André Forcier (Qc / 1982) : Au clair de la lune
Par une nuit d’hiver glaciale, un ex-champion de quilles devenu homme-sandwich (Guy L’Écuyer) croise le chemin d’un arnaqueur albinos (Michel Côté) qui jongle avec les illusions. Partant de cette rencontre insolite entre un petit naïf et un grand cynique, André Forcier signait, en 1982, une superbe histoire d’amour et d’amitié, où le fantastique et la poésie, qui ont toujours été présents dans ses films, s’exprimaient de façon plus évidente et encore plus libre. Passant allègrement du presque documentaire au surréalisme, Forcier nous plonge dans un univers à la fois quotidien et fantastique, où les voitures deviennent des dragons et où les albinos viennent de l’Albinie! Saluons donc la «ressortie» sur vidéo de cette fable drôle et émouvante sur l’amitié et l’illusion, et la chance qu’elle nous donne de revoir le tandem formé par Michel Côté (en grande forme) et ce comédien unique qu’était Guy L’Écuyer.
Wag The Dog
Barry Levinson (É.-U. / 1997)
Pour sauver le président des États-Unis d’un scandale sexuel, un expert en communication (Robert De Niro) et un producteur hollywoodien (Dustin Hoffman) montent une guerre contre l’Albanie afin de détourner l’attention des médias… Anticipant curieusement l’«Affaire Lewinsky», cette comédie satirique de Barry Levinson arriva sur les écrans au moment où les États-Unis menaçaient de repartir en guerre. C’est dire la pertinence de cette farce énorme, mais souvent juste et jouissive, sur la manipulation des médias et la naïveté du public, les firmes de sondage et l’exploitation du patriotisme. Dommage que la mise en scène ne soit pas toujours à la hauteur de l’idée, et que le scénario dérape parfois dans la seconde moitié. Restent les plaisirs d’une satire mordante qui frappe souvent la cible, et qui témoigne d’une lucidité et d’une mauvaise humeur toniques.