Au Québec, 2012 sera une année électorale dominée par la chasse au changement. Et pas n’importe lequel.
Cette élection, on l’annonce déjà comme la fin d’un grand cycle politique. Un cycle où, depuis 1960, la construction d’un nationalisme québécois moderne, porté naguère autant par des fédéralistes que des indépendantistes, monopolisait le pays entier.
Tous les indices y sont, dit-on. La popularité de la Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault. Un Bloc décimé par la vague orange. Une option souverainiste réduite à une marque de commerce par un PQ au bord du précipice. Stephen Harper majoritaire sans le Québec.
On dit que le nationalisme serait l’apanage d’une seule génération. Une vilaine chose maintenant dépassée et tout juste bonne à exciter des boomers déconnectés de cette belle jeunesse mondialisée. Pourtant, les grands artisans du nationalisme moderne québécois avaient tout autant voyagé et étudié à l’étranger, appris d’autres langues, etc… Mais qui le sait encore?
Or, toutes ces caricatures font oublier que pendant ce temps, le nationalisme canadien, lui, continue de se construire. Patiemment.
Ce qui nous amène à 2012. Ce vent de changement, on le nomme CAQ. Vachement dans cet air du temps post-nationaliste.
La CAQ serait même, selon sa propre cassette, ni souverainiste, ni fédéraliste, ni de gauche, ni de droite. Un parti se définissant par ce qu’il n’est PAS, c’est révolutionnaire, non?
Pourtant, l’ironie est que si la CAQ prenait le pouvoir, le changement ne serait qu’apparent. Ce serait plutôt, comment dire, le changement dans la continuité. La continuation de l’exercice du pouvoir par un parti issu de la même droite affairiste que le PLQ, l’ADQ ou les Lucides.
Affairiste dans le sens où le plan d’action des caquistes fusionnés aux adéquistes reflète un certain nombre de priorités du milieu des affaires. Dont une privatisation accrue du système de santé.
La chose sera d’ailleurs plus facile en 2012. Le gouvernement Harper entend ne plus exiger des provinces le respect de normes pancanadiennes en échange des transferts fédéraux. Bienvenue à la médecine à vitesses multiples… d’une mer à l’autre!
Alors, ce grand changement? Possible, mais peu probable. Même chose pour la question nationale. La CAQ, comme le PLQ, prend le Canada tel quel. Pas de «on verra» en ce domaine.
Bref, même si le prochain gouvernement était caquiste, le grand vent de changement risque de ressembler pas mal plus à une petite brise.
Une belle «révolution», en effet, mais dans le sens de revenir précisément à son point de départ. Comme dans tourner en rond.
Pour la fin abrupte du grand cycle historique post-1960, faudra aussi repasser. Dans les faits, elle fut amorcée dès après le dernier référendum par l’ambiguïté même du PQ sur son option.
Et pour 2012? Le plus probable est la poursuite de la même gouvernance affairiste. Sous un Charest ou un Legault.
Ce qui, en passant, de manière universelle, est la recette classique pour engraisser la bête de la corruption. Mais ça, c’est une autre histoire.
La classe moyenne? Pendant que les entreprises et les plus fortunés boudent de plus en plus l’assiette fiscale, elle en mangera encore toute une avec de nouvelles hausses de tarifs, incluant les frais de scolarité.
Pauline Marois? La question: sera-t-elle la victime de son parti, d’elle-même ou de sa mise en veilleuse de son option?
La commission Charbonneau? L’élection viendra avant que des audiences le moindrement gênantes ne soient diffusées.
Québec solidaire? Amir Khadir aura peut-être de nouveaux collègues à l’Assemblée nationale.
Jean-Martin Aussant? Avec un peu plus de visibilité, le jeune chef du nouveau parti indépendantiste Option nationale élargira sa base.
Le PLQ? Pour lui, il n’y a pas de mauvais scénario. Le PQ peine à surnager et continue de traiter son option comme un boulet électoral. Le vote francophone n’aura jamais été aussi divisé alors que la base allophone et anglophone du PLQ reste soudée.
