The Siege : Maudite machine!
Cinéma

The Siege : Maudite machine!

Qu’arriverait-il si les terroristes qui s’attaquent aux installations américaines à travers le monde décidaient un jour de commettre une série d’attentats au cour de New York? Telle est la question – alimentée par les attaques du World Trade Center et d’Oklahoma City – que pose le réalisateur Ed Zwick (Glory) dans The Siege, un film qui commence comme un thriller politique relativement sérieux et intelligent (à la Costa-Gavras), puis se transforme en un gros film d’action hollywoodien à la Die Hard. Bref, l’exemple parfait du film d’idées et d’action, où l’action écrase les idées très rapidement.

De fait, The Siege est un curieux hybride qui se divise clairement en deux parties: la première (et de loin la meilleure) raconte de façon assez prenante et complexe – bien qu’inévitablement démagogique – les efforts d’un flic anti terroriste du FBI (Denzel Washington) et d’une mystérieuse agente du NSA (Annette Bening) pour démasquer les membres d’un groupe de terroristes arabes (évidemment…) responsables de plusieurs explosions à New York. La seconde relate de manière beaucoup plus spectaculaire (mais aussi beaucoup moins réussie) les événements qui poussent le gouvernement à décréter la loi martiale à New York, et à y envoyer les troupes d’un général (Bruce Willis) qui s’avère être (surprise, surprise) un redoutable fasciste.

Du coup, ce qui s’annonçait comme un suspense relativement crédible et intelligent devient un film d’action grotesque à grand déploiement, et les principales qualités de la première partie (un scénario solide, le jeu sans faille de Washington et de Bening, et une analyse politique plus complexe qu’on aurait pu le croire) sont vite écrasées par les défauts de la seconde (escalade risible des scènes spectaculaires, fadeur du jeu narcissique de Bruce Willis, confrontation finale ridicule entre son personnage et celui de Washington).
On reste donc sur l’impression d’un film décevant qui tourne vite le dos à tout ce qu’il promettait d’être pour embrasser les pires clichés des grosses machines hollywoodiennes; un peu comme si État de siège se transformait, au bout d’une heure de projection, en Red Dawn ou en Rambo III. Le résultat – aussi confus sur le plan idéologique que cinématographique – est une dénonciation absurde du terrorisme international, qui se tire joyeusement dans le pied à coups de bazooka…