Kurt & Courtney : Pétard mouillé
Cinéma

Kurt & Courtney : Pétard mouillé

Rien qu’à cause du titre, la chanteuse du groupe américain Hole devrait être contente. Avec un titre comme Kurt & Courtney, elle entre dans la légende. Comme Bonnie & Clyde. Ou, mieux encore, Sid & Nancy.

Pourtant, Courtney Love a tout fait pour que ce documentaire ne voie jamais le jour. Elle a refusé de parler à Nick Broomfield, le réalisateur. Elle a également refusé qu’il utilise tout matériel sonore dont elle détient les droits, c’est-à-dire tout ce que Kurt Cobain a enregistré, seul ou avec son groupe, Nirvana. Rappelons qu’elle a obtenu ces droits de façon tout à fait légale, puisqu’elle était la seule héritière de Cobain, décédé en avril 94. Elle a tout refusé pour une seule raison: elle savait pertinemment qu’elle n’avait pas le meilleur rôle dans ce long métrage…

Kurt & Courtney, c’est donc un film sur Nick Broomfield, qui, suite au décès de Cobain, décide de mener son enquête. Cobain s’est-il vraiment suicidé? L’aurait-on poussé au suicide? Ou bien est-ce une tierce personne qui aurait appuyé sur la gâchette? Et si cette théorie du complot s’avérait juste, qui aurait commandité le meurtre? La CIA? Le FBI? Courtney Love?

Nick Broomfield se promène donc dans l’Ouest américain – de L.A. à Aberdeen, en passant par Portland, Seattle et Olympia – , rencontre la tante de Cobain, des amis de Kurt et Courtney, une ex-blonde de Cobain, un musicien ayant fréquenté Love, le père de la chanteuse (qui, depuis le début de cette histoire, rendons-nous à l’évidence, ne cherche qu’à montrer sa binette devant le plus possible de caméras…), le détective qu’elle a engagé avant la mort de Cobain, mais qui a continué à travailler sur le cas bien après; bref, Broomfield se balade et on le suit.

Qu’est-ce qu’on apprend? Vous dire honnêtement, pas grand-chose que l’on ne savait déjà si on s’était le moindrement intéressé à cette histoire. En fait, on se demande même si c’est ce que Broomfield cherchait. Le film est beaucoup plus centré sur son enquête, sur son travail que sur ses prétendues découvertes. Lui-même met constamment en doute cette idée de conspiration. Lui-même met en doute certains témoignages. Comme si la fin n’était vraiment pas plus importante que les moyens.

Et ses moyens sont relativement restreints dès que Courtney Love a décidé de lui fermer sa porte. Parce que la seule personne qui aurait pu répondre à ces questions, c’était elle. Quant au tapage médiatique que le film a fait depuis sa première avortée, puis reprise en catimini, au dernier Festival de Sundance, il est beaucoup plus imposant que le film en tant que tel, et ses «révélations». Il ne méritait pas ça. Et fort probablement que Courtney Love non plus. Certainement pas plus que Kurt Cobain en tout cas.