Alors que s’ouvrent à Montréal deux recours collectifs combinés de 27 milliards de dollars contre trois compagnies de tabac, il y a vingt ans déjà, à quelques jours près, mon père mourait d’un cancer du poumon.
En quelques mois, à 54 ans, un cancer inopérable lui volait sa vie. À peine trois ans plus tard, à 57 ans, le même type de cancer arrachait à ma mère son dernier souffle.
Deux fumeurs à «un paquet par jour», comme on disait. Deux fumeurs parmi tant d’autres arrivés à l’âge adulte quelque part dans les années 1950. Une époque où, dans l’euphorie de l’après-guerre, fumer devenait la norme.
Cette cigarette étouffante, potentiellement meurtrière, on la respirait partout. Qu’on le veuille ou non. Jusque dans les chambres à coucher, les cuisines, les restaurants, les hôpitaux et les assemblées politiques.
Cette cigarette, on la représentait faussement comme un objet de «virilité» pour les hommes et de «liberté» pour les femmes. Au cinéma, elle devenait «glamour» et «sex-appeal». On la disait même «bonne» pour la santé! Quelle farce macabre.
Pour ma part, elle me lève le cœur. En fait, elle me l’a arraché. Comme tant d’autres, elle m’a pris mes parents. Et elle les a pris beaucoup, beaucoup trop tôt.
Je n’ai donc aucun mérite à n’avoir jamais fumé. La recette n’est pas de moi: vivre plus de vingt ans avec deux fumeurs guérirait n’importe qui de l’envie de se mettre cette cochonnerie-là dans la bouche. Les effets de la fumée dite secondaire, les enfants de fumeurs savent trop bien ce que c’est et ce que ça fait.
Même toutes ces années après la mort de mes parents, je n’ai pas décoléré. Pour eux, mais aussi parce que la cigarette a fauché et fauchera pour des cimetières entiers d’hommes et de femmes. Elle ne compte plus ses veuves, ses veufs et ses orphelins. Ni les millions de poumons qu’elle pourrit. Ce qui, sur la planète, est loin d’être terminé.
Comment décolérer lorsqu’on rapporte que les fabricants savent depuis des décennies que leur produit a des effets nocifs majeurs sur la santé des humains et, par conséquent, sur la santé et les finances publiques?
Aujourd’hui, on voit encore des jeunes filles et des jeunes garçons qui, malgré tout ce qui est connu sur les liens établis entre la cigarette, le cancer et une horde de maladies lourdes, s’en allument une dès qu’ils le peuvent.
Comme quoi elle demeure puissante, cette combinaison du sentiment d’immortalité, de la pression des pairs et, parmi les filles, de cette conviction de pouvoir rester mince en fumant.
Mais rien ne rivalise vraiment avec la pression venant de la dépendance provoquée par les substances contenues dans ces petits tuyaux de papier blanc.
Une poursuite essentielle
Cette poursuite entendue devant la Cour supérieure, c’est celle de deux recours collectifs faits au nom de 1,8 million de Québécois contre Rothmans, Benson & Hedges, JTI Macdonald et Imperial Tobacco.
Cette poursuite, elle pose des questions fondamentales. Les compagnies ont-elles sciemment caché ou banalisé les risques de leur produit? L’ont-elles modifié pour augmenter la dépendance? Ont-elles vendu, en toute connaissance de cause, un produit dangereux?
Cette poursuite, elle s’ajoute à d’autres. Aux États-Unis, c’est pour près de 300 milliards de dollars que des fabricants de cigarettes ont été poursuivis. Et ont perdu.
Or, ces compagnies, contrairement à la santé des fumeurs, sont blindées. Blindées financièrement. Blindées malgré de multiples mégapoursuites. Blindées grâce aux fumeurs qu’il reste en Occident, incluant le «marché» alléchant des moins de 24 ans. Blindées grâce aux fumeurs d’aujourd’hui et de demain, fort nombreux, dans les pays émergents.
