Déjà Vu : Double vie
Cinéma

Déjà Vu : Double vie

Malgré une filmographie qui compte déjà douze titres, Henry Jaglom continue de faire du cinéma comme un dilettante doué, qui réussirait périodiquement à rassembler une poignée d’amis, un peu d’argent et quelques idées, pour tourner – au gré de ses voyages et de ses rencontres – des ouvres qui sont (de son propre aveu) intimement liées à sa vie privée; qu’elles parlent du divorce (Always); de l’amour (Someone to Love); ou des problèmes de poids de ses amies (Eating).
Cette sorte d’artisanat sympathique a toutefois ses limites, comme le prouve Déjà Vu, le troisième film conçu par Jaglom et sa coscénariste, épouse et vedette, Victoria Foyt.

Réflexion amusée, nonchalante et inégale sur l’amour, le couple et le destin, Déjà vu raconte le parcours sentimental de Dana (Victoria Foyt), une Américaine en voyage d’affaires en Israël, bouleversée par sa rencontre avec une vielle dame (Aviva Marks) hantée par le souvenir d’un amour contrarié, au point d’hésiter entre le mariage qu’elle projette avec son fiancé de longue date (Michael Brandon) et l’attirance qu’elle éprouve pour un peintre qu’elle croit avoir connu dans une autre vie (Stephen Dillane).

Partant de ce prétexte digne d’un roman rose, Jaglom signe un film bancal mais rarement ennuyant, tour à tour sympathique et agaçant, prétentieux et amusant. Un vaste home movie truffé de cartes postales lelouchiennes (les murs de Jérusalem, les falaises blanches de Douvres, la tour Eiffel..) et de mauvaises scènes manifestement improvisées (car encore plus mal cadrées que les autres); mais aussi traversé par des moments de vérité étonnants, des observations justes et quelques scènes très bien interprétées (entre autres par Vanessa Redgrave, dans un rôle mineur, qui partage ici l’écran pour la première fois avec sa mère, Rachel Kempson, le temps d’une scène mémorable).

Dommage qu’une fin aux relents surnaturels, sortie tout droit d’un mauvais Twilight Zone, confirme ce que l’on craignait tout du long, et fasse complètement basculer le film dans la fumisterie, le ridicule et la prétention. Reste le souvenir de quelques moments de vérité, de charme et de drôlerie, arrachés à un film qui porte décidément bien son titre.

Dès le 17 juillet