Marie Baie des Anges : Ados lassants
Cinéma

Marie Baie des Anges : Ados lassants

Le titre fait un peu rêver. Il n’y a que le titre, d’ailleurs. Le reste est un premier film brouillon et ennuyeux. A 30 ans, Manuel Pradal s’est offert un été de cinéma sur la Riviera, et y a expérimenté ses connaissances théoriques…

Marie Baie des Anges, c’est la dérive de deux adolescents dans la baie niçoise. Marie (Vahina Giocante) est une nymphette de 15 ans qui drague tout ce qui bouge et surtout des marins américains. Elle tombe sur Orso (Frédéric Malgras), un gamin de 17 ans, enfant sauvage adepte des maisons de correction, qui veut un pistolet pour se défouler. Ils se rencontrent et réinventent l’amour près des flots bleus de l’été.

Cela se veut branché et déconstruit, sans attaches et sans piliers, sans vrais dialogues et sans beaucoup de cour. Un petit Godard perdu dans les années 90. Le genre: «On tourne avec du vrai monde, des gamins pris dans la rue, on verra après, ils vont nous guider.» Parfois ça tombe bien, ça sonne juste et rugueux comme la vie; mais là, tout tombe dans une prétention qui ennuie, et on nous jette des flashs en pâture pour toute description. Les adolescents sont heureux (match de foot), mais ils sont pris par le tourbillon de la vie (images du Grand Prix de Monaco). Que voulait-on dépeindre au juste? Un Rebel Without a Cause provençal? Les amours libres et prépubères? L’enfance pauvre qui se brise à cause d’un Magnum? Le grand Amour, le vrai, le pur? Tout ça et certainement plus. Or, tout aboutit à une vision honnête mais malhabile de deux ados perdus dans un film sans histoire et sans bouée de sauvetage.

Bien sûr, on sent l’envie de jouer avec la lumière technicolor de la Côte, celle de laisser la caméra s’attarder sur les visages tendres et bronzés des petits d’hommes, celle aussi de larguer le spectateur dans des zones de mystère. La demoiselle est jolie comme Sophie Marceau, et n’en finit plus de jouer les lolitas avec des G.I.’s (des vrais, habillés en blanc et qui font des claquettes, comme dans Lola, de Demy). Lui, a une belle gueule triste et un talent incertain qui pourrait plaire. Mais les sursauts de testostérone des gamins en vespa ou les bouches entrouvertes de désir des minettes… on se lasse. Reste la carte postale: c’est encore plus déjà vu, mais quand on s’ennuie, les calanques et les cigales, les pins parasols et le soleil qui fait dans la dentelle, ça fait rêver…

Dès le 14 août
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