Et puis, clament ces compagnies, le produit est légal, non? Les taxes, les gouvernements les perçoivent, non? Ici, les fumeurs ont même contribué à financer le Stade olympique, non? La contrebande, ça va plutôt bien, non? Comme si la légalité d’un produit pouvait soustraire à l’obligation de s’assurer de sa sûreté.
Et leurs avocats-vedettes de lancer aux victimes et à leurs familles que fumer, c’est un choix! Or, la dépendance est tout sauf un choix.
Bref, ces poursuites sont nécessaires. Essentielles. Tout comme le demeure l’éducation entêtée sur les méfaits de la cigarette.
Je sais, je sais, vivre est dangereux, comme dit le cliché. Mais le danger de fumer est réel.
Ce que je sais aussi, c’est qu’il y a deux mois et des poussières, la belle et courageuse Micheline, notre maman, aurait fêté ses 75 ans.
Comme vous, intérieurement, je boucane.
C’est plus que de la fumée secondaire.
Fumer, c’est un choix, dit l’industrie du tabac.
Ce n’est plus un choix raisonné, raisonnable lorsqu’on habille ce produit d’un si bel emballage. Un produit toxique restera, même sous le plus bel emballage, un produit toxique.
Que l’industrie du tabac se responsabilise et accepte ses torts.
À mettre un tel produit en vente pour faire des profits, bien qu’ils assument aussi leurs faits et gestes.
Je me questionne aussi sur ces avocats-vedettes. Comment peuvent ils être aussi insensibles pour défendre une telle cause? Une question comme ça.
Serait-ce l’appât du gain? On est loin du film où l’avocat d’une firme décide de quitter le bateau pour aller défendre les droits des démunis. Mais ça se passe dans un film…
En espérant que cette poursuite ne s’envolera pas en fumée…et qu’on répare les dégâts.
Mais, cela ne nous rendra pas les gens qui en ont été victimes et sont décédés.
En effet, comme vous le dites, «cela ne nous rendra pas les gens qui en ont été victimes et sont décédés». Et qui nous manquent terriblement.
Mais souhaitons, avec vous, «que cette poursuite ne s’envolera pas en fumée…et qu’on répare les dégâts». Ou, du moins, qu’on enclenche le processus…
Bonjour Mme Legault,je ne peu que sympathiser avec vous pour la perte de vos parents car j’ai perdu plusieurs de mes parents proches du cancer du poumon causé par la cigarette.En autre mon père, mon grand père et meme une tante qui est en est morte dix ans après avoir cessée de fumer. C’est tout dire comment ça peut etre insidieux comme adiction. Moi aussi j’ai déjà fumé pendant presque 30ans et il m’a fallut une pneumonie et l5jours à l’hopital pour réaliser l’absurdité de cette habitude. Je ne me voyait pas partir de ma chambre d’hopital et faire comme certains patients comme moi pour aller fumer dehors. J’ai donc pris la décision de cesser de fumer et cela a été une des plus belles libérations de ma vie. Non seulement pour ma santé mais aussi pour mon porte-monnaie. Imaginez aujourd’hui le paquet légal de cigarette est presqu’à $l0… . J’aimerais en passant suggérer une film sur ce sujet:Thank You for Smoking du réalisateur Jason Reitman sorti en 2006. Ce film un peu beaucoup cynique et meme sinistre raconte l’histoire de Nick Taylor un surdoué de la communication qui travaille pour le lobby du tabac..Il relate les péripéties de sa croisade pour ses patrons:redorer le blason de la cigarette,tout en désarmant ses adversaires les plus tenaces. C’est adapté d’un roman éponyme de Christopher Buckely et produit malgré les tentatives des compagnies de tabac pour qu’il ne se fasse pas…C’est tout dire ..
Merci M. Bradette. En cela, nous faisons malheureusement partie d’un groupe beaucoup trop nombreux. Et bravo pour le cadeau que vous vous êtes fait dans des circonstances particulièrement difficiles.
Merci aussi pour la suggestion de film.
Et j’y ajouterais celle-ci: The Insider
http://www.imdb.com/title/tt0140352/
Il est prouvé depuis longtemps et hors de tout doute que le tabac tue, tout simplement. Alors, pourquoi laissons-nous ce tueur fou en liberté?
