Ronin : Le marchande de valises
Cinéma

Ronin : Le marchande de valises

Ronin est un film sur un groupe de professionnels réunis pour exécuter une mission, mis en scène par un vieux pro (John Frankenheimer) qui en a dirigé beaucoup d’autres. Les amateurs de Birdman of Alcatraz, The Manchurian Candidate et Seven Days in May se réjouiront donc – s’ils ont survécu à l’humiliation de The Island of Doctor Moreau – de revoir le cinéaste de 68 ans à la barre d’un gros film d’action de 55 millions de dollars, qui met en scène Robert De Niro et une pléiade d’excellents acteurs (dont Jean Reno, Stellan Skarsgard, Sean Bean et Jonathan Pryce) dans le genre de film noir à l’ancienne qui a fait la réputation du cinéaste.

Ils devront toutefois se contenter ici d’un scénario anorexique qui se résume très exactement comme suit: un groupe de mercenaires écument la France, de Nice à Paris, pour tenter d’arracher à un autre groupe de mercenaires une valise argentée dont nous ne connaîtrons jamais le contenu. Point à la ligne.

Partant de cette prémisse rachitique (qui évoque vaguement La Prisonnière espagnole, de David Mamet, caché ici sous le pseudonyme de Richard Weisz, coscénariste avec J.D. Zeik), Frankenheimer signe un film qui n’est ni plus ni moins qu’une longue, une très longue course-poursuite; un film d’action un peu terne et minimaliste (on pense parfois à Melville), qui semble avoir été tourné en brun et gris, et qui est aussi sobre et épuré dans ses nombreux temps morts qu’explosif et délirant dans ses temps forts (dont deux ou trois scènes de poursuites anthologiques, qui nous rappellent que Frankenheimer a aussi signé French Connection 2 et Grand Prix).

Ceux qui s’attardent à des détails du genre psychologie et motivations risquent évidemment d’être déçus par ce film qui a la froideur et le momentum d’un tank; ils se demanderont sans doute ce que De Niro est allé faire dans un film d’action qui n’aurait pas dépareillé la filmographie de Willis ou de Stallone (réponse: il a empoché 14 millions de dollars). Les autres prendront sans doute un plaisir modeste, mais réel, à suivre les rebondissements de ce film d’action à l’ancienne, qui se borne à filmer en mercenaire des mercenaires, et à prêcher par l’exemple les mérites du travail bien fait. C’est peu, mais c’est déjà ça, dans un genre où les pros se font rares…

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