Cinéma

Practical Magic : Apprenties sorcières

On va voir Practical Magic comme on va souvent voir les films hollywoodiens: avec l’espoir que le talent de deux actrices (Sandra Bullock et Nicole Kidman) et le regard d’un réalisateur (l’ex-acteur Griffin Dunne) parviendront à préserver le charme fragile d’une prémisse débile, mais suffisamment excentrique, pour nous divertir agréablement pendant une heure et demie: à savoir, les démêlés sentimentaux de deux sorcières contemporaines (Bullock et Kidman) avec un séducteur un peu encombrant (Goran Visnjic), qu’elles finissent par tuer et ressusciter accidentellement, attirant du même coup l’attention d’un flic (Aidan Quinn) aussi fouineur que séduisant…

Hélas, il arrive à Practical Magic ce qui arrive souvent aux films hollywoodiens; après un début modeste, mais encore prometteur, le film se perd vite dans un labyrinthe de fausses pistes narratives, qui trahissent la présence d’un grand nombre de scénaristes travaillant fort pour diluer l’originalité relative d’un projet (inspiré d’un roman d’Alice Hoffman), afin de plaire au plus grand nombre possible de spectateurs. Ce qui nous vaut un film (visiblement conçu et tourné en quatrième vitesse) qui passe maladroitement de la fable féministe à la comédie sentimentale, du drame policier au festival d’effets spéciaux, et du film d’horreur à l’histoire d’amour nunuche. Le tout, au gré d’un scénario imbuvable qui multiplie les invraisemblances et les contorsions dramatiques pour donner forme à un film qui veut être à la fois The Witches of Eastwick et Love Story, The Exorcist et When Harry Met Sally!
Du coup, ce qui aurait pu être (sous le regard d’un George Miller ou d’un Tim Burton) un divertissement jouissif devient un mélange de genres ahurissant, indigeste et vomitif. Reste une armée de professionnels ouvrant comme ils peuvent autour de deux actrices qui tentent de donner corps à un film caméléon, dont les composantes vont dans dix directions en même temps. Résultat: une sorte de filtre d’amour servi par deux actrices charmantes, dont la magie – blanche, mais lourde – ne prend malheureusement pas. Bref, l’exemple parfait d’un film qui mise tout sur un pouvoir de séduction dont Hollywood semble avoir perdu la recette depuis quelque temps…

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