Rétrospective Mingozzi : Passé recomposé
Cinéma

Rétrospective Mingozzi : Passé recomposé

S’il n’est jamais facile de cerner l’ouvre d’un cinéaste, il est particulièrement difficile de le faire dans le cas de Gianfranco Mingozzi – le metteur en scène italien auquel la Cinémathèque québécoise consacre une rétrospective, du 20 au 29 novembre. Cette difficulté tient peut-être au fait que ce cinéaste méconnu a signé ses films les plus importants et les plus respectés au début d’une carrière en dents de scie; elle tient peut-être aussi au fait que les ouvres réputées comme étant les plus intéressantes du cinéaste sont aussi – paradoxalement – celles qui ont été le moins diffusées ici; elle tient peut-être finalement au fait que ce touche-à-tout insaisissable (qui s’est promené constamment du documentaire à la fiction et du cinéma à la télévision) semble avoir pris un malin plaisir à entremêler les genres et à déjouer les attentes…

Quoi qu’il en soit, la rétrospective proposée par la Cinémathèque québécoise devrait nous permettre de nous faire une meilleure idée de l’ouvre d’un cinéaste au parcours déroutant et singulier. Un cinéaste qui est tombé dans le cinéma lorsqu’il était petit (son père exploitait une salle), qui a commencé comme assistant de Fellini (le sixième!) sur La dolce vita, et qui est même passé par l’ONF (en 1964), le temps d’y réaliser des documentaires sur Antonioni, les Italos-Canadiens et «Caughnawaga»!

En chemin, ce cinéaste de 66 ans, formé à l’école du documentaire, a signé (pour le cinéma et la télévision) une foule d’ouvres unies par plusieurs thèmes: sa fascination pour l’Italie du sud (explorée dans La taranta, son court documentaire sur l’hystérie religieuse, et dans Con il cuore fermo Sicilia, une dénonciation passionnée de la mafia); son amour du cinéma (qui est au cour de L’ultima diva: Francesca Bertini, un très bon documentaire sur l’une des premières stars du cinéma italien, et de La vela incantata, un film de fiction sur deux frères qui travaillent comme projectionnistes ambulants); et sa passion pour la musique (qui anime C’èra musica et musica, un documentaire télévisé en douze épisodes que l’on dit remarquable).

Si l’ouvre méconnue de Mingozzi semble contenir sa part de joyaux à découvrir (en particulier Flavia la défroquée, un conte médiéval mêlant sorcellerie et sexualité, ou encore Les Trois Derniers Jours, sur un adolescent qui tente de tuer Mussolini), force est de constater que certains de ses films (comme le très surestimé Trio) ont assez mal vieilli et que ses ouvres les plus récentes (comme Les Exploits d’un jeune Don Juan ou La Femme de mes amours) s’avèrent décevantes, compte tenu de la réputation de Mingozzi.
Cette rétrospective permettra donc aux cinéphiles non seulement de se faire une meilleure idée de la place qu’occupe ce cinéaste à (re)découvrir, et de son évolution, mais aussi de voir si ses premières ouvres (les moins visibles, mais aussi les plus respectées) sont effectivement à la hauteur d’une réputation que les dernières semblent difficilement justifier…

A la Cinémathèque québécoise