La liberté d’entreprise devrait être comme la liberté d’expression : avoir des limites
Un produit qui est avéré détruire la santé devrait être interdit de production. Point final. Tout comme ceux qui détruisent la vie comme les armes et les jouets militaires.
Jeune adulte, mon père avait pris cette mauvaise habitude de fumer compulsivement. Il a arrêté du jour au lendemain pour donner le «bon exemple» à ses enfants. Influences extérieures aidant, nous avons quand même tous consommé drogues et cigarettes. Un seul de mes frères aujourd’hui fume encore.
Le smog qui plane au-dessus de nos villes, est un facteur aggravant les risques d’être atteint d’une maladie respiratoire morbide. Notre manière de vivre est à repenser de fond en comble et il faudra arriver à neutraliser les sans conscience et les cupides de ce monde.
Déjà que la perte des gens qu’on aime à un âge vénérable nous cause beaucoup de peine, la perte prématurée d’une personne aimée, nous jette dans une sorte de vide d’où il est difficile de revenir.
j’ai été très touché par votre témoignage car j’ai failli faire subir le même chose à mes deux enfants qui sont agés de 42 et 33 ans respectivement et je m’explique:j’ai 68 ans et à 62 ans on m’a annoncé que j’avais un cancer du poumon et que si je ne prenais aucun traitement pour essayer de combattre,mes chances de survie étaient d’environ 18 mois…ma réponse au médecin oncologue est venue très vite :je vais me battre et je veux la chimio et je veux la radio.c’est très difficile à vivre au début moralement et par la suite physiquement.je suis un survivant et je remercie le ciel à tous les jours;il y a environ 23000 nouveaux cas de cancer du poumon à chaque année au canada et environ 19000 personnes y laissent leur vie.il aura fallu cette maladie pour que j’arrête de fumer…la chimio c’est probablement la meilleure façon de te libérer de cette habitude parce que t’a même plus le goût de manger et en 60 jours tu peux perdre 25 livres…pendant les quelques 50 années que j’ai fumé,j’ai essayé d’arrêter 15 ou 20 fois sans succès.pourquoi?à cause de cette nicotine qui te rends accroché comme c’est pas possible.nous voyons tous les jeunes aujourd’hui qui commence à fumer en pensant comme nous que c’est facile d’arrêter et qu’ils le feront quand ils auront décider de le faire:foutaise ils deviennent accrochés et ne peuvent plus se débarrasser de cette vilaine habitude.les cie disent que c’est un libre choix de fumer,mais quand tu augmentes le taux de nicotine dans les cigarettes pour créer une dépendance, ce n’est plus un libre choix du consommateur qui essaie de cesser cette vilaine habitude parce qu’il sait que c’est nocif pour sa santé et qu’éventuellement il aura à en payer le prix et qu’il aura à en faire payer le prix à tous ses proches qu’il aime.c’est juste injuste!que ceux qui se sont enrichis dans ce système capitaliste qui vise le profit en créant une dépendance chez ses clients,et bien aujourdh’ui,je crois que c’est maintenant le temps qu’ils partagent leur richesse avec ceux qu’ils ont floués,trompés,induit en erreurs.je pense que maintenant les fumeurs et ex-fumeurs devraient être considérés comme des actionnaires et par le fait même être éligibles à de substantiels dividendes.les gens impliqués devraient pensés comme le système fonctionne:verser de généreux dividendes à ceux qui ont contribuer à générer leurs profits comme ils en versent à leurs dirigeants.qu’en pensez vous?
Pas besoin des témoignages des « chercheurs » qui travaillaient pour eux et qui ont avoué avoir conçu les bouts-filtres de manière à ce qu’ils laissent passer beaucoup plus de fumée dans les poumons des fumeurs (parce qu’ils écrasent la cigarette des lèvres et des dents) que dans les appareils des centres de recherche (parce qu’ils savaient que les chercheurs, eux, sont par nature plus soigneux et déposent les cigarettes sans les écraser dans leurs appareils).
