Very Bad Things : Mauvaise blague
Cinéma

Very Bad Things : Mauvaise blague

Maintenant que chaque film semble avoir besoin d’un slogan, d’une accroche, Very Bad Thing nous est présenté comme «une comédie très sauvage». L’acteur Peter Berg (Copland, The Last Seduction) met en scène son propre scénario, et il balance sous le nom de comédie une histoire abracadabrante et sanguinolente. A

Kyle (Jon Favreau) va se marier avec Laura (Cameron Diaz), qui, elle, est plus amoureuse du mariage que de son futur époux. Avant le jour J, Kyle et ses quatre meilleurs copains (Christian Slater, Daniel Stern, Jeremy Piven et Leland Orser) partent enterrer sa vie de garçon dans une virée mémorable à Las Vegas. Le mélange jeu, alcool, drogue et strip-tease s’avérera néfaste. Les cadavres s’enchaîneront, mais le mariage aura lieu.

Les clones de Tarantino n’en finissent plus de naître. On appelle comédie noire toute histoire cynique et gueularde, avec assez de ressorts pour tenir la route, et des litres de jus de tomate pour patauger dans le sang. Avec Tarantino, les frères Coen, et des films récents comme Grosse Pointe Blank ou Clay Pigeons, les humains ne sont que chair à pâté pour psychopathes, les morts ne sont que kilos de viande, et tout dépend du talent de chacun pour construire une histoire solide autour de ce concept.
Peter Berg a, quant à lui, décidé de servir Shallow Grave à la sauce Hollywood. Mais là où l’excellent film de Danny Boyd avait une idée fixe, un scénario en béton, et des personnages construits qui savaient évoluer selon les événements, Very Bad Things n’est qu’une histoire en spirale s’enroulant dans une logique teintée de mauvaise foi, comme si le scénariste-réalisateur avait déclaré tous les quarts d’heure: «On ne va jamais reculer, et on va foncer dans tous les barrages: ça va être grandiose.» On sent peut-être le provocateur, mais pas le réalisateur. Plans fixes sur des gars paniqués qui ont fait de grosses bêtises, musique latino, contrechamps de demoiselles d’honneur qui les regardent en gloussant, phrases-chocs devant cadavres: le genre branché commence sérieusement à manquer d’imagination. Ça sent le réchauffé.

Pas surprenant: il est impossible de s’arrêter sur un personnage accrocheur. Comme le dit justement le dossier de presse, les gars sont des types normaux qui s’habillent chez The Gap (!) et Cameron Diaz est une Martha Stewart devenue folle. Autant dire qu’ils ont la profondeur d’un ou deux adjectifs. Ce qui, d’emblée, les rend tout à fait inintéressants. On se fout donc qu’ils s’entretuent et se découpent à la tronçonneuse. Pour accentuer l’horreur de ces meurtres en série, on colle dans le décor un enfant handicapé et un chien. Sauvage… Christian Slater se défend pourtant, et Cameron Diaz, toujours aussi agaçante, poursuit sa drôle de fixation matrimoniale, de Feeling Minnesota à My Best Friend’s Wedding.

Bref, dans ce film hurleur, vulgaire et superficiel, où l’on essaye de nous accrocher en nous balançant des cadavres à cadence régulière, où le rire est impossible, faute d’humour et d’intelligence, on ne sent que la prétention de quelqu’un qui se pète les bretelles, et qui se croit au comble de l’insolence cinématographique. Piteux.

Dès le 27 novembre