Le Cousin : Mouchard de poche
Cinéma

Le Cousin : Mouchard de poche

La vie est tellement plus simple quand elle est faite de certitudes. Avec les bons d’un côté, les méchants de l’autre. Dieux et démons. Loi et hors-la-loi. Le blanc et le noir. Nounours ne connaît pas le bonheur de ces grandes vérités. Nounours vit dans le gris. Nounours est Le Cousin.

Le cousin, en jargon de flic français, c’est un informateur, un indic. Il fait bien un peu partie de la famille, mais pas trop. Un mal nécessaire. Utile pour dénicher les gros coups, mais un peu gênant dans son petit quotidien de malfrat. Parce qu’on ne devient pas cousin sans tremper du mauvais côté de la loi. Et les meilleurs cousins sont habituellement ceux qui sont trempés jusqu’au cou. Nounours est de ceux-là. Malheureusement pour lui et pour le flic qu’il alimente, une juge zélée viendra mettre son nez dans toute cette histoire.

Outre un physique qui sied parfaitement à l’image de Nounours, Patrick Timsit campe avec une grande justesse ce personnage ambivalent, manipulateur, tantôt violent, tantôt protecteur. Moins flamboyant dans son rôle de flic un peu paumé, Alain Chabat nous fait heureusement oublier le jeu cabotin qu’il nous avait offert avec Didier: on peut sans aucun doute en donner le crédit à Alain Corneau qui tient admirablement les ficelles de l’entière distribution.

Ce même Corneau qui, au début des années 90, nous avait donné le très beau Tous les matins du monde, revient au polar, un genre qu’il affectionne depuis ses débuts. Manifestement, il n’a pas perdu la main. Le scénario, d’abord, nous rappelle qu’un bon polar ne doit pas nécessairement sacrifier la crédibilité au profit de l’action. Pour étrange que soit cette relation entre un indic à la vie bien rangée et un flic dont la cellule familiale fout le camp, elle apparaît tout à fait plausible, tout comme le petit univers des policiers. Les ingrédients traditionnels du genre sont aussi bien présents: entre poursuites et bastonnades, le suspense tient bien la route. Mais l’intérêt du film découle davantage de cette exploration d’un monde limitrophe, où les petites arnaques sont non seulement tolérées, mais indispensables au travail des flics.
De là à conclure que le bien n’est qu’un moindre mal.