Ni des innombrables documents, datés, indiquant qu’ils connaissant l’ampleur des dangers de leurs produits alors que, pendant des années, ils prétendaient que ces dangers n’existaient pas ou étaient « grandement exagérés ».
Deux faits, connus, publics et vérifiables, montrent très bien leur mentalité:
1) Quand les études montrant les dangers du tabagisme (et pas seulement pour les poumons) se sont multipliées et qu’ils devenaient de notoriété publique que la cigarette était dommageable à tellement de titres, ils ont sortis des « cigarettes légères » (ou « douces ») … qui ne contenaient pas moins de nicotine ou de goudron. Induisant sciemment les consommateurs en erreur (il semble que 39% des fumeurs qui ont passé à c nouveau produit l’ont fait pour des raisons de santé (croyant, à tort, qu’elles étaient moins nocives)).
Pire, il semble qu’inconsciemment (quelques fois consciemment) les fumeurs prenaient des bouffées plus longues te profondes pour compenser ce qu’ils croyaient être un taux moindre de nicotine. Et que les cigarettiers le savaient.
Bien sûr, ils n’ont jamais prétendu que les cigarettes « légères » étaient moins nocives pour la santé et que le terme puisse faire référence à autre chose qu’au goût, mais les experts en marketing (et même pas besoin d’être un expert pour le comprendre) savaient très bien que l’appellation était trompeuse (le terme « léger » étant utilisé en alimentation pour dénoter les produits contenant moins de gras et donc, moins dommageable pour la santé).
2) Ils ont aussi sorti, visant directement les jeunes (on parle des 10-12 ans), les fameux cigarillos: petites cigarettes vendues à l’unité (parce que les très jeunes n’ont pas d’argent pour acheter un paquet complet mais peuvent se payer les produits à la pièce dans les dépanneurs comme ils le font avec les bonbons, boissons, etc.) et « parfumés » avec des saveurs diverses. Le tout dans une perspective de présenter un produit comme étant une sorte de friandise.
Mais contenant, sans que cela soit clairement affiché, autant de nicotine et de goudron qu’une cigarette (en fait, c’est pire: c’est un petit cigare, sans filtre).
Bref, une volonté claire de contourner les peurs (justifiées) des consommateurs en leur présentant des produits d’apparence (seulement) moins nocives. Cette volonté de tromper le consommateur sans prononcer directement de mensonges est très révélateur de leur mentalité et des techniques utilisées.
Et dans le cas des cigarillos, le public-cible est les très jeunes. Parler ensuite d’un « choix éclairé » relève du cynisme le plus brutal et d,un manque total d’éthique et de morale.
Écœurant.
Des exemples en effet fort pertinents.
Effectivement, vivre avec un fumeur permet de remettre le « glamour » et le « sex appeal » à sa place! Mon père est un fumeur et quand j’étais petite, le tabac était pour moi synonyme de doigts bruns, de dents noires, d’haleine fétide, de séance de crachage de mucus brun-jaune-noir chaque matin, de quintes de toux continuelles (mon père a la MPOC), de traces de brûlure sur les draps, les taies d’oreiller et les meubles sans parler du tabac qui traîne partout et des cendriers perpétuellement pleins de mégots. Rien pour me donner le goût de fumer, croyez-moi!
L’argent n’a pas d’odeur.
C’était vrai du temps de Vespasien et ça l’est encore aujourd’hui. Voilà pourquoi on vend en toute légalité un produit meurtrier pour trois personnes sur quatre et que l’on vend de l’amiante aussi.
Les coffres de l’état sont insassiables.
Les cigarettiers sont des meurtriers en toute connaissance de cause et les gouvernements sont complices.
Elle est belle notre société.
Bonjour Madame Legault
Merci pour ce témoignage.
J’ai survécu jusqu’à maintenant et depuis… 8 ans? à un cancer du poumon. J’avais 45 ans. Deux enfants dont un de 9 ans… Mon petit frère en est décédé. À 45 ans. Il a laissé dans le deuil sa conjointe et mes parents qui s’en ennuient à chaque jour. C’était un gars formidable, un frère que j’ai aimé tendrement . Des dizaines d’étudiants ont profité de ses enseignements en cinéma à Valleyfield. Il y était prof.
