Cinéma

Ce soir tout est permis : Ténu de soirée

Ouf. Heureusement que je ne suis pas entré dans le cinéma avec l’espoir d’y découvrir le sens de la vie. J’aurais été déçu. A vrai dire, Ce soir tout est permis, version française de Can’t Hardly Wait, n’a vraisemblablement pas été conçu pour le philosophe moyen. Plutôt pour l’adolescent moyen qui vient de terminer l’école. Et dans cette optique du divertissement sans prétention, l’effet est assez réussi. Léger comme l’hélium qui gonfle la poitrine des actrices (ah, Hollywood…), mais distrayant comme une journée à la Ronde. Ou comme une partie de bowling pour laquelle on serait tous déguisés en clowns (tous les goûts sont dans la nature…).

Mise en situation. C’est la fin des cours au Huntington Hill High School. Et qui dit fin des cours dit méga-party dans une énorme maison… Donc, je m’en vais au méga-party, et je mets dans mon panier: Mike (Peter Facinelli), l’étalon populaire de type conventionnel, 6 pieds, 200 livres, probablement joueur de football, et assurément extra-populaire; Amanda (Jennifer Love Hewitt), la jolie copine de Mike depuis quatre ans, mais dont on apprend qu’elle vient tout juste de se faire larguer par le beau mâle; Preston (Ethan Embry), le timide de service qui, malgré le fait qu’il ne lui a jamais adressé la parole, est amoureux fou d’Amanda, et voit là l’occasion idéale de bouger. Joli panoplie…

Et comme il y a encore plein de place dans mon panier, rajoutons la fatigante qui veut faire signer son album de finissants par tout le monde, l’asociale qui s’est fait traîner de force et qui s’emmerde, le gars qui s’est fixé l’objectif de perdre sa virginité au cours de la soirée, et le nerd qui a concocté un plan pour se venger de Mike et de toutes les souffrances qui lui ont été infligées. Mélangez bien, saoulez tout le monde, enfermez-en deux qui se détestent dans une salle de bain pour qu’ils apprennent à s’aimer, et vous avez le portrait.

Étrange, j’ai l’impression d’avoir déjà vu ça à la télé en 1986. Et en 1989. Et en 1992. Une formule éprouvée, et un fil conducteur si mince qu’à côté, Kate Moss a l’air d’un camion. Et pourtant c’est divertissant. Mais pourquoi? Il y a bien quelques blagues qui font sourire, mais ce n’est rien pour se rouler par terre. Ni pour écrire à sa mère. Ni même pour rouler sa mère par terre. Alors pourquoi diable sort-on de ce film avec l’étrange impression de s’être bien amusés?…

En fait, c’est assez simple. L’énergie de ce film à petit budget fascine. Donnons le crédit aux réalisateurs Harry Elfont et Deborah Kaplan, dont c’est le premier film et qui ont su faire de ce faux party une vraie fête. L’ensemble des acteurs donne l’impression de s’amuser réellement, de s’éclater. Comme s’ils étaient tous vraiment saouls. Comme s’ils avaient tous vraiment du fun. Beaucoup d’exagération dans le jeu de certains comédiens, particulièrement dans le cas de Seth Green en Don Juan raté, mais l’occasion s’y prête.

Et surtout, ça n’arrête jamais. Du bruit, du mouvement, de l’énergie mur à mur. Et une trame sonore tout à fait appropriée, avec entre autres des pièces de Smash Mouth et Third Eye Blind. Mine de rien, dans l’arène des films sans prétention, Ce soir tout est permis se défend plutôt bien.
Sauf que pour le sens de la vie, faudra repasser.

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