Même si les libéraux perdaient le pouvoir, ce ne serait pas le déshonneur après neuf ans et trois mandats au pouvoir. D’autant plus que la CAQ, ce serait plus ou moins bonnet blanc, blanc bonnet. La sirène caquiste pourrait même perdre d’ici là quelques admirateurs. Peut-être.
Et l’espoir dans tout cela? Il réside dans le long terme. Peut-être.
«L’histoire à venir d’un groupe humain n’est pas fatale, elle est imprévisible», écrivait jadis Hubert Aquin avec grande sagesse dans ses prémonitoires «Blocs erratiques»…
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La semaine prochaine: 2012 sur la scène fédérale.
Le nationalisme québécois n’est pas mort puisque la CAQ se déclare souverainiste quand plus de 30 % des Québécois se proposent de voter pour ce parti plus ceux qui vont voter pour le PQ, Québec solidaire et l’ON de M. Aussant. Ça devrait bien faire 8 % de votes pour chacun de ces 3 derniers partis qui se disent souverainistes, ce qui ferait 54 % environ de nationalistes dont certains sont séparatistes, d’autres souverainistes ou seulement nationalistes. Il y a aussi des nationalistes chez les fédéralistes…aucun séparatiste où ils ne lisent ni les journaux ni les programmes des partis.
C’est un article qui est le reflet des événements et des sondages de 2011.
L’histoire est telle à ce point écrite d’avance?
Le départ possible de P.Marois au PQ est déterminé d’avance comme sans impact. Pas le moindre impact.
Il est impossible absolument que F.Legault se casse la gueule en politique en tant que chef de parti?
Il faut croire un peu tout de même à d’autres possibles avant 2026.
La tendance de fond est décrite. Copier coller de 2011, élection au printemps garantie comme si ce cher Charest n’est pas assez casse cou et arrogant en même temps pour faire suer un Legault électoralement jusqu’en décembre 2013! À moins que la CAQ ne soit qu’une création en bonne et due forme du PLQ et de la méga entreprise qui l’appui propriétaire de La Presse. Monsieur Charest le seigneur de la politique n’est pas du type à se faire bafouer, mettre en boîte. C’est un intriguant, un politicien machiavélique qui restera premier ministre jusqu’en septembre 2013 voire décembre de cette année là afin de conserver le pouvoir le plus longtemps possible ne procurant que 2 ou 3 mois à un nouveau premier ministre libéral face à une élection. Charest peut quitter en retour de grands avantages de carrière quoique il est du type à se maintenir le plus longtemps durablement aussi comme premier ministre. Charest est plus qu’un premier ministre c’est un chef de parti qui aime parrainer l’économie de sa province.
Charest peut aussi être un sacré obstacle pour Legault quant à Pauline Marois ce sera très difficile pour elle de rester chef du PQ.
J’ai bien peur que vous n’ayez raison madame Legault!
http://www.vigile.net/Et-si-vous-croyez-avoir-tout-vu
J’ai écrit, par erreur et 2 fois en plus, plus haut, parce que ça indiquait sur mon ordinateur que le message ne passait pas : « Le nationalisme québécois n’est pas mort puisque la CAQ se déclare souverainiste.»
Je voulais écrire, à la place : «« Le nationalisme québécois n’est pas mort puisque la CAQ se déclare nationaliste.»
Mme Legault,
Je m’étonne de lire votre critique du gouvernement Harper:
« Le gouvernement Harper entend ne plus exiger des provinces le respect de normes pancanadiennes en échange des transferts fédéraux. Bienvenue à la médecine à vitesses multiples… d’une mer à l’autre »
Est-ce dire qu’une souverainiste comme vous accepterait qu’un gouvernement fédéral (disons dirigé un jour par le NPD) retire des paiements de transfer parce que le gouvernement du Québec (disons dirigé par la CAQ) fait une plus grande place au privé?
Comme vous le savez la question du rôle du gouvernemement central fut jadis le plus grand clivage entre la gauche québécoise et canadienne. D’après vos commentaires, me semble que ce clivage est en train de disparraître.