Je fais partie de ce recours collectif. Je ne le dis pas trop fort. Dur de se défendre contre une habitude qu’on savait tous néfaste pour notre santé. C’est ce que l’avocate dit en tous cas. Mais ce tort causé à trop de gens, à trop de familles, à toute la société qui perd ainsi la richesse qu’aurait pu offrir ces gens à la société, il faut que ça cesse. Les compagnies savaient ce qu’elles faisaient. Elles s’adressent maintenant aux jeunes et plus on est jeune, plus on devient vite accroc. Moi, j’ai commencé à fumer vers 14 ans. À 44 ans, quand on a trouvé ce cancer, ça faisait donc 30 ans que je fumais. Et des dizaines de fois que j’essayais d’arrêter.
Maintenant je dois vivre avec la crainte continuelle d’Une récidive. J’espère que les dies de tabac paieront leur part et qu’on les arrête dans leur soif de profit. de plus en plus tournée vers les pays du tiers-monde. Un holocauste est à venir.
Et parlant du «marché alléchant» des jeunes, c’est aussi sans compter le retour de la cigarette dans certains vidéos; l’«affaire» Rihanna http://www.washingtonpost.com/blogs/celebritology/post/rihanna-smokes-cigarette-on-you-da-one-cover-does-it-offend-you/2011/11/11/gIQA3k5XCN_blog.html
Puis, le cas de la série Mad Men et le retour de la cigarette au cinéma.
Bonjour Mme Legault ,
Je ne cherche pas à en rajouter mais allez voir les commentaires sur le vidéo de SunNews de ce jour par les grands journalistes que sont Éric Duhaime et ses collègues .
Le blâme est mis sur ces fumeurs pourtant bien avertis et que toute cette poursuite judiciaire est promue par la gauche et l’ appât du gain .
Je reste toujours estomaqué de voir des Québécois de service comme Duhaime qui travaillent pour Sunnews et toujours encore plus estomaqué de constater que cette concentration de bigots et de poubelle médiatique soit la propriété de Quebecor.
De lire votre billet et d’ écouter le leur nous fait passer d’ un argument sain , logique et intelligent à l’âge de pierre .
Bref, même un sujet aussi incroyablement documenté que le tabagisme et ses effets néfastes sur la santé est promu en plus de lui donné une certaine légitimité .
Chez Harper et Sunnews , tout est insidieux et tout est ramené à la droite contre la gauche même les décès ce ces fumeurs qui pourtant étaient avertis !
Harper, Sunnews, Duhaime , Quebecor …des nains intellectuels .
C’est de l’individualisme exacerbé au point de verser dans le darwinisme social…
Au cours des dernières années j’ai «vu» mourir plusieurs amis dont les poumons étaient dans un piètre état, tués,en partie, par le tabac. La tristesse que je ne cesse d’éprouver m’amène à ressentir beaucoup d’empathie et de sympathie lorsque je lis le bouleversant et «dérangeant» texte de Josée Legault. Il est clair que les cigarettiers sont des crapules et des «crosseurs». Moi qui ne valorise pas l’emprisonnement à tout prix, n’étant pas un adepte de la pensée harperienne, je pense qu’en l’occurrence il devrait y avoir des amendes substantielles, des procès au criminel et d’éventuelles peines d’emprisonnement.
En ce qui concerne MAD MEN, le problème (ou la «réalité») est que cette série télévisée veut témoigner des moeurs qui existaient (et «sévissaient») il y a 40 ou 50 ans. Personnellement je pense que la cigarette fait partie de l’histoire humaine. Alors malgré le comportement odieux et ignoble des chevaliers d’industrie je refuse de cacher et d’éclipser totalement le passé. La cigarette et les fumeurs ont existé pendant longtemps et c’est une «réalité» historique. Il est donc normal que certains films ou certaines séries télévisées présentent des personnages qui fument.
