2 Secondes : Premier cycle
Cinéma

2 Secondes : Premier cycle

2 Secondes, le premier long métrage de Manon Briand, est un film qui a de l’humour, des idées et de l’allant, mais aussi et surtout, le goût d’explorer les paradoxes de l’existence. Un film à la fois léger et mélancolique, souriant mais angoissé, qui zigzague en roue libre entre la peur de vieillir d’une jeune femme, et les souvenirs de jeunesse d’un homme mûr; entre les grandes questions que tout le monde se pose, et les petites coïncidences où chacun cherche le sens de sa vie; entre l’envie de vivre libre, pleinement, et le sentiment de perdre sa vie à essayer de la gagner. Bref, un film qui explore l’espace qui sépare deux êtres, à la fois diamétralement opposés et fondamentalement semblables, unis par une passion vécue de deux façons on ne peut plus différentes.

Parce qu’elle a brièvement hésité au départ d’une course de vélo de montagne, en Californie, Laurie (Charlotte Laurier) est forcée de quitter son équipe, et de prendre sa retraite. De retour à Montréal, elle s’installe chez son frère (Yves Pelletier), et se trouve un boulot de messagère à vélo. Un jour, elle aboutit par hasard dans la boutique de Lorenzo (Dino Tavarone), un ex-champion cycliste grognon, dont la vie a aussi été bouleversée par un moment d’hésitation. Malgré un premier contact difficile, ils finiront par se revoir et se rapprocher, le temps de mesurer ensemble leurs parcours à l’aulne de ce qu’ils ont tous deux sacrifié au vélo et à l’amour.

2 Secondes enfourche avec bonheur la métaphore du vélo pour parler (mine de rien) d’un ensemble de choses assez étonnant: de la vitesse, évidemment, mais aussi du temps et de l’espace; du plaisir et de la liberté, mais aussi de la souffrance et du regret; des corps célestes et des voyages à l’échelle cosmique, mais aussi des muscles fatigués et du trafic dans le centre-ville.

Ce menu, à la fois discrètement ambitieux et plutôt rigolo, Manon Briand l’aborde par le biais d’une fable légère et sans prétention; une fable portée par son esprit fantaisiste, son regard moqueur et sa vivacité; par la rencontre surprenante de la gravité lumineuse de Charlotte Laurier et du charme bougon de Dino Tavarone; et par un scénario qui tient assez bien la route, malgré son côté un peu trop lisse (qui prive le film d’aspérités qui l’auraient enrichi), et une intrigue secondaire douteuse, impliquant un méchant de pacotille (Jici Lauzon).

Du coup, on oublie presque la fadeur de la photo de James Gray; le fait que Louise Forestier semble beaucoup trop jeune pour être crédible dans le rôle de la mère de l’héroïne, censée être ravagée par la maladie d’Alzheimer; et l’incapacité du film à nous communiquer pleinement (sans doute faute de moyens) l’ivresse du cyclisme, pourtant si chère à ses protagonistes. Malgré ces réserves mineures, 2 Secondes est une ouvre tonique, rafraîchissante et pleine de charme, qui file comme une promenade en vélo de campagne. Bref, un de ces rares films dont on sort le cour léger, le sourire aux lèvres et la tête pleine d’idées.

Dès le 11 septembre
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