Doit-on être surpris de tout ça? Non. On vote toujours pour le moins pire. Les partis politiques sont comme un magasin; On regarde la vitrine et si ça nous plait, on entre.
Vous avez raison Mme Legault. La scène politique est devenue tellement terne au Québec que nous avons perdu même le goût de s’y intéresser!!!!!!
Au contraire… Raison de plus pour s’y intéresser. Sur ce sujet, je persiste et signe depuis longtemps: tenter de comprendre ce qui se passe ne peut pas servir à s’en détacher, mais plutôt à chercher à le modifier. À sa manière.
M. Roy, vous avez parfaitement raison. A voir les agissements et les décisions des dirigeants au pouvoir qui ne tiennent pas compte de ceux qui les élisent mais de leurs propres intérets personnels et des grandes corporations.Il y a de quoi etre profondément »écoeuré(e) »de ces gros »pèteux de broues » que sont les politiciens. Dire qu’il y a des pays ou ont fait des manifestations et des révolutions pour avoir accè à la démocratie alors que nous, nous sommes dans le contraire.Les gens vont de moin en moin voter.Alors que c’est le seul pouvoir que nous avons réellement. C’est malheureusement un mur que les électeurs ont de moin en moin envie de franchir .Plus les années passent,plus c’est difficile de trouver une source de motivation pour s’intéresser à la politique d’autant plus avec les choix qu’ont nous proposent. J’essaie de garder malgrés tout un certain espoir en me disant que la période que nous vivons présentement c’est peut-etre »reculer pour mieux sauter »??? Après tout l’espoir fait vivre! Bonne Année quand meme!
Il y aurait une sorte de continuité politique que l’article a bien exprimée.
Ce qui n’aurait pas été assez compris c’est que cette continuité plutôt médiocre prendrait la forme évidemment libérale mais également celle du premier gouvernement Bouchard qui a subjugué le PQ, gouvernance Bouchard dont la forme Lucide apparenté se réincarne dans la CAQ de son disciple F.Legault.
Résultat de cette gouvernance Bouchard, le groupe conservateur ex péquiste a engendré Québec Solidaire, la CAQ et rêve de faire du PQ un parti moribond. Un groupe conservateur péquiste qui aura amené le Québec à son état politique d’au moins 1969 sans l’effervescence collective de cette époque.
Si le niveau stable de chômage contribue a endormir les nations à quoi sert t-il! Si l’indice économique est correct, il ne sert qu’à maintenir le statu quo au premier comme au cinquième degré. Et le politicien Legault promet sur le fond de la bonne économie et rien d’autre.
La stabilité économique puis politique par le PLQ et par le groupe politique autour de Bouchard et Legault. Une stabilité synonyme de recul national et du français. L’entraîneur du Canadien est unilingue anglophone tout un symbole!
Petite époque.
NON À LA CONTINUITÉ AU PQ
Le temps peu manqué mais le PQ, qui est revenu de seconde opposition à opposition officielle lors de la dernière élection, peut se relancer. Et pour y arriver, tout sauf la continuité.
Je dis non à Pauline si elle est tentée d’annoncer que Duceppe sera candidat à ses côtés aux prochaines élections et qu’elle lui fera beaucoup, beaucoup, beaucoup de place. Ca ferait un bon bandage pour arrêter l’hémorragie…, mais pas assez pour gagner la prochaine élection. Cette stratégie garderait le PQ sur le respirateur artificiel en ramenant au bercail les égarés… Mais peut-on attendre qu’elle perde à nouveau le pouvoir…
Comme vous disiez dans votre chronique du 7 décembre dernier, sur qui et sur quoi pourront-ils vraiment compter pour sauver leurs propres meubles?
J’ose espérer qu’à son retour de vacances des fêtes, Marois annonce sa démission et que Duceppe soit plébiscité et qu’il occupe toute la place. Les fusions avec Aussant et Qc solidaire seraient envisageables dans un solide parti nationaliste social – démocrate.
Il resterait un CAQ et un PLQ pas si forts… Duceppe pourrait aspirer au pouvoir en se glissant entre les deux, probablement minoritaire. Mais c’est mieux que de retourner à la case de seconde opposition officielle.