Permettez-moi de revenir sur une histoire que j’ai déjà racontée dans ce blogue. Il y a quatre mois un de mes grands amis, Jean-Marc, un économiste critique et très drôle, est mort, terrassé par le maudit tabac. Un peu avant de mourir (il savait qu’il était «condamné») il m’a téléphoné et nous avons eu une longue conversation. Il m’a dit, entre autres, deux «choses» qui m’ont étonné. Premièrement il m’a dit qu’il avait dégusté et apprécié toutes les cigarettes qu’il avait fumées. Deuxièmement il m’a dit qu’il venait d’avoir 81 ans alors que l’espérance de vie des hommes est de 78 ans. Il venait donc, selon ses dires, de «battre» la moyenne. Mais il m’avait dit quelques jours avant ce coup de téléphone qu’il avait toujours pensé vivre plus longtemps
Les propos de Jean-Marc démontrent qu’il a tombé, malgré sa grande intelligence, dans le piège des cigarettiers dont l’objectif a toujours été de créer et d’entretenir la maudite accoutumance.
Selon les médecins le cancer de Jean-Marc a été précipité par un drame récent. En effet, il était, depuis 30 ans, le voisin d’un vieil ami, Bernard, lequel est mort, tué par son fils, un schizophrène.
Autre note un tantinet étonnante. Dans un livre de Michel Desmurget intitulé TV LOBOTOMIE: LA VÉRITÉ SCIENTIFIQUE SUR LES EFFETS DE LA TÉLÉVISION (livre que m’a conseillé Normand Baillargeon), l’auteur prétend qu’après les poursuites contre les industriels du tabac et après certaines poursuites contre les «promoteurs» de la malbouffe, il y a de nombreuses personnes et groupes qui songent à poursuivre les grands groupes audiovisuels. Ces «contestataires pensent que la télévision a un «caractère addictif», qu’elle a un effet délétère sur la santé psychique, cognitive et somatique de l’enfant et qu’elle crée «un véritable problème de santé publique».
Décidément nous vivons dans une société qui aime créer de nombreuses accoutumances, souvent fort lucratives.
JSB, sociologue des médias
Vaste programme, en effet!…
Tout cela est bien joli mais c’est une épouvantable drogue et nous ne pouvons rien pour en stopper les ravages; j’ai trois filles d’un haut standard intellectuel qui sont totalement accros à cette nicotine et les compagnies de tabac n’y sont pour rien; tout est dangereux; mon père s’est rendu diabétique par une consommation effrénée de boissons gazeuses et l’obésité juvénile n’est rien d’autre que le fruit d’une absorption incontrôlée de noiurritures, souvent mal choisies. Un peu de volonté et de bon sens, de grâce.
Un grincheux de 84 anjs
Il est vrais que de perdre ses parents à cause de la cigarette et de ses méfait bien connu depuis plus de 40 ans est très difficile à prendre, mais la liberté existant personne ne force encore actuellement les fumeurs à fumer.
Les gouvernements font plein de publicité pour dire que c’est mortel et pas rien que pour soi-même mais en permettent encore la vente.
Comparons cela à la conduite en état d’ivresse ou le contrevenant est lourdement puni et demandons nous pourquoi on permet encore la vente de cigarettes et d’articles de tabacs.
L’autre défi est de savoir ce qui est déversé dans notre air par les usines du monde entier et qui flotte dans l’atmosphère terrestre, ces produits chimiques de l’industrialisation à outrance doivent surement aggraver les maladies et allergies respiratoires…
Tout ceci pour vous dire qu’y a pas grand monde qui porte ses culottes quand il sagit d’industrie qui procurent de l’emploi, les gouvernements se taisent facilement quand il sagit des sables bitumineux ou de l’amiante ou de la cigarette. Vouloir demander une punition pour une façon de vivre librement consentie, est pour moi encore une façon de dire que c’est la faute des autres…
Il est primordial que le gouvernement prenne ses responsabilité et mettent le tabac hors la loi, ou vivons avec …
Je comprends votre commentaire. Une des questions posées par ces procès, par contre, est à savoir si, aussi légal soit-il, les compagnies n’ont pas ajouté sciemment des substances qui causent la dépendance physique, incluant en augmentant les doses de nicotine.
