Out of Sight : Se rincer l’oil
Il faudrait décerner une médaille à George Clooney pour son habileté à rendre une salle de cinéma complètement silencieuse. Il faut dire qu’au moment du recueillement, il enlève sa chemise et dévoile un torse aux proportions très calibrées… Bon. On respire. Cela dit, Out of Sight est plutôt agréable à regarder. Steven Soderbergh (monsieur Sex, Lies and Videotapes) s’est adjoint un grand nom du roman noir et du thriller, Elmore Leonard, auteur entre autres de Touch, de Get Shorty et de Hombre, en 67! Ce dernier a aussi fortement aidé Tarantino pour Jackie Brown.
En gros, Clooney est un voleur de banques à répétition. Accompagné de son copain (Ving Rhames), il s’enfuit d’un pénitencier du Sud et prend en otage une femme flic qui passait par là (Jennifer Lopez). Tout ce beau monde file à Detroit où se prépare un gros coup. Clooney essaie de se concentrer sur les tordus qui sabotent tout; et Lopez se concentre uniquement sur George.
Le film est un excellent produit de marketing. On prend deux sex-symbols, Batman et Selena, et on voit si la magie sexuelle agit. Le duo fonctionne bien, il parvient même à être torride, sans que l’on n’appuie gratuitement sur les scènes de lit. Les deux héros font tilt à l’écran. On ajoute une bonne histoire et une façon de faire qui n’est pas déplaisante, et cela donne un vrai divertissement.
Présenté en bande-annonce comme un thriller érotique qui pète de partout, Out of Sight s’avère plus fin et plus drôle qu’il n’y paraît. Film policier classique qui pourrait verser dans le sérieux, l’ennui et le dramatique, il offre ce dosage humoristique déjà manifeste dans Get Shorty. Dès la première scène, on comprend le personnage, ses habitudes, son caractère et sa manière peu conventionnelle de procéder. De flash-back en fantasmes, d’arrêts sur l’image en découvertes de cameos, Out of Sight surprend son auditoire. L’histoire est simple, mais le traitement décousu et les surprises à chaque tournant la rendent séduisante.
Clooney n’est pas un acteur hors pair, mais ce film passera à l’histoire dans sa carrière parce qu’il lève enfin la tête. Il endosse parfaitement le genre de héros que pouvaient personnifier Paul Newman ou Steve McQueen dans le bon vieux temps: un gars malin, sûr de lui, qui ne montre pas sa peur, peu bavard mais grand sourieur, toujours prêt à faire les 400 coups, mais désarmant dans sa gaucherie, acceptant les allers et retours au pénitencier avec la même résignation boudeuse que McQueen dans La Grande Évasion.
Quant à Jennifer Lopez, plastique impeccable, elle joue un flic tout à fait crédible, en tailleur mode, talons très hauts et maquillage sophistiqué. Le flic de base, quoi. Les personnages secondaires sont bien gratinés, signature humoristique des auteurs, dont Albert Brooks avec diamants et moumoute, Steve Zahn, entre deux joints, et Don Cheadle en fou dangereux et piètre boxeur.
On se rit du genre et du sérieux. Personne n’est méchant, ce sont juste des nuls. Les voleurs sont des gentlemen cambrioleurs, les bons sont ridicules, et les brutes épaisses. Un monde à l’envers qui n’a ni queue ni tête, mais qui fait passer un bon moment.
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