Cinéma

A Ciegas : Pétard mouillé

Tout comme Nettoyage à sec, travailler dans une buanderie peut mEner à tout… Les premiers plans d’A Ciegas (La Femme assassin), de Daniel Calparsoro se passent en effet derrière des planches à repasser. Une fille menue, Marrubi (Najwa Nimri, épouse du réalisateur) se fait harceler par son patron; elle plie des mouchoirs, et pleure en regardant par la fenêtre, son mâle barbu, Mikel (Alfredo Villa), qui l’attend. Là s’arrête le rapport avec le film français.

Cette production espagnole, en nomination l’année dernière pour le Lion d’or du Festival de Venise, nous plonge plutôt dans le monde du terrorisme, vu de l’intérieur. Cette jeune femme fait partie d’un commando, qui ressemble fort à ceux de l’ETA, et commet une bévue lors d’un raid chez un notable, en causant la mort d’un de ses copains cagoulards. Elle devient persona non grata, et cherche refuge chez son patron. Le gang se désintègre et les plans s’écroulent; la femme est seule, et son chum part avec leur enfant.

Dès le générique, l’ambiance n’est pas à la rigolade. Le visage de cette femme masquée envahit l’écran sur fond sonore assourdissant. Ambiance noire, costumes sombres. Le manque de couleur et de clarté accentue le peu d’espoir et l’étouffement. On a droit à des larmes, à des visages crispés et à des sentiments torturés. Le sujet du terrorisme, et de l’escalade de la tuerie pour «une cause» sont traités à la façon d’un polar glauque où les humains sont pris comme des rats. Les acteurs chuchotent; et dès qu’ils ouvrent la bouche, ils ont le souffle court. Bref, on partage durant une heure et demie la tension des interprètes. Mais la corde est trop tendue. Ne se relâchant jamais, elle perd de son effet.

Le réalisateur a voulu mettre le paquet et remplir son film d’un maximum d’angoisse et de perversion (le patron ayant des envies de terroriste déguisé en soubrette!). Dans ce presto constant, l’histoire concoctée est bien maigre, mais les cadrages, et un classicisme rigoureux dans la mise en scène sauvent cette histoire de l’ennui absolu.

Dès le 4 septembre
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