Quelle belle forme d’ostracisme ! « Le gouvernement investit des milliards de dollars par année pour contrôler l’opinion publique » – Noam Chomsky. Et on voit le résultat chez Mme Legault. De nombreuses personnes semblent mourir du cancer du poumon sans jamais avoir été en contact avec une cigarette alors que des milliers de « gros fumeurs » n’en meurent jamais. La corrélation cancer/poumon n’est qu’un leurre. Pour la médecine Nouvelle Germanique du Dr. G. Hamer, le cancer du poumon est lié uniquement à un choc émotionnel relié à la peur de la mort dans une circonstance imprévisible, fumeur ou non.Ce qui ne banalise en rien le chimique contenu dans la cigarette.
La colère que Mme Legault porte en elle est plus dommageable que la cigarette elle-même, du fait qu’elle se manifeste de l’intérieure. Croire que c’est l’extérieur qui nous affecte et nous infecte, c’est promulguer l’ignorance d’un membre financé par les sociétés secrètes, en l’occurrence Pasteur, pour qui l’extérieur de soi est la menace principale à la vie humaine, au détriment de son contemporain Béchamp, qui lui avait prouvé tout le contraire. Quelques recherches et approfondissements seraient nécessaires à Mme Legault afin d’éviter de continuer d’émettre de telles inepties !
@Patrice Berthiaume
Malgré ce que j’ai écrit, je comprends votre courroux.
En fait, il y a, dans tout ce débat, plusieurs données. J’en retiens deux.
Premièrement, il est presque certain que les cigarettiers ont tout fait pour susciter l’accoutumance et «l’addiction», ce qui est choquant et dégueulasse.
Deuxièmement il y a, depuis plusieurs années, une diabolisation des fumeurs, tout comme il y a une diabolisation de ceux qu’on SOUPÇONNE d’être sexistes, racistes, homophobes, xénophobes, violents ou je ne sais trop quoi. Il y a une «correctitude» dévastatrice qui ne cesse de faire des ravages et d’imposer une «moralité» gnangnan et cucul qui se base sur un moralisme enragé et sur un «vertuisme» délétère.
Un livre intéressant a été publié dans la collection FLAMMARION-ANTIDOTE. Le titre: «Fumer tue: peut-on risquer sa vie?». À l’endos de ce livre on peut lire ceci: «Contre les campagnes d’infantilisation en tout genre, ce livre renoue avec les délicates nuances de l’art de fumer et introduit à la métaphysique de la clope.»
Le but de la collection ANTIDOTE est le suivant: «Halte aux consensus mous, aux fausses évidences, à l’opposition stérile des experts! Bienvenue à tous ceux qui veulent se construire un avis par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Impertinents et critiques, ces petits antidotes leur sont dédiés.»
En passant l’auteur s’appelle (je n’y peux rien!) Guillaume Pigeard De Gurbert.
JSB
@M. Baribeau
Merci pour la référence littéraire. Il me faut cependant préciser que dans le pot, la cocaïne et autres drogues, il n’y a pas, à ce que je sache, de substance ajouter pour susciter l’accoutumance et « l’addiction » et pourtant !!! De même en va-t-il pour certains aliments, le sexe, les boissons, etc. Alors cette hypothèse et postulat, qui semblent s’appliqués à la cigarette, ne tient pas la route.
Dans certaines disciplines des sciences humaines, l’accoutumance, « l’addiction », la dépendance, se traduit par compensation. N’en déplaise aux pourfendeurs du tabac, chacun compense à sa manière et et cette pseudo-dépendance n’est que secondaire dans l’idée d’une compensation puisqu’une compensation en vaut une autre et que nous choisissons celles qui nous « convient » le mieux.
Patrice Berthiaume, vous avez tout à fait raison. Toutes ces questions sont complexes et non pas simplistes. Je suis en train de préparer un texte sur l’odieux et affreux concept de TOLÉRANCE ZÉRO, ce concept qui est totalitaire et dictatorial.
JSB
Alors là, vous me faite vibrer. J’aimerais bien que vous me fassiez part de ce projet, si possible, dès qu’il sera prêt. Merci
J’essaierai de vous le faire savoir lorsque mon texte sera à point et publiable.
