

Armageddon : Big Bang
					
											Georges Privet
																					
																				
				
			Après la grosse boule en papier mâché qui dort devant le  Loews, les nouveaux desserts en forme d’astéroïdes lancés par  McDonald’s, et tous les gadgets publicitaires que peuvent  acheter 100 millions de dollars (à ajouter aux 150 millions  qu’a coûté le long métrage lui-même), voici enfin Armageddon ±-  le film dans lequel Bruce Willis et une douzaine de foreurs  durs à cuire sont envoyés dans l’espace pour tenter de faire  exploser un astéroïde qui menace la Terre…
  Produit par Jerry Bruckheimer et réalisé par Michael Bay (tous  deux experts en gros cailloux depuis The Rock), Armageddon est  moins un film qu’une recette de blockbuster réduite à sa plus  simple expression: un vaste shaker dans lequel on a jeté,  pêle-mêle, d’énormes quantités d’ingrédients empruntés à  Meteor, Les Douze Salopards, Top Gun et une demi-douzaine  d’autres films, sans se demander si les doses étaient  appropriées ou si le mélange serait même comestible. Un peu  comme s’il suffisait de reprendre tout ce qui avait déjà marché  en triplant les portions pour arriver à un film sûr de  satisfaire le client.
  Malheureusement, le cocktail est passablement indigeste, et  devient même carrément toxique lorsqu’il est brassé par un  faiseur aussi inepte que Michael Bay – le grand-maître de la  caméra hyper-active, des éclairages stroboscopiques, du ralenti  publicitaire et du montage épileptique. Ajoutez une  chanson-thème braillarde du groupe Aerosmith, la musique  patriotico-pompière de Trevor Rabin et une durée de deux heures  et demie, et vous avez un film qui brasse le spectateur comme  le contenu d’un malaxeur ou le sujet d’un curieux test  d’endurance visuel et auditif. Le tout, sans la moindre trace  du plaisir et de la finesse qui distinguent un tour de  montagnes russes d’une soirée de matraquage sensoriel.
  Gigantesque pastiche qui s’ignore (imaginez Deep Impact refait  par l’équipe d’Airplane), Armageddon réduit la fin du monde aux  dimensions d’une pub de bière. Ode vide et pompeuse à  l’Amérique redneck et à sa bêtise, le film de Michael Bay  célèbre à coups de marteau piqueur la stupidité et  l’ethnocentrisme. Avec le résultat (pour le moins ironique)  qu’Armageddon nous fait presque désespérer de l’Humanité que  ses personnages tentent frénétiquement de sauver…
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