Clay Pigeons : Pigeon fragile
Cinéma

Clay Pigeons : Pigeon fragile

Empruntant tantôt à Quentin Tarantino et à Jim Jarmush, tantôt à Jim Thompson et à Gus Van Sant, Clay Pigeons fait partie de ces petits films noirs branchés qui essaient d’être trop de choses à la fois: un curieux mélange de film de tueur en série, de comédie absurde, de polar à l’ancienne et de farce décalée qui raconte l’amitié bizarre entre un malchanceux congénital (Joaquin Phoenix), qui se retrouve accidentellement impliqué dans plusieurs affaires de meurtres, et un cow-boy débonnaire (Vince Vaughn), mais beaucoup plus dangereux qu’il n’en a l’air…

Tourné dans les montagnes de l’Utah (le film est censé se dérouler au Montana), et mettant en scène une détective du FBI à l’humour caustique (jouée par Janeane Garofalo), Clay Pigeons est un petit film tordu qui essaie visiblement de marier comédie et suspense à la manière de Fargo.

Malheureusement, David Dobkin (un jeune vétéran de la pub et du clip, qui a beaucoup travaillé pour Ridley et Tony Scott, producteurs de ce premier long-métrage) n’a ni l’habileté narrative des frères Coen, ni l’imagination visuelle de Gus Van Sant, et sa mise en images – toute en flashs subliminaux et en ralentis publicitaires – a vite fait de désamorcer le potentiel explosif de cet étrange petit cocktail. Avec le résultat que ce qui s’annonçait comme un curieux mélange devient rapidement une mixture quelconque: un film de tueur en série sans suspense ni surprise; une comédie absurde qui bascule vite dans le grotesque; un polar à l’ancienne qui hésite entre l’hommage et la parodie; et une farce décalée qui manie mal l’humour noir et le second degré.
A l’arrivée, Clay Pigeons ressemble donc moins à un film qu’à un assemblage incohérent de courts métrages, où l’auteur se fait la main (parfois avec succès) sur une série de genres qu’il maîtrise inégalement: une sorte de croisement bizarre entre Fargo, After Dark, My Sweet, In Cold Blood et Kalifornia, qui accumule maladroitement les clins d’oil et les contre-emplois, les pastiches et les hommages. Bref, l’exemple parfait d’une ouvre ambitieuse, mais finalement plutôt quelconque, qui finit par se perdre à force de vouloir être trop de choses en même temps.

Dès le 9 octobre