JSB
@patrice Berthiaume
La « nouvelle médecine germanique » est aussi connue sous le nom de « biologie totale » qui a faussement persuadé bien des gens qu’ils pouvaient guérir d’un cancer sans traitement médical, uniquement en travaillant les causes psychologiques. Ils sont morts d’avoir cru à ces conneries. Ça ne vous rend pas très crédible à mes yeux. La désinformation, c’est bel et bien vous qui la faites.
Les liens entre le cancer du poumon et la cigarette, ce n’est pas un leurre du tout, c’est bel et bien réel. Vous osez dire ça à Mme Legault qui a perdu ses deux parents de cette façon, ayoye!
Je connais des gens qui ont eu le cancer du poumon et qui étaient fumeurs ou abondamment exposés à la fumée secondaire (ce qui malheureusement revient à peu près au même), ou encore d’autres cancers directement attribuables à la cigarette comme le cancer de la gorge ou de la langue, ou encore de maladies respiratoires chroniques. Il n’y a aucun doute que le tabac a causé leur situation. Il est évident qu’il y a également des gens qui n’ont jamais fumé et qui ont le cancer du poumon; ne pas fumer réduit (considérablement) les risques, mais ne les élimine pas. Même chose d’ailleurs pour l’immense majorité des cancers, on peut réduire ses facteurs de risques mais personne n’est à l’abri. Oui, de nombreux fumeurs n’ont jamais de cancer du poumon, mais ils subissent quand même des effets de la cigarette (car le cancer n’est pas le seul).
Mais bon, je parle à quelqu’un qui valorise une approche médicale selon laquelle le cancer du sein est causé par le départ d’un enfant ou la mort d’un chien (si je me souviens bien du reportage) alors je perds probablement mon temps. Mais ça fait du bien quand ça sort.
Je souhaite que la cigarette devienne un jour illégale, comme ce serait logique qu’elle le soit. Je doute que la contrebande prendrait si facilement le relais – le tabac n’est pas comme du cannabis qui peut croître dans des serres hydroponiques dans des sous-sols. C’est une grande plante qui pousse dans de grands champs au soleil, assez reconnaissables, alors ce serait compliqué d’en dissimuler la culture. Pis les cigarettes de contrebande, il faudrait que les fumeurs les fument en cachette, ça éliminerait tout au moins les nuages toxiques à l’entrée des édifices et enfin, les non-fumeurs pourraient profiter des terasses l’été… Mais bon, je rêve. Jamais un gouvernement n’aura assez de c…
Mon père est né avant la seconde guerre mondiale et il fumait ses quatre paquets d’Export « Plain » par jour; il a cessé de fumer peu après son trentième anniversaire de naissance.
Récemment, je lui ai demandé s’il comprenait que la cigarette posait un risque à sa santé à l’époque?
Il m’a répondu: non.
Né au milieu des années ’60; j’ai fumé pendant vingt ans.
Mieux informé que mon père, j’ai, moi aussi, un jour décidé d’arrêter. En fait, j’ai cessé de fumer lorsque les désagréments dû au tabagisme en vinrent à prendre plus de place que ses agréments…
Il y a plus de dix ans de cela.
Je ne tire aucune fierté particulière du fait d’avoir cessé de fumer, pas plus que je n’ai honte d’avoir fumé pendant plus de vingt années et je ne me souviens pas, non plus, d’avoir fumé de mauvaises cigarettes…
Arrêter de fumer c’est difficile à faire, mais on peut y arriver.
Enfin, que les cigarettiers ait eu recours à des entourloupes pour accroitre la dépendance des fumeurs ne devrait pas nous étonner outre mesure me semble-t-il. C’est dégueulasse mais cela me semble être en phase avec leur raison d’être: soit d’accroître les profits à tout prix.
Au delà de tous ces gens éprouvés par la perte d’êtres chers, au delà de la fourberie des cigarettiers, je m’inquiète surtout de vivre dans une société où le tabagisme est perçu comme un outrage public et ou la tolérance à l’égard de qui ne s’inscrit plus dans la norme part de plus en plus en fumée…