

Clay Pigeons : Pigeon fragile
					
											Georges Privet
																Photo : Bruce Birmelin
																
																				
				
			Empruntant tantôt à Quentin Tarantino et à Jim Jarmush, tantôt à Jim Thompson et à Gus Van Sant, Clay Pigeons fait partie de ces petits films noirs branchés qui essaient d’être trop de choses à la fois: un curieux mélange de film de tueur en série, de comédie absurde, de polar à l’ancienne et de farce décalée qui raconte l’amitié bizarre entre un malchanceux congénital (Joaquin Phoenix), qui se retrouve accidentellement impliqué dans plusieurs affaires de meurtres, et un cow-boy débonnaire (Vince Vaughn), mais beaucoup plus dangereux qu’il n’en a l’air…
Tourné dans les montagnes de l’Utah (le film est censé se dérouler au Montana), et mettant en scène une détective du FBI à l’humour caustique (jouée par Janeane Garofalo), Clay Pigeons est un petit film tordu qui essaie visiblement de marier comédie et suspense à la manière de Fargo.
  Malheureusement, David Dobkin (un jeune vétéran de la pub et du  clip, qui a beaucoup travaillé pour Ridley et Tony Scott,  producteurs de ce premier long-métrage) n’a ni l’habileté  narrative des frères Coen, ni l’imagination visuelle de Gus Van  Sant, et sa mise en images – toute en flashs subliminaux et en  ralentis publicitaires – a vite fait de désamorcer le potentiel  explosif de cet étrange petit cocktail. Avec le résultat que ce  qui s’annonçait comme un curieux mélange devient rapidement une  mixture quelconque: un film de tueur en série sans suspense ni  surprise; une comédie absurde qui bascule vite dans le  grotesque; un polar à l’ancienne qui hésite entre l’hommage et  la parodie; et une farce décalée qui manie mal l’humour noir et  le second degré.
  A l’arrivée, Clay Pigeons ressemble donc moins à un film qu’à  un assemblage incohérent de courts métrages, où l’auteur se  fait la main (parfois avec succès) sur une série de genres  qu’il maîtrise inégalement: une sorte de croisement bizarre  entre Fargo, After Dark, My Sweet, In Cold Blood et Kalifornia,  qui accumule maladroitement les clins d’oil et les  contre-emplois, les pastiches et les hommages. Bref, l’exemple  parfait d’une ouvre ambitieuse, mais finalement plutôt  quelconque, qui finit par se perdre à force de vouloir être  trop de choses en même temps.  
Dès le 9 octobre