Marcello Mastroianni: Je me souviens : Soleil d’Italie
Tourné trois mois à peine avant sa mort, sur le plateau de son 17e et dernier film (Voyage au bout du monde, de Manoel de Oliveira), Marcello Mastroianni: Je me souviens est un autoportrait simple, rieur et sans prétention, où le regretté acteur déroule nonchalamment le fil de ses souvenirs, sous la caméra discrète et aimante d’Anna Maria Tatò, la réalisatrice de Desiderio et la femme qui a partagé les vingt-deux dernières années de sa vie…
… Je me souviens (qui est présenté en version originale italienne, avec sous-titres français) prend donc la forme toute simple d’une série de tableaux où l’acteur (filmé dans un jardin, sur le plateau, en voiture ou à flanc de montagne) partage (de façon apparemment improvisée, mais avec rigueur, justesse et concision) son parcours professionnel et sa vision du métier (les amateurs de potins feront mieux de se rabattre sur Roger Vadim).
En route, Mastroianni nous fait revivre sa jeunesse, ses premiers souvenirs de cinéphile, ses aventures de figurant à Cinecitta et ses expériences avec De Sica, Visconti, Ferreri et Fellini. Il évoque aussi (pudiquement) ses relations avec ses parents, son frère Ruggero (un célèbre monteur, décédé quelques mois avant lui) et quelques illustres collègues (dont Vittorio Gassman et Giuseppe Rotunno, qui a assuré la direction photo du film). Le tout, en égratignant au passage son image de latin lover (qu’il détestait souverainement) et en livrant quelques réflexions précises sur Tchekhov, Diderot, l’Actor’s Studio et la télévision…
Au fil d’un montage agrémenté de fascinants (mais trop rares) documents d’archives (dont des extraits de Bloc-notes d’un cinéaste, un documentaire que Fellini avait tourné pour la NBC, en 1969, où l’on voit un test réalisé pour leur projet avorté, Le Voyage de Mastorna), … Je me souviens devient un film à l’image de son sujet: à la fois séduisant et modeste, sage et insouciant, émouvant et pudique, mélancolique et souriant. Bref, doux comme un après-midi ensoleillé passé dans un jardin au bord de la mer, à contempler les souvenirs d’une vie qui semble avoir filé comme un rêve.
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