A Perfect Murder : Trio infernal
Cinéma

A Perfect Murder : Trio infernal

Lorsque Alfred Hitchcock porta à l’écran Dial M For Murder, en 1954, il savait très bien (et l’avoua d’ailleurs plus tard à François Truffaut) qu’il n’allait pas trouver, dans cette pièce de théâtre de Frederick Knott, le type de défi visuel qui faisait la marque de ses meilleurs films. Il ne faut donc pas s’offusquer outre mesure de voir Hollywood piller à nouveau son passé pour nous offrir – via Andrew Davis (le metteur en scène du Fugitif) – une nouvelle adaptation de cette pièce, intitulée A Perfect Murder. D’autant que cette version n’a plus grand-chose à voir avec l’originale, et qu’elle lui est même (quitte à choquer les puristes) supérieure à certains égards.

L’adaptation habile de Patrick Smith Kelly conserve à peu de choses près les données de base de la pièce: un homme riche (Michael Douglas, en grande forme) découvre que sa jeune épouse (Gwyneth Paltrow) a une liaison avec un artiste (Viggo Mortensen). Il en profite alors pour faire à l’amant une offre surprenante: «Aidez-moi à tuer ma femme, et je vous donnerai un demi-million de dollars.»

Dès lors, la nouvelle version diffère sensiblement de l’ancienne; là où la première suivait sagement la mécanique habile (mais assez prévisible) d’un huis clos théâtral, la seconde nous plonge dans les rouages d’une intrigue qui multiplie (parfois même un peu trop) les surprises et les revirements. Avec des résultats vertigineux…

Ajoutez une héroïne moins passive et plus volontaire, une ambiguïté morale bien contemporaine, et une de ces fins-surprises devenues inévitables aujourd’hui, et vous avez une adaptation prenante et efficace, un thriller relativement adulte et subtil. Le tout drapé des décors somptueux de Philip Rosenberg et des costumes superbes d’Ellen Mirojnik, d’une d’élégance qui embellit même les machinations les plus sordides. Seules fausses notes: une fin qui pousse le bouchon un peu trop loin et une musique (signée James Newton Howard) qui frappe vraiment trop fort. Pour le reste, ce suspense efficace s’impose d’emblée comme l’un des meilleurs spécimens d’un genre qui a passablement perdu de son éclat depuis la disparition des thrillers élégants d’Alfred Hitchcock.

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