The Impostors : Le bateau ivre
Cinéma

The Impostors : Le bateau ivre

Pourquoi faire triste quand on peut faire rigolo? Stanley Tucci, acteur et réalisateur d’un film aussi agréable que Big Night, a l’humour de Droopy, avec le masque de l’accablement qui cache les plus grosses envies de déconnage. Avec The Impostors, il choisit le burlesque, style idéal pour son physique de danseur de tango et son humour de potache. Deux acteurs à la dérive qui n’attendent que le grand rôle, Arthur (Stanley Tucci) et Maurice (Oliver Platt), se trouvent à bord d’un paquebot, suite à une altercation avec un épouvantable acteur shakespearien (Alfred Molina). De poursuites en quiproquos, ils rencontrent une série de personnages loufoques, une reine de pacotille qui s’en va sur la bum (Isabella Rossellini), une hôtesse ingénue (Lili Taylor), un majordome allemand (Campbell Scott), un chanteur de charme triste (Steve Buscemi), sans parler d’un cheik, d’un espion, de bandits et d’autres caricatures ambulantes.

Dans The Impostors, l’habit ne fait pas le moine, et on comprend très vite que le sujet est de jouer à cache-cache avec les identités. Mais ce minuscule message, lourdement répété par chaque personnage, n’est qu’un prétexte à la rigolade, et on oublie totalement le thème de l’Homme et de ses masques. Parce qu’en une heure et demie, c’est La croisière s’amuse avec des acteurs hors pair qui sautent à pieds joints dans les contre-emplois concoctés par Tucci. Buscemi est un chanteur de charme nommé Happy Franks, qui cherche à se suicider à tout bout de champ; la sombre Lili Taylor est une jeune première bondissante; et Campbell Scott, un nazi aussi rigide que von Stroheim. Dans le burlesque, on peut se permettre n’importe quelle incongruité, et un cheik qui bande littéralement sur Parlez-moi d’amour s’avère tout à fait réjouissant.

Très agréable que cette croisière, pourvu que l’on embarque l’esprit léger et enfantin, prêt à se souvenir des loufoqueries de Laurel et Hardy, des mascarades exagérées, et des effets de manches alambiqués d’un cinéma qui avait encore tout du cirque. Dans le même genre, Palace, film d’un trio de comiques espagnols, avait ressuscité avec plus de brio et de véracité le burlesque des années d’or. Tucci n’a pas respecté toutes les règles dudit style. La caméra à l’épaule, certaines scènes longues, et parfois inutiles, viennent alourdir, sinon déranger, un rythme difficile à tenir, et un code cinématographique établi. Il a voulu faire dans l’abondance, casant dans le film tout ce qui le fait rire, des Monthy Python à Some Like it Hot. Mais, dans l’ensemble, il s’en sort plutôt habilement, mélangeant avec aisance quelques bons mots que n’aurait pas reniés Groucho Marx, des poursuites à la Mack Sennett, les faces glabres à la Buster Keaton, et quelques dérapages contrôlés de Charlot.

Le film à peine commencé, on s’aperçoit très vite que ça va tourner à Hellzapopin, gigantesque foire d’empoigne où la réalité n’est qu’un détail. Les parallèles sont faciles, et avec autant de parrains prestigieux (difficiles à ignorer quand on choisit le pastiche), The Impostors permet de revenir en enfance, de pouffer en attendant la tarte à la crème. On est presque étonné que Betty Boop ne vienne pas offrir des rafraîchissements…

Dès le 1er octobre
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