TwentyFourSeven : Direct au cour
Les premiers films sont comme les premiers romans: on parle beaucoup de soi et on veut tout caser, ses maigres souvenirs comme ses grandes ambitions. Ce qui n’est pas forcément mauvais, surtout quand le style y est. Le Britannique Shane Meadows, déjà auteur de courts métrages remarqués (Where’s the Money Ronnie? et Small Time), propose avec son premier long métrage, TwentyFourSeven, une chronique sociale réaliste, généreuse et intelligente. Le film a séduit le dernier Festival de Venise, où il a reçu le prix de la Fipresci.
Dans une petite ville anglaise, un homme, Alan Darcy (Bob Hoskins), remonte un club de boxe, pour réveiller et donner un but à une jeunesse plus que désouvrée, qui s’emmerde 24 heures par jour et 7 jours par semaine… Filmé en noir et blanc, TwentyFourSeven renvoie tout de suite aux souvenirs, pour un concentré d’adolescence. Le réalisateur parle des caractères qu’il connaît, des copains qui n’avaient que le foot comme divertissement, d’un microcosme qui fonctionne toujours par la violence, l’ennui et l’alcool.
Une image très belle, précise et claire, des cadrages travaillés, et une lumière nuancée transportent d’emblée le spectateur dans un monde connu, celui d’un passé recomposé. Rien n’est étranger dans ce film. On y retrouve cet humour sous-jacent à toute situation épineuse, cette faculté de torsion qui fait rire de la vie quand celle-ci n’est pas comique. Britanniques et Irlandais en font presque une marque de commerce. Mais, encore une fois, l’émotion passe et les acteurs sont étonnants. Avec un style à la fois léger et marquant, comme un boxeur qui sautille sur un ring, une aptitude à capter les regards et les moues, Meadows travaille avec aisance sa «matière première».
Sa plus grande réussite est d’avoir choisi Bob Hoskins. Avec finesse et force, l’acteur anglais prend toute la place: une masse de générosité, un bouledogue sympathique. Entraîneur un peu naïf, qui veut aider quelques gars paumés; guide plutôt joyeux, qui veut apprendre l’enthousiasme du jeu et la canalisation de la rage. Mais nous sommes loin de The Full Monty. Plus de finesse, d’intelligence, de demi-teintes nous rapproche de la nostalgie, sans y tomber cependant. Il y a une certaine grâce dans ce film, une poésie du quotidien qui vient du cour, et une énergie personnelle qui donne envie d’en voir plus…
Au Cinéma Du Parc
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