Le Dîner de cons : Burp!
Cinéma

Le Dîner de cons : Burp!

Bien avant que le «liberté, égalité, fraternité» des sans-culottes ne devienne la devise d’un pays qui a fait de l’intelligence la première des qualités, le bonheur passait par le droit inaliénable de trouver plus con que soi – voir Ridicule. Du méprisant «petit con» à l’injurieux «sale con», en passant par le libérateur «gros con», le vulgaire «connard» et le quasi affectueux «grand con», l’insulte aux origines misogynes est le vocable le plus utilisé en douce France. Pas étonnant que le dernier film de Francis Véber ait fait un tabac dans son pays d’origine. Ajoutez à ça le succès retentissant, sur scène, de la pièce écrite par Véber; le savoir-faire du réalisateur de La Chèvre, des Compères et des Fugitifs; les yeux bleus de Thierry Lhermitte; la bouille ahurie de Jacques Villeret; et une histoire où le choc des classes sociales – bourgeoisie friquée contre petite classe moyenne – tient le haut du pavé, et vous avez une comédie bien franchouillarde sur deux zigotos dont le plus bête n’est pas celui qu’on croit.

Chaque mercredi, Pierre Brochant (Lhermitte) et ses amis se réunissent pour manger, chacun accompagné d’un con. Celui qui a amené le con le plus con gagne la palme. Cette semaine-là, Brochant a déniché, par hasard, le roi des cons, François Pignon (Villeret), un petit comptable que sa femme vient de plaquer, qui panse ses plaies en construisant des modèles réduits en allumettes, un monsieur Tout-le-monde gaffeur, qui a le cour sur la main et le cerveau pas trop rapide. Encore que… Au lieu du souper, Brochant passera la soirée chez lui, bloqué par un lumbago, plaqué par sa femme, et en compagnie de Pignon.

A partir de cette prémisse classique et potentiellement prometteuse, Francis Véber a écrit un boulevard honnête, mais sans imagination. Le film est à peine commencé qu’on sait déjà comment ça va finir, et on voit venir de loin la morale sur l’air de «Ce n’est pas bien de se moquer d’un plus "petit" que soi». Ça sent le théâtre filmé à plein nez, Lhermitte fait du Lhermitte, et Francis Huster débarque comme un cheveu sur la soupe. Gênant.

Seule raison de se déplacer: Jacques Villeret (quasiment absent de nos écrans depuis une dizaine d’années) qui, dans la lignée des Stan Laurel, Bourvil, et Pierre Richard, dessine un personnage aussi touchant qu’hilarant.

Dès le 9 octobre