Armageddon : Big Bang
Cinéma

Armageddon : Big Bang

Après la grosse boule en papier mâché qui dort devant le Loews, les nouveaux desserts en forme d’astéroïdes lancés par McDonald’s, et tous les gadgets publicitaires que peuvent acheter 100 millions de dollars (à ajouter aux 150 millions qu’a coûté le long métrage lui-même), voici enfin Armageddon ±- le film dans lequel Bruce Willis et une douzaine de foreurs durs à cuire sont envoyés dans l’espace pour tenter de faire exploser un astéroïde qui menace la Terre…
Produit par Jerry Bruckheimer et réalisé par Michael Bay (tous deux experts en gros cailloux depuis The Rock), Armageddon est moins un film qu’une recette de blockbuster réduite à sa plus simple expression: un vaste shaker dans lequel on a jeté, pêle-mêle, d’énormes quantités d’ingrédients empruntés à Meteor, Les Douze Salopards, Top Gun et une demi-douzaine d’autres films, sans se demander si les doses étaient appropriées ou si le mélange serait même comestible. Un peu comme s’il suffisait de reprendre tout ce qui avait déjà marché en triplant les portions pour arriver à un film sûr de satisfaire le client.
Malheureusement, le cocktail est passablement indigeste, et devient même carrément toxique lorsqu’il est brassé par un faiseur aussi inepte que Michael Bay – le grand-maître de la caméra hyper-active, des éclairages stroboscopiques, du ralenti publicitaire et du montage épileptique. Ajoutez une chanson-thème braillarde du groupe Aerosmith, la musique patriotico-pompière de Trevor Rabin et une durée de deux heures et demie, et vous avez un film qui brasse le spectateur comme le contenu d’un malaxeur ou le sujet d’un curieux test d’endurance visuel et auditif. Le tout, sans la moindre trace du plaisir et de la finesse qui distinguent un tour de montagnes russes d’une soirée de matraquage sensoriel.
Gigantesque pastiche qui s’ignore (imaginez Deep Impact refait par l’équipe d’Airplane), Armageddon réduit la fin du monde aux dimensions d’une pub de bière. Ode vide et pompeuse à l’Amérique redneck et à sa bêtise, le film de Michael Bay célèbre à coups de marteau piqueur la stupidité et l’ethnocentrisme. Avec le résultat (pour le moins ironique) qu’Armageddon nous fait presque désespérer de l’Humanité que ses personnages tentent frénétiquement de sauver…
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