The Last Days of Disco-Whit Stillman : Disco toc
Whit Stillman aime bien dire que ses films parlent toujours de deux choses: «Le besoin d’appartenir à un groupe d’amis et les problèmes que cela entraîne quand on tombe amoureux». On ne s’étonnera donc pas que l’auteur de Metropolitan et de Barcelona ait choisi de conclure sa première trilogie par The Last Days of Disco, un film qui aborde les relations d’un groupe de jeunes yuppies amoureux, gravitant autour d’une grande discothèque new-yorkaise du début des années 80.
Pour Whit Stillman (joint par téléphone à Toronto), ce troisième film répond à deux envies différentes: «D’abord, le désir de raconter la vie de jeunes adultes qui débarquent à Manhattan pour chercher leur premier boulot, et leur premier appartement. Ensuite, la volonté de réhabiliter une époque que j’ai beaucoup aimée: celles des grands clubs disco, comme le Studio 54 ou le Xenon.»
Fusionnant ces deux idées, Stillman a conçu l’histoire de deux jeunes femmes – la timide Alice (Chloe Sevigny) et la cruelle Charlotte (Kate Beckinsale) – qui débarquent à New York, au début des années 80, pour travailler dans une maison d’édition, et qui passent leurs soirées dans une discothèque où elles se lient à plusieurs hommes: parmi eux, un collègue de travail qui milite ardemment contre la musique disco (Matt Ross); un don Juan qui prétend être gai pour mieux séduire les femmes (Chris Eigeman); et deux jeunes avocats (Robert Sean Leonard et Matt Keeslar) qui se fondent aux danseurs pour enquêter de plus près sur les trafics illégaux du propriétaire de l’endroit. Bref, le cocktail habituel de jeunes professionnels intellos, snobinards et friqués, cher à Whit Stillman, parlant et dansant au rythme d’une bande sonore qui rassemble 29 des plus grands succès de l’époque.
Malheureusement, les ingrédients qui faisaient le charme de Metropolitan et de Barcelona prennent beaucoup moins bien ici. Pourquoi? Peut-être parce que le scénario a de la difficulté à jongler avec un trop grand nombre d’histoires parallèles. Peut-être aussi parce que ses protagonistes n’ont plus l’ironie qui faisait la force des premiers films. Ou peut-être tout simplement parce que ces personnages bavards et réprimés se fondent mal à un monde aussi éclaté et sensuel. Toujours est-il que le film finit par ressembler à ses héros: à la fois brillant et insupportable, terriblement straight, et extrêmement bizarre. Comme si les personnages d’un film de Rohmer débarquaient subitement dans Saturday Night Fever.
Restent des dialogues pétillants, d’excellents acteurs, et l’impression désagréable que l’auteur a complètement miné un sujet déjà mince au départ. Stillman affirme d’ailleurs que The Last Days of Disco signale son adieu au genre puisqu’il s’apprête à réaliser «un grand film d’époque qui se déroulera en 1780». Un changement d’univers attendu pour ce cinéaste incontestablement brillant, qui semble s’être momentanément perdu dans cette évocation figée de l’âge du disco.
Dès le 12 juin
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