Cinéma

Festival de Toronto : Qualité de vues

Le 22e FFM est à peine terminé, que le 23e Festival du film de Toronto démarre. Ce qui frappe, cette année, dans la programmation, c’est le nombre effarant de films français qui, il y a quelques années, auraient été présentés à Montréal. On invoque l’agressivité et le dynamisme de la manifestation torontoise pour expliquer ce glissement qui en a fait la porte d’entrée obligée du marché nord-américain. D’accord; mais si ces démarches ont abouti, c’est bien parce que le FFM n’a pas pris sa place. Jugez-en par les titres que la France envoie, dans les prochains jours, à Toronto: Conte d’automne, de Rohmer; Voleur de vie, d’Yves Angelo, avec Sandrine Bonnaire et Emmanuelle Béart, en sours ennemies; A la place du cour, de Guédigian, où le réalisateur de Marius et Jeannette retrouve son actrice-fétiche, Ariane Ascaride; Ceux qui m’aiment prendront le train, de Chéreau, avec Pascal Gregory, Jean-Louis Trintignant et Vincent Pérez. La Vie rêvée des anges, d’Érick Zonca, avec Élodie Bouchez et Natacha Régnier, toutes deux primées à Cannes.

Également, L’École de la chair, de Benoît Jacquot, avec Isabelle Huppert et Vincent Martinez; Lautrec, de Roger Planchon, avec Anémone, Elsa Zilberstein, et Régis Boyer dans le rôle du célébre peintre; Le Dîner de cons, de Francis Veber, avec Thierry Lhermitte et Jacques Villeret; Un grand cri d’amour, que Josiane Balasko a adapté de l’une de ses pièces; Fin août, début septembre, d’Assayas; J’aimerais pas crever un dimanche, de Didier Le Pêcheur, second film destroy (nécrophilie, sado-masochisme et orgies au programme) du réalisateur? de Des nouvelles du Bon Dieu; Jeanne et le Garçon formidable, d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, une comédie musicale sur une jeune fille (Virginie Ledoyen) amoureuse d’un séropositif (Mathieu Demy).

Le Festival démarrera en beauté avec The Red Violin, de François Girard, avec Samuel L. Jackson, Greta Scacchi et Jean-Luc Bideau. Le film du réalisateur de Trente-deux films brefs sur Glenn Gould sortira en salle au début novembre. Le Canada, de Montréal à Vancouver, présentera, entre autres, Last Night, premier long métrage du coscénariste du Violon rouge, Don McKellar; Un 32 août sur la terre, de Denis Villeneuve, avec Pascale Bussières et Alexis Martin (en salle le 16 octobre); Earth, de Deepa Mehta, réalisatrice de Sam and Me; Elimination Dance, de Bruce McDonald (Highway 61); et Hang the DJ, de Marco et Mauro Lavilla, un documentaire scratch sur ces nouvelles vedettes que sont les D.J.

Drew Barrymore, Cameron Diaz, Emma Thompson, Meryl Streep: les vedettes hollywoodiennes arrivent désormais par dizaines au Festival de Toronto. Citons, en vrac, quelques-uns des films qu’on y découvrira, et qu’on retrouvera sur nos écrans d’ici Noël. Antz, film de clôture d’animation, genre Toy Story; Living Out Loud, premier film du scénariste Richard LaGravenese, avec Holly Hunter et Danny DeVito; Pleasantville, de Gary Ross, avec Jeff Daniels et Joan Allen; Without Limits, de Robert Towne, avec Donald Sutherland; Apt Pupil, de Bryan Singer (The Usual Suspects), avec Brad Renfro et Ian Kellen en ancien nazi; et The Mighty, de Peter Chelsom, avec Sharon Stone en mère d’un enfant malade.

Sur la frange plus indépendante du cinéma américain, on pourra découvrir Pecker, de John Waters, avec Christina Ricci et Edward Furlong; The Book of Life, d’Hal Hartley, dans lequel Martin Donovan incarne un Jésus des temps modernes; The Impostors, de Stanley Tucci, qui revient après le délicieux Big Night; Illuminata, second film de John Turturro, avec Christopher Walken et Susan Sarandon; Finding Graceland, de David Winkler, avec Harvey Keitel et Bridget Fonda; et When Love Comes, de Garth Maxwell, avec Rena Owen, la fabuleuse comédienne de Once Were Warriors.

En plus des sections consacrées à l’Afrique et au Japon, et un hommage rendu à Darezhan Omirbaev, réalisateur du Kazakhstan, les films du monde seront aux rendez-vous: soulignons Tu Ridi, des frères Taviani, un film en deux volets sur des personnages inspirés de Pirandello (le verra-t-on un jour à Montréal?); Notes of Love, de Mimmo Calopresti (La Seconda Volta); Tango, de Carlos Saura; Bent familia, du Marocain Nouri Bouzid (L’Homme de cendres); Clouds, de l’Argentin Fernando Solanas (Le Sud); Divine, du Mexicain Arturo Ripstein; Am I Beautiful?, de Dorris Dörrie (Men), et The Giraffe, de Dani Levy (Toi et moi aussi), deux films d’Allemagne.

De Grande-Bretagne arriveront The Theory of Flight, de Paul Greengrass, avec Kenneth Branagh et Helena Bonham-Carter; The General, de John Boorman (Prix de la mise en scène, à Cannes); My Name Is Joe, de Ken Loach; A Soldier’s Daughter Never Cries, de James Ivory, avec Kris Kristofferson et Barbara Hershey; et Vigo, de Julien Temple, ou la vie de Jean Vigo, réalisateur mythique de L’Atalante.

A la veille de son ouverture, le cru 98 s’annonce exceptionnel: avec 244 longs métrages, dont 154 en première mondiale ou nord-américaine, le Festival de Toronto combine, plus que jamais, une quantité «raisonnable» de films à une qualité, du moins sur papier, élevée.

Du 10 au 19 septembre