts de ficelle, ce jour-là il faudrait songer à me retirer de la circulation. Définitivement. Parce qu’alors il serait manifeste que je n’aurais plus toute ma raison…
Pourtant, c’est quasiment cette utopie que plusieurs recherchent chez les politiciens. Chez Michael Ignatieff, par exemple, puisqu’il est question de lui ici. Et comme il arrive bien en-deça de cette idéalisation, comme tous les autres et de quelque allégeance qu’ils soient d’ailleurs, on le passe et repasse au tordeur à présent qu’il est devenu le chef intérimaire du PLC.
Comme si Michael Ignatieff avait prétendu être le Messie. Mais pas du tout! Michael Ignatieff est un politicien, un peu balourd sur les bords à mon avis, et un peu racoleur comme il se doit (sans toutefois être particulièrement efficace de ce côté car encore trop inexpérimenté).
Pour ma part, je considère Michael Ignatieff comme étant surtout quelqu’un venu sur le tard en politique, encore fort mal dégrossi en la matière, et je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il vaut vraiment. Mais une vague intuition me donne à penser qu’il serait possiblement préférable à Stephen Harper, si ce n’était que pour empêcher ce dernier de saboter davantage nos acquis et notre réputation internationale.
En espérant que cela ne prenne pas encore quatre ans avant le changement de la garde parce que je crains qu’alors il n’y ait plus grand-chose à garder…
@ Réjean Asselin
« Les ED, n’est-ce pas les adeptes du rapport Allaire et de l’ADQ ? »
Il faut croire que mon échelle est assez claire et précise puisque c’est exactement aux adéquistes que je pensais quand j’ai décrit la catégorie de ED.
;-)
@ Claude
« Mais une vague intuition me donne à penser qu’il serait possiblement préférable à Stephen Harper, si ce n’était que pour empêcher ce dernier de saboter davantage nos acquis et notre réputation internationale. »
Parfaitement d’accord. N’importe qui, ou presque, est préférable à Stephen Harper. Par contre, je suis convaincu que le PLC peut se trouver un bien meilleur chef que Michael Ignatieff. Les bons vins vieillissent bien avec le temps. En peu de temps Michael Ignatieff nous a démontré qu’il avait tous les atouts nécessaires pour se transformer en piquette. Il avait une excellente occasion de démontrer ses qualités en devenant premier ministre avec la coalition PLC-NPD-BQ. Il a préféré continuer à jouer au faire-valoir de Stephen Harper en concrétisant la coalition PLC-PCC. S’il avait eu le courage de renverser le gouvernement Harper, les électeurs lui auraient facilement pardonné quelques gaucheries et quelques erreurs de débutant. Quand on accepte la direction d’un parti politique aussi important que le PLC on doit être prêt à gouverner le pays le lendemain matin si besoin est. On ne fait pas ses classes politiques à la tête d’un parti. Ce n’est pas le bon endroit. Les libéraux devraient pourtant le savoir. Stephen Harper pouvait très bien déclencher des élections dès l’arrivée en poste de Michael Ignatieff. Si ce dernier n’est pas prêt à gouverner maintenant il ne le sera pas davantage dans un an ou deux. Ça prend beaucoup plus de temps que ça pour former un premier ministre. Michael Ignatieff aurait dû continuer à faire ses classes sous la direction d’un professionnel comme Bob Rae. Dans 5 à 10 ans il sera peut-être prêt à gouverner le Canada. Pas avant. Il le sait mieux que quiconque et c’est sans doute la principale raison pourquoi il a laissé passer une première occasion en or qui ne se représentera jamais. Ceux qui pensent que ce type serait prêt à gouverner sont victimes d’un mirage ou de l’enthousiasme délirant des Coderre et compagnie.
Mais malgré toutes ses faiblesses je vous accorde qu’un Michael Ignatieff tel qu’il est présentement serait quand même préférable à un Stephen Harper. D’ailleurs la députation libérale actuelle aurait fait un meilleur gouvernement que le gouvernement Harper. Chaque député libéral actuel ferait un meilleur ministre que n’importe quel ministre conservateur actuel. Ce n’est pas difficile de trouver mieux que le pire.
Bonne journée!
Merci Paolo.
Vos commentaires me permettent de penser que mon point de vue n’est pas sans une certaine valeur.
Après tout, vaut mieux un Michael Ignatieff plus ou moins compétent qu’un Stephen Harper corrosif, n’est-ce pas?
Salutations cordiales.
@ Claude
« Après tout, vaut mieux un Michael Ignatieff plus ou moins compétent qu’un Stephen Harper corrosif, n’est-ce pas? »
En effet, je préfèrerais n’importe quel Michael Ignatieff à un Stephen Harper. Et je suis persuadé que n’importe quel député libéral ferait un premier ministre moins dommageable pour le Canada et pour mon moral qu’un Stephen Harper. Même un Denis Coderre un peu divertissant, avec un nez de clown collé de façon permanente. Ou même un Bob Gainey à la limite. Ou Gaston Lagaffe. Ou le maire Gendron.
Je n’appuierai jamais MonsieurIgnatieff, d’une part parce qu’il a manqué une très belle occasion de se distancer des politiques du gouvernement Harper. J’aurais vraiment aimé un gouvernement de coalition à Ottawa. Hélas!
Le fait qu’il ait appuyé le budget du gouvernement Harper en dit long sur son allégeance.
Il a tout simplement appuyé un gouvernement de droite avec lequel je ne partage aucune valeur.
