Polish Wedding : Mariage de raison
Cinéma

Polish Wedding : Mariage de raison

Si vous pouvez croire que Gabriel Byrne est un boulanger polonais, qui obéit au doigt et à l’oil à sa femme infidèle; que Lena Olin (qui interprète son épouse) est une pauvre femme de ménage, dont le corps est «ravagé» (c’est son expression) par les cinq enfants qu’elle a eus; et que leur fille (Claire Danes) est engrossée par un flic (Adam Trese), une semaine avant de jouer la Vierge dans la procession annuelle de leur église, vous éprouverez peut-être un plaisir modeste et passager à suivre les personnages et les rebondissements de Polish Wedding – une comédie de mours «à l’italienne», qui n’y va pas avec le dos de la cuiller en brossant le portrait d’une famille polonaise de Detroit, qui s’engueule et se réconcilie comme on ne le fait qu’au cinéma.

Premier long métrage de Theresa Connelly, cette comédie aigre-douce procède d’une volonté louable: raconter les petits riens et les grands bonheurs d’une famille ouvrière sur un ton qui soit réaliste sans être terre-à-terre, et fantaisiste sans être incroyable. Malheureusement, la cinéaste n’est pas parvenue à trouver le ton et le style qui auraient pu transformer cette vague intention en un film unique. Les personnages dépassent rarement le niveau du stéréotype (le mari cocu, l’épouse volage, l’adolescente rebelle…); l’intrigue réussit l’exploit d’être à la fois prévisible et invraisemblable; et la réalisatrice n’arrive pas à trouver un point de vue (malgré l’excellente photo de Guy Dufaux) qui permette d’éclairer cette histoire banale sous un angle nouveau.

Avec le résultat que l’on se retrouve face à un objet assez paradoxal: un film qui se veut réaliste mais qui évoque surtout d’autres films (La Femme du boulanger, Moonstruck, Wedding in White); qui mise sur une truculence et un charme qui semblent souvent artificiels ou appuyés; et qui finit par noyer une poignée de scènes bien observées et réussies sous un happy end rocambolesque et insignifiant. C’est d’autant plus regrettable que l’on sent poindre çà et là – au détour d’une scène ou d’un plan – un peu de cette vérité qui aurait pu faire du film une ouvre réussie, et à laquelle la cinéaste a malheureusement préféré les clichés et les poncifs d’une comédie de mours convenue.

Dès le 31 juillet
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