Go Now : Drôle de drame
Cinéma

Go Now : Drôle de drame

Au moment où l’on va découvrir I Want You, le dernier film du Britannique Michael Winterbottom, sort un de ses «vieux» films, Go Now, réalisé en 1995, avant le glacial Jude et le cynique Welcome to Sarajevo. Drôle de drame que ce Go Now. On devrait être touché par ce genre de récit, mais il y a erreur dans l’émotion.

On y raconte l’histoire simple de Nick (Robert Carlyle), un Écossais sympathique qui prend la vie du bon côté. Il a des amis sincères avec qui il joue au foot, de gentils parents et un nouvel amour solide, Karen (Juliet Aubrey). Après avoir emménagé avec sa douce, il se met à avoir des problèmes physiques, la vue qui baisse, les membres qui s’affaiblissent, etc. Il est atteint de sclérose en plaques. Panique à bord. Nick, sa belle et son entourage doivent apprendre à composer avec la maladie. Et voilà!
On croirait à une commandite de l’Association de la sclérose en plaques. Non pas que ce soit un cours sur le pourquoi et le comment de la maladie, mais, point central du film: on démontre comment elle agit sur le corps et sur l’esprit, sur soi et sur les autres. Si les maladies fatales peuvent faciliter la construction d’un drame (de Terms of Endearment à It’s my Party), il en est visiblement de même pour des maladies encore incurables, sclérose en plaques ou syndrome de Tourette, moteur du récent film Niagara, Niagara.

Mais le drame de Go Now manque d’attaches solides et oscille de façon malhabile entre en rire ou en pleurer. On pourrait avancer que la force de l’amour permet bien des miracles. Dommage, dans ce cas, que la mise en images de l’amour entre Karen et Nick soit aussi gauche. On pense qu’ils s’aiment, mais la démonstration est mal ficelée, et cela rend bancale une finale convenue. Par des arrêts sur image et des légendes moyennement comiques, Winterbottom construit un petit monde joyeux autour de Nick. Grandes gueules et bons buveurs, ils sont tous des caricatures de ce qu’on attend de la camaraderie et de la famille à la sauce britannique. Seul le personnage de Karen, hésitant entre un amour en chaise roulante et un ex riche et en bonne santé, a quelque chose d’original.

Cet entourage peint à gros traits et de façon tout à fait conventionnelle est censé désamorcer la maladie, rendue deux fois plus terrible par un jeu très physique et trop forcé de Carlyle (le petit sec de The Full Monty). Il se débat seul, paumé avec sa santé défaillante, noyau dramatique qui se fond mal à la joie environnante. Les copains exultent au foot, Nick passe dans le scanner. Là aussi, Winterbottom tourne les coins ronds pour les besoins de la cause. Les médecins en prennent pour leur grade: ils annoncent un diagnostic de maladie grave par téléphone, mangent un sandwich d’un air détaché devant le patient, ne parlent pas de médicaments…
Bref, on se demande pourquoi Winterbottom a voulu faire un film sur ce sujet. Et venant de lui, le film reste sans chaleur.

Au Cinéma Du Parc
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