Cinéma

One True Thing : Meryl et fille

Ellen (Renée Zellweger) est une jeune journaliste new-yorkaise, ambitieuse évidemment, qui doit retourner s’occuper de sa mère, Kate (Meryl Streep), qui se meurt d’un cancer dans une ville proprette de Pennsylvanie. La jeune femme, plus proche de son père (William Hurt), écrivain et professeur, est donc forcée de remettre en place quelques valeurs de base.

One True Thing est signé Carl Franklin, acteur mais aussi metteur en scène du brillant One False Move (scénarisé par Billy Bob Thornton) et du sympathique Devil in a Blue Dress. Explorant à fond le drame familial, One True Thing est un film qui file droit vers les oscars, et donne à Meryl Streep une autre occasion de se distinguer. L’actrice excelle dans ce genre de rôle en demi-teintes, de femme au foyer discrète, aimante et courageuse. En la voyant, on pense aux grands films des années 40 où une Joan Crawford ou une Bette Davis pouvaient, par leur charisme et leur justesse de jeu, éclairer une histoire banale. Car l’histoire est la sempiternelle trame de l’Amérique: vois où sont tes vraies valeurs, ne te perds pas dans les méandres de l’arrivisme, Dieu et la famille sont tes piliers, et patati et patata. Rien de nouveau là-dedans. Ce film en flash-back est le grand frère des années 90 de Terms of Endearment: un grand mélo pour pleurer en chour. Dans la salle, on se tait, puis on se mouche et on renifle. C’est fait pour ça.

Film pour acteurs en quête de performance, One True Thing est un exercice classique dont on n’attend aucune surprise. Si on sait de façon quasiment certaine comment la sauce familiale va tourner, on cherche l’intérêt dans les détails. On traque la défaillance paternelle derrière les lunettes de Hurt, on se demande comment Zellweger, au jeu un peu trop appuyé, passera de l’adolescente égocentrique à la femme de cour. Un sourire plus doux est vite décodé. Et on guette l’instant où Meryl Streep, les yeux rougis, videra son sac, et parlera de la vie. Et, comme toujours aux États-Unis, tout explose entre l’Action de grâce et la nouvelle année.
Il reste aussi le talent de la scénariste Anna Quindlen, qui a trouvé dans le menu détail ce qui compose le quotidien et les aspirations d’une famille aisée de la Côte-Est américaine. Sans être un bloc monolithique et caricatural, One True Thing reste un vieux mélo des familles qui fait sangloter dans les chaumières, et nous donnera quelques remerciements chaleureux de Meryl Streep, lorsqu’elle passera derrière le lutrin pour recevoir son oscar.