Par ailleurs, on entend toujours parler de la polarisation culturelle entre anglais et français, comme si ces deux cultures étaient à elles seules les peuples fondateurs du Canada. Bien sûr, il y a eu la naissance d’un Canada. Mais au niveau de la reconnaissance des fondateurs, il me semble qu’on a fait plusieurs exclus, et ça, ni francophone ou anglophones semblent vouloir le reconnaitre au sein de la constitution. À mon avis, on a oublié les Amérindiens, les Inuits et autres.
Je pense que la constitution devrait être révisée en profondeur en reconnaissant les multiples sociétés distinctes qui ont fondé le Canada. Il faudrait que cette reconnaissance passe par une véritable représentativité des divers peuples au sein même de la chambre des communes à Ottawa. Mais tant et aussi longtemps que notre structure politique sera l’écho de l’impérialisme britannique, je crois que nous ne pourrons pas espérer une plus grande ouverture d’esprit.
Je reviens à Monsieur Ignatieff. Je passe mon tour, car je n’oublierai jamais le scandale des commandites, l’agression de Monsieur Chrétien dans les années 1990 sur la personne de Bill Clennett qui demandait des logements sociaux, la dilution complète unilatérale vers 1993 d’un fond de 44 milliards de dollars de la caisse d’assurance emploi des travailleurs, le débalancement fiscal au détriment des provinces, le rapatriement unilatéral de la constitution de 1982, le fait que la GRC avait infiltré le cabinet de René Lesvesques, le non-respect des procédures légales lors du dernier référendum, donc le non-respect d’une démocratie véritable représentant la volonté du peuple, etc.
Je dis non à Monsieur Ignatieff, car le parti libéral est entaché d’une histoire dégradante pour la démocratie et pour la dignité des gens.
Mme Legault,
Vous écrivez : « …le PLC ne veut plus qu’on lui rappelle que ce registre, créé par Chrétien en 1995 au coût projeté de deux millions de dollars, a fini en 2006 en scandale, coûtant plus d’un milliard de dollars… »
Déjà en 2004, en calculant les coûts informatiques, les dépenses occultes, les frais courants et afférents, le COÛT RÉEL du registre dépassait plutôt DEUX MILLIARDS.
Je cite l’émission « feu » Zone libre de Radio-Canada et la journaliste Anne Panasuk (les majuscules sont de moi) :
« Le … contrôle des armes à feu devait nous coûter 2 millions de dollars. C’est ce qu’on disait … en 1995. … neuf ans plus tard, [on en est rendu à…] 2 MILLIARDS de dollars »
« …la promesse du ministre de la Justice de l’époque, Allan Rock, que cela ne coûterait que 2 millions de dollars … Mais en 1995, les dépenses se chiffraient à 85 millions de dollars. En 2000, c’était rendu à 327 millions de dollars. En 2002 : 688 millions de dollars. Et aujourd’hui, on parle de 2 MILLIARDS… »
« …c’est LE PIRE gouffre financier qu’elle [Sheila Fraser] ait vu… »
En plus du texte cité, on peut visionner 4 extraits de l’émission :
http://www.radio-canada.ca/actualite/zonelibre/04-02/registre_armes.asp
À mon avis, ces 2 milliards auraient sauvé bien davantage de vies s’ils avaient servi à combattre les gangs de rue et autres groupes violents, ainsi que le trafic d’armes illégales (bien + dangereuses que les armes légales).
La meilleure loi aurait été d’interdire les armes automatiques ou semi-automatiques. Les massacres seraient alors quasi impossibles avec des armes à un seul coup…
Merci pour ces précisions et les liens internet.
Et en effet, ces «2 milliards auraient sauvé bien davantage de vies s’ils avaient servi à combattre les gangs de rue et autres groupes violents, ainsi que le trafic d’armes illégales».
De mémoire, j’aurais pu aussi ajouter le «scandale des ressources humaines», sous le même règne Chrétien. Le montant final? Plus d’un milliard de dollars volatilisés. À moins que ce ne soit encore plus…
Le dénominaeur commun de tous ces dépassements de coûts complètement fous – que ce soit dans des programmes fédéraux, provinciaux ou municipaux – est souvent l’octroi incontrôlé de contrats lucratifs à des firmes, soit amies du régime du moment, soit incompétentes, soit les deux. Et ce, encore aussi souvent lorsque les ministères ou organismes concernés ont déjà en leur sein des employés parfaitement capables de produire de meilleurs résultats.
Les fameux programmes de «modernisation» des systèmes informatiques de divers ministères ou organismes en est un exemple particulièrement évident.
De rien, Mme Legault,
Les fortunes dilapidées dans ces scandales sont à vomir. Pour en ajouter, il a eu aussi l’achat à fort prix de Petro-Fina (renommé Petro-Can) par le gouvernement libéral fédéral, scandale grâce auquel bien des libéraux se sont enrichis (délits d’initiés…).
MAIS dans le cas du registre des armes, c’est doublement scandaleux, car ils ont « raté la cible ». Comme j’ai écrit : « ces 2 milliards auraient sauvé bien davantage de vies s’ils avaient servi à combattre les gangs de rue et autres groupes violents, ainsi que le trafic d’armes illégales. »
Je rêve aussi du jour où le gouvernement se réveillera et proscrira la vente et la possession des armes de poing, et de toute arme automatique ou semi-automatique. Ce serait là un moyen bien + efficace de réduire les tueries.
Chez certains parents de victimes de turies, il y a une motivation sublime (faute d’une meilleure expression) dans leurs efforts nobles visant à faire en sorte que toutes les armes soient enregistrées.
MAIS la réalité est que les criminels n’enregistrent pas leurs armes, et que les psychopathes tuent souvent avec des armes enregistrées (l’ancien ministre Jean Cournoyer a déjà écrit quelque chose du genre dans le JdeMtl, et je partage tout à fait son opinion).