Cinéma

Aujourd’hui ou jamais : Vol planant

Il était une fois Le Petit Prince. Aujourd’hui ou jamais est le dernier volet de la trilogie de Jean-Pierre Lefebvre, après Il ne faut pas mourir pour ça (1967) et Le Vieux Pays où Rimbaud est mort (1977). Trois films dont le fil conducteur est le personnage d’Abel. Après la mort de sa mère, et un voyage en France, au pays des ancêtres, Abel se réconcilie donc avec son rêve et avec sa vie.
Abel (Marcel Sabourin) a 55 ans. Fou d’aviation, il ne pilote plus son Tiger Moth depuis que son meilleur ami, et copilote, s’est tué. En une journée, il retrouve son père (Claude Blanchard), parti 50 ans plus tôt au Brésil, et la fille de l’ami décédé (Julie Ménard). Au cours de cette journée imprévisible, deux piliers entourent et secondent Abel: son associé français (Jean-Pierre Ronfard), et une ancienne maîtresse (Micheline Lanctôt). C’est donc aujourd’hui ou jamais qu’Abel retrouvera son ciel à bord de son coucou; mais le passé le rattrape, et il ne volera qu’une fois les orages passés.

On est dans la poésie du Petit Prince, et si l’associé d’Abel, Antoine, est surnommé Saint-Ex, ce n’est pas par hasard. Marcel Sabourin joue un personnage vieillissant qui ne sait pas qu’il vieillit, aussi fantaisiste et rêveur que pouvait l’être le Milou de Louis Malle. Sabourin compose bien ce brouillon d’homme qui ne veut pas sortir de l’enfance. L’allégorie d’Aujourd’hui ou jamais est simple et gentillette. «L’homme n’est pas fait pour voler, et voler c’est donc l’espoir», écrit Abel au matin de cette journée d’été. L’avion est le rêve d’enfant, le refuge, l’évasion et tout le tralala. Ce qui donne au film un ton un peu suranné, un esprit qui veut à tout prix s’émerveiller encore. La poésie infantile a-t-elle encore cours aujourd’hui?

Avec la façon de faire dépouillée et sans fioriture du réalisateur, cela donne un film clair et tranquille où tout peut arriver, mais où rien ne décolle vraiment. Parfaitement léché, avec si peu de musique que les mots et les gestes ne sont pas brouillés, et qu’on s’y repose (malgré Daniel Lavoie qui tombe dans la guimauve au générique de fin), le film vaut le coup d’oil pour des acteurs qui se prêtent au jeu. Claude Blanchard est étonnant en Brésilien, et les femmes sont le point d’ancrage, la prise directe au sol de ces hommes-oiseaux. Malgré des pilotes de haut vol aux commandes, ce conte d’antan a du mal à nous emmener dans les nuages, et reste dans des altitudes glacées.

Dès le 16 octobre
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