Simon Birch/Mark Steven Johnson : A livre ouvert
Cinéma

Simon Birch/Mark Steven Johnson : A livre ouvert

Les films tirés du Monde selon Garp et de L’Hôtel New Hampshire ont prouvé qu’il n’était pas facile de traduire à l’écran l’amalgame de comédie, de fable et de mélodrame surréaliste, qui fait le charme étrange et insaisissable des romans de John Irving.

Mark Steven Johnson, le scénariste de comédies aussi anodines que Grumpy Old Men et Big Bully, n’était certainement pas le candidat idéal pour réussir là où d’autres avaient échoué avant lui. Pourtant, Simon Birch, son adaptation extrêmement libre d’A Prayer for Owen Meany, est un premier film étonnamment émouvant et tonique. Un film qui transforme l’amitié d’un adolescent atteint de nanisme (Ian Michael Smith) et de son meilleur ami (Joseph Mazzello), en une de ces fables sur «l’été qui a changé ma vie», à mi-chemin entre Stand By Me et Forrest Gump. Le secret du film? «Oublier le livre», expliquait en riant Mark Steven Johnson, la vingtaine décontractée et souriante, lors de son passage la semaine dernière au Festival des Films du Monde. «Le livre existe, et il est si parfait que toute tentative de le filmer tel quel aurait été vouée à l’échec. Ce qui m’intéressait, en revanche, c’était d’en distiller l’essence à travers un autre médium. Quitte à apporter de gros changements.»

De fait, Simon Birch est une variation si libre du livre de John Irving que celui-ci a demandé que l’on évite le mot «adaptation» au générique. «Cela amène sans doute certaines personnes à croire que John a voulu se distancier du film, mais en fait il voulait seulement être honnête avec son public. Il voulait dire à ses admirateurs: "Ce film n’est pas une adaptation littérale d’Une prière pour Owen." Ceci dit, John a vu le film lundi dernier, et m’a appelé pour me dire qu’il l’avait aimé. Pas comme un calque d’une ouvre déjà existante, mais comme une ouvre distincte, ayant une vie propre.»

Les admirateurs d’Une prière pour Owen trouveront-ils leur compte dans Simon Birch? Difficile à dire quand un film est à la fois si similaire et si différent du livre épique (quelque 600 pages) qui lui a donné naissance. Reste que Simon Birch est un film dont les nombreuses qualités méritent néanmoins d’être appréciées: un de ces films classiques, mais solides, aux rebondissements convenus mais efficaces, qui parviennent – malgré des images un peu trop embuées, et une musique un peu trop larmoyante – à vous accrocher et à vous émouvoir.

Ajoutez le charme d’un petit village sorti d’un tableau de Norman Rockwell, une fin émouvante à la Stand by Me, et une brève apparition de Jim Carrey (qui vient au début et à la fin du film, pour assurer la narration du récit), et vous avez un bon mélodrame populaire dans la grande tradition de Dead Poets Society. Du reste, Johnson (qui est un admirateur de Peter Weir) s’estime d’ores et déjà comblé par son film. «J’ai fait ce premier long métrage comme si c’était le dernier, et j’y ai mis à peu près tout ce que j’avais à dire ou à filmer. J’ai le sentiment que je mourrais parfaitement heureux même si je ne faisais jamais un autre film après Simon Birch.» Et le pire, c’est qu’on le croit presque quand il le dit.

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