Dernière fin de semaine pour le 27e Festival du Nouveau Cinéma et des Nouveaux Médias. Il y a encore d’excellentes productions au programme. Si l’on met de côté les longs métrages qui prendront l’affiche très prochainement (Ceux qui m’aiment prendront le train; Le Violon rouge; Velvet Goldmine), il y aura foule pour la première des Idiots, de Lars Von Trier. Le réalisateur de Breaking the Waves devient plus radical avec ce film dans lequel un groupe de jeunes se font passer, en public, pour des déficients mentaux. Une forme éclatée, proche du reportage en direct; une philosophie, tant artistique qu’humaine, où prime la liberté et la subversion; pour un film qui a secoué et séduit Cannes. Si Von Trier vous intéresse, le Festival présente également Tranceformer, où le cinéaste parle de son métier, de ses phobies et de ses idéaux; et The Humiliated, un document d’une heure sur la fabrication des Idiots.
Vous pourrez aussi découvrir Revoir Julie, premier long métrage de Jeanne Crépeau (Le Film de Justine), dans lequel deux amies d’enfance (Dominique Leduc et Stéphanie Morgenstern) se retrouvent, après 15 ans de silence. Si le cinéma asiatique vous branche, évitez Blue Fish, de Yosuke Nakagawa, exercice de style creux, et tentez votre chance avec The Hole, de Tsai Ming-liang, dans lequel un homme s’éprend de sa voisine avec qui il ne communique que par un trou dans le plancher; ou Made in Hong-Kong, de Fruit Chan, qui suit un couple de jeunes amoureux à la recherche du sens de la vie.
Côté documentaires, De l’autre côté du périph’, le puissant film de Nils et Bertrand Tavernier sur la vie dans les banlieues, est une valeur sûre, ainsi que Who the Hell Is Juliette?, du Mexicain Carlos Marcovich, document aux frontières de la fiction sur une jeune fille cubaine qui se bat pour mener la vie qu’elle entend. Scenes from Allen’s Last Three Days on Earth As a Spirit, de Jonas Mekas, s’adresse aux convertis alors que ce pilier du cinéma expérimental américain filme l’appartement, et les gens qui y passent, où Allen Ginsberg fut exposé pendant trois jours, à sa mort en 97.
Eisenstein, the Master’s House, de Naum Klejman, Marianna Kirejewa et Alexander Iskin, fait la chronologie de la vie et de l’ouvre du réalisateur du Cuirassé Potemkine. Dessins (superbes) d’Eisenstein, extraits de ses films et de ceux de cinéastes qu’il admirait, photos de famille, films d’archives: les éléments utilisés sont ceux qu’on attend d’une biographie filmée, mais l’assemblage laisse à désirer. Découpant la vie d’Eisenstein en tranches vite expédiées, les trois cinéastes utilisent les images de films de Dreyer, Lang ou Murnau pour illustrer la vie ou les idées du réalisateur russe, le tout saucé d’une musique sentimentale. Un procédé douteux pour un film mécanique.
Les amateurs du cinéma de Jean Eustache, à qui le Festival rend hommage, ne voudront pas manquer ses moyens métrages (Le Jardin des délices de Jérôme Bosch, Le père Noël a les yeux bleus, Les Mauvaises Fréquentations, La Petite Marchande d’allumettes), ou ses longs métrages (Mes petites amoureuses, et, bien sûr, son chef-d’ouvre, La Maman et la Putain). C’est certainement la dernière occasion de les voir.
Jusqu’au 25 octobre