Sur papier, cette histoire avait de quoi faire saliver n’importe quel fana de science-fiction. Le scénario vient de la plume de David Weeb People, celui-là même qui avait transposé l’univers de Blade Runner, concocté les puissantes trames d’Unforgiven de même que le scénario du délirant Douze Singes. Considérant le curriculum du monsieur, on était en droit d’espérer quelque chose de cette histoire de soldat du futur privé de son humanité.
Dans un futur pas trop éloigné, le gouvernement décide de former un escadron de combattants dont l’entraînement commence dès la pouponnière. Le but: faire de ces poupons des guerriers adultes efficaces sans aucune attache ni lien émotif. Le temps passe et nos robots humains guerroient virilement sous les ordres du sergent Todd (Kurt Russell) jusqu’à ce qu’un nouveau bataillon composé d’individus génétiquement améliorés ne les rendent obsolètes. Une sorte d’olympiade entre Todd et un petit nouveau nommé Caïn (Jason Scott Lee) réglera le sort du bataillon de pionniers. Todd, laissé pour mort, sera jeté aux ordures sur une planète-dépotoir habitée par une communauté de colons plutôt peace & love, légèrement inquiétés par la nature du nouvel arrivant. Pour la première fois de sa vie, Todd devra établir des rapports qui ne soient pas basés sur la hiérarchie militaire, comme le désir, la compassion et le respect de la vie.
Le début du film nous montrant les années d’entraînement des militaires prépare bien le terrain pour représenter les thèmes du réajustement des individus après la guerre, de l’intérêt de créer des machines de guerre sans culpabilité pour éviter les contre-coups psychologiques. Mais, aussitôt que le nouveau soldat arrive sur la planète de Todd pour faire le nettoyage, le film prend des allures de Rambo, ce qui, pour un fan d’action, n’est pas mal, mais décevra l’amateur de science-fiction intelligente. Chapeau à Kurt Russell qui, par sa présence physique et son intensité, réussit à faire de Soldat un film légèrement au-dessus de la moyenne.