The Negotiator : Combat des chefs
The Negotiator – dans lequel un négociateur de police (Samuel L. Jackson), poussé à prendre des collègues en otage, doit affronter un confrère (Kevin Spacey), tout aussi rusé que lui – a le genre de prémisse excentrique, astucieuse et plutôt marrante, qui semble posséder tous les ingrédients d’un suspense original et intelligent. Ce type de prémisse pose toutefois un problème de crédibilité évident: comment convaincre le public qu’un négociateur de police puisse se retrouver dans la situation nécessitée par l’intrigue?
The Negotiator, troisième film de F. Gary Gray (un réalisateur de 28 ans, qui a déjà signé Friday et Set It Off), est constamment miné par ce problème de crédibilité fondamental. Pour tenter de le résoudre, les scénaristes James DeMonaco et Kevin Fox ont fait de leur protagoniste la victime d’une sombre et tortueuse histoire de corruption policière, qui prend une bonne quarantaine de minutes à se mettre en place et quatre-vingt-dix autres à satisfaire toutes les demandes du faux «bon scénario» hollywoodien: une intrigue extrêmement complexe de trafic d’influence, de détournement de fonds et de dossiers secrets, qui implique beaucoup de consultations d’ordinateurs et une foule de personnages interchangeables, sans contribuer pour autant d’un iota à la crédibilité d’une histoire qui reste malheureusement assez peu vraisemblable.
Du coup, ce qui s’annonçait comme un huis clos réaliste à la Dog Day Afternoon se transforme en une sorte de Fugitif prisonnier d’un décor digne de Die Hard; un suspense ni chair ni poisson, constamment tiraillé entre les exigences du huis clos classique (exploration d’un décor étouffant, tension grandissante, rigueur dans la construction des dialogues) et les demandes d’un thriller high concept contemporain (poursuites spectaculaires, explosions en série, antagonistes qui finissent par s’unir pour faire face à l’ennemi). Ajoutez une mise en scène imprécise, un scénario qui n’a pas l’intelligence de ses personnages, et un dénouement qui rappelle un peu trop The Sting, et vous avez un suspense inégal – parfois prenant mais rarement réussi – qui transforme une idée bizarre en un film complètement prévisible. Bref, un produit standard, parfois rehaussé par la rencontre de deux grands acteurs qui semblent s’amuser à jouer sur les plates bandes de Stallone et de Schwarzenegger.
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