Disc-Jockey : La génération mix
«Les D.J. sont-ils des artistes?» Cette question, dont la réponse semble évidente chez les habitués de musiques électroniques ou hip-hop, est la pierre angulaire de ce documentaire, réalisé par les jumeaux montréalais (et copropriétaires d’Euro-Deli sur le boulevard Saint-Laurent) Marco et Mauro La Villa.
Difficile de ne pas faire de comparaisons entre Disc-Jockey et Modulations, de la réalisatrice Iara Lee. Alors que Modulations s’intéressait à l’évolution des musiques électroniques sur un ton passablement intello et avec une rigueur historique sans faille, Disc-Jockey se penche, avec beaucoup moins de rigueur mais avec un plus grand souci du divertissement, sur ceux qui donnent une seconde vie à ces musiques en les faisant tourner, scratcher, et en les manipulant de toutes les façons possibles.
Pour donner de la couleur (et une certaine cohérence) à un contenu des plus touffus, le document s’articule surtout autour des D.J. house américains Junior Vasquez, Roger Sanchez et du maître des scratchs Q-Bert, trois fortes personnalités. Couvrant cinq continents (avec une attention particulière pour Montréal) et interrogeant au passage une pléiade de D.J., clubbers, intervenants et observateurs de cette scène en pleine effervescence, le documentaire tente de faire comprendre une multitude d’aspects (importants ou futiles…) en zappant constamment entre les sujets: le passage du D.J. à la production, la culture rave, la drogue, les turntablists, les conflits ridicules entre D.J. divas, leurs relations avec les drag queens, l’industrie versus l’underground, les femmes D.J., les différents styles de musique. Autant d’univers que Disc-Jockey ne fait qu’effleurer, peut-être de peur de perdre les néophytes en cours de route.
En fait, c’est justement ce refus de poser la caméra plus de deux minutes sur son sujet qui rend le tout confus. De plus, les jumeaux La Villa semblent beaucoup plus à l’aise avec l’univers glamour du house qu’avec le hip-hop ou les autres genres touchés. Peut-être auraient-ils dû se concentrer sur ce qu’ils connaissaient.
Restent une caméra particulièrement efficace compte tenu de la difficulté de tourner dans tous ces clubs sombres et humides, des moments particulièrement savoureux croqués sur le vif, et un montage nerveux et original. On est loin du portrait définitif que laissait présager la rumeur (et le plan marketing…) entourant cette production qui, soit dit en passant, à été réalisée sans aide financière gouvernementale, un exploit en soi.
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