A Friend of the Deceased : Tueur en série
Cinéma

A Friend of the Deceased : Tueur en série

A Friend of the Deceased, une coproduction Ukraine-France réalisée par Vyacheslav Krishtofovich, repose sur une prémisse qui a déjà nourri plusieurs films, de J’ai engagé un tueur à Bulworth: un homme désespéré retient les services d’un tueur à gages pour se faire éliminer, puis change d’avis sans toutefois pouvoir rejoindre l’assassin qu’il a engagé.

Cette fois, le désespéré en question est un traducteur au chômage (l’excellent Alexandre Lazarev), soudainement confronté à l’infidélité de sa femme et à la difficulté de se trouver un emploi. Lorsqu’un vieil ami (Evgeni Pachin) lui suggère de faire assassiner sa femme, le traducteur hésite, puis finit par retenir lui-même les services d’un tueur à gages. Mais une rencontre fortuite avec une jeune prostituée (Tatiana Krivitskaia) le fait vite changer d’idée, et l’incite à engager un second tueur pour éliminer le premier…

Si cet argument burlesque suggère d’emblée une mise en scène comique, le réalisateur s’en sert plutôt (et c’est la seule originalité du film) comme point de départ d’une métaphore sociale et politique, où le comique de situation attendu cède la place à un traitement sérieux et mélancolique; petites scènes grises sur la misère désespérante de l’ex-Union Soviétique; portraits des mille et un rackets désormais nécessaires pour survivre; superbes images en clair-obscur de Vilen Kolouta; musique doucement lancinante de Vladimir Gronski…

Si ce traitement parvient à donner une profondeur insoupçonnée au scénario d’Andrei Kourkov (et explique dans une large mesure l’enthousiasme de la presse américaine pour ce portrait tragicomique des affres de l’ex-Union Soviétique), il ne suffit cependant pas à transformer l’argument grotesque d’une comédie absurde en une métaphore fertile sur l’état actuel du pays. Avec le résultat qu’A Friend of the Deceased reste ni plus ni moins qu’une petite comédie attachante, souvent enrichie par un traitement sensible, qui ne peut toutefois pas transcender les limites d’une intrigue extrêmement prévisible.

Au Cinéma du Parc
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