Beyond Silence : Le bruit des larmes
Cinéma

Beyond Silence : Le bruit des larmes

Il y avait sans doute un film passionnant à faire sur les problèmes de communication qu’une jeune musicienne éprouve en grandissant auprès de parents sourds. D’ailleurs, Beyond Silence, de l’Allemande Caroline Link (qui a remporté des prix aux festivals de Tokyo et de Vancouver), donne parfois l’impression de pouvoir être ce film-là.

Toutefois, les qualités de fabrication, de sensibilité et d’observation éclairant l’histoire de cette petite clarinettiste (Tatjana Trieb), qui devient une adolescente (Sylvie Testud) de plus en plus incomprise par ses parents sourds (Howie Seago et Emmanuelle Laborit), sont éventuellement éclipsées par une certaine lourdeur et une tendance à la mièvrerie, qui finissent par triompher de l’ensemble.

Dommage, car jusqu’à son dénouement mélodramatique (qui confirme tout ce que le film laissait craindre périodiquement jusque-là), Beyond Silence reste une ouvre intéressante bien qu’inégale. Un film qui aborde un sujet intrinsèquement cinématographique (le gouffre qui peut se creuser entre le son et l’image) par le biais de touches sensibles et parfois originales; un générique où un plan de deux patineurs filmés à travers la glace nous plonge d’emblée dans le monde du silence; l’humour avec lequel les auteurs opposent les dialogues que nous entendons, et la traduction que la jeune héroïne en fait à ses parents; une scène mémorable illustrant la manière dont deux sourds qui ne se connaissent pas peuvent se repérer et communiquer à travers une foule grâce au langage des signes…

Ces moments (et quelques autres, éparpillés à travers le film) donnent constamment l’espoir que Beyond Silence pourrait éventuellement transcender son scénario de téléfilm (écrit par Link et Beth Serlin) ainsi que son côté «cinéma de CLSC». Malheureusement, les retrouvailles finales de l’adolescente-qui-rêvait-d’entrer-au-conservatoire et du père-sourd-qui-vient-la-voir-pour-la-première-fois achèvent de faire de ce film parfois prometteur une sorte de croisement bancal entre Children of A Lesser God et Shine. Reste le souvenir de quelques moments d’originalité, surnageant dans un film au parcours prévisible…