Passion in the Desert : Le beau et la bête
Cinéma

Passion in the Desert : Le beau et la bête

Beau mec, belle bête et beau paysage: trois raisons pour aller voir Passion in the Desert. Drôle de film, pourtant. On en sort peu convaincu, mais rassasié de désert et de film animalier.

Lavinia Currier a décidé de mettre en scène ce petit roman d’Honoré de Balzac. En bref, il s’agit de l’histoire d’un soldat napoléonien, Augustin Robert (Ben Daniels), paumé dans le bourbier de la campagne d’Égypte. Devant escorter Venture de Paradis (Michel Piccoli), un artiste qui recense les monuments, il se retrouve bientôt seul et perdu dans le désert. A moitié mort, il se réfugie dans une grotte où loge une femelle léopard. L’homme et la bête vont non seulement se comprendre, mais s’aimer. Enfin, jusqu’à un certain point non censuré.

Currier a mis sept ans pour réaliser ce long métrage. Une idée fixe qui va dans le sens de sa carrière, très tournée vers l’écologie et les grandes ouvres (elle a reçu un prix du dalaï-lama pour son engagement dans la cause tibétaine). Elle a fouillé toutes les dunes sahariennes avant de trouver l’endroit idéal: la cité de Petra en Jordanie. Ils aboutissent tous là. Elle a fait dresser trois léopards, presque depuis leur naissance, pour les besoins du film. La belle femelle aux yeux d’ambre est en fait un mâle, nettement plus sympa avec l’acteur que ses deux sourettes.

Enfin, elle a pris son temps pour trouver son soldat qui, dans le livre, est brun et méditerranéen. Elle a donc choisi un grand blond athlétique aux yeux bleus. Peu importe, le gros chat l’aime et, tout nu sur un rocher, il passe très bien.

Pourquoi encore un film sur la magie du désert, le mystère des Touaregs et le bouleversement que cela engendre chez l’Européen cartésien? Rien de nouveau depuis Lawrence of Arabia au cinéma ou Un thé au Sahara en littérature. L’image est forcément belle, quoique moins majestueuse que dans The English Patient. Il reste Piccoli, qui ne dédaigne pas jouer les rôles d’allumé. Son improvisation finale est tout à fait digne de lui.
Et il reste une histoire peu banale, bien que peu crédible, traitée sur le mode de l’image. Loin des mots et des descriptions de Balzac, elle perd en magie et en sensualité.
Mais on rit parfois: quand la bête va batifoler avec un mâle de sa race, le héros mange ses bas. Elle rentre au bercail et lui, les dents serrées, lance: «Where have you been?» Cocasse, le nouveau triangle amoureux. Enfin, le félin est sensuel par nature, et l’acteur, par talent. Monsieur et Madame Cat People forment un très beau couple.

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