Le Dîner de cons : L’idiot de sévices
Il suffit parfois de bien peu de choses pour prendre son pied. Pour quelques bourgeois, c’est le dîner hebdomadaire entre amis qui constitue le plaisir suprême. Un genre de dîner particulier, cependant, où foie gras et reblochon ne tiennent que des rôles bien secondaires. L’intérêt de ces soirées réside plutôt dans la tenue d’un concours un tantinet cynique, où chaque participant doit être accompagné d’un invité qui se distingue par… sa bêtise. Le gagnant sera donc celui qui aura su dénicher le roi des cons. Au moment même où il croyait avoir déniché «un con de classe mondiale», un obscur fonctionnaire qui occupe ses temps libres en fabriquant des modèles réduits en allumettes, Pierre Brochant (Thierry Lhermitte) voit ses plans légèrement modifiés par un malheureux tour de rein. Et ce con de Francis Pignon (Jacques Villeret), qu’il souhaitait observer un peu avant de l’amener faire le pitre, il devra le subir pendant toute la soirée.
Si ce n’était du son du maïs soufflé qui craque sous les dents, on aurait davantage l’impression d’assister à une pièce de théâtre. Du théâtre de boulevard, plus précisément: un lieu, deux acteurs qui s’échangent des répliques parfois corrosives, souvent rigolotes, quelques faire-valoir disséminés judicieusement et une incroyable enfilade de quiproquos, toujours provoqués par l’abruti de service. A peine quelques scènes nous rappelleront occasionnellement que le gars des vues est toujours là.
Ni le scénario, ni la mise en scène ne vont bouleverser le septième art. Pragmatique, Francis Veber se contente de mettre en place des éléments qui ont maintes fois démontré leur efficacité et laisse les deux vedettes s’occuper du reste. Et dans un rôle qu’il connaît par cour pour l’avoir tenu plus de six cents fois sur les planches, Jacques Villeret est simplement parfait. Subtil, économe presque, il n’aura besoin que d’un seul regard pour afficher cruellement toute sa bêtise: c’est tout juste si, en lui regardant le blanc des yeux, on ne voit pas le mur du fond. A l’autre bout du spectre des personnalités, Thierry Lhermitte dégage une suffisance, une fatuité qui lui vont à merveille.
Pas de quoi crier au génie, peut-être, mais Veber n’a jamais eu d’autres prétentions que de nous faire rigoler un bon coup. Et c’est tout ce qu’on lui demande.
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