Cousin Bette : Liaisons malheureuses
Cinéma

Cousin Bette : Liaisons malheureuses

En une saison où les blockbusters se suivent comme des voitures à la sortie de l’usine, les cinéphiles en manque d’ouvres substantielles risquent fort d’être attirés par un film comme Cousin Bette. Après tout, cette adaptation d’un roman de Balzac (la seconde en deux semaines, après Passion in the Desert) affiche une distribution intéressante (Jessica Lange, Elisabeth Shue, Bob Hoskins…), un réalisateur prometteur (le metteur en scène de théâtre respecté Des McAnuff), et un sujet qui évoque des comparaisons (que la publicité exploite d’ailleurs) avec Les Liaisons dangereuses…

Malheureusement, l’histoire de cette vieille fille aigrie (Jessica Lange, très inégale) qui use de mille stratagèmes pour se venger de l’ingratitude d’une famille de nobles de 1840, a été adaptée et mise en scène sans l’ombre d’un point de vue ou d’une vision cohérente. Prenant beaucoup de libertés avec le livre de Balzac (ce qui n’est pas, en soi, un défaut), les auteurs ont tenté de faire un film qui soit à la fois une histoire de vengeance vénéneuse et un mélodrame classique, une comédie de mours alliant le grotesque au subtil, et un portrait assassin de l’aristocratie. Bref, un film qui parviendrait à être en même temps Lorna Donne et Moll Flanders, Tom Jones et Les Liaisons dangereuses.
Le réalisateur n’a toutefois pas le doigté, la subtilité et la technique nécessaires pour rendre justice aux différents genres qu’il aborde, et il possède encore moins la capacité de négocier les changements de ton qui permettraient de les entremêler de façon satisfaisante. Son film (ainsi que le jeu de ses acteurs) passe donc constamment (et maladroitement) de la satire édentée au mélodrame artificiel, et de la farce criarde au portrait de société primaire.

L’excentricité même de ce curieux mélange fait que le film est rarement ennuyant, et la photo d’Andrzej Sekula, la musique de Simon Boswell et les costumes de Gabriella Pescucci confèrent à l’ensemble une certaine élégance. Mais ces qualités ne suffisent pas à racheter les défauts d’un film complètement éclaté, qui se cherche et nous perd sans jamais se trouver. Un drôle de drame historique qui est aux Liaisons dangereuses ce que Benny Hill est à Sacha Guitry.
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