Les Boys II : Formule 2
Cinéma

Les Boys II : Formule 2

Étrange impression de déjà-vu, mardi soir dernier, à la Place des Arts, alors que le tout-Montréal se retrouvait, un an, jour pour jour, après la première des Boys, à ovationner dans la même salle, avec le même enthousiasme, ce qui est, à peu de chose près, le même film.

De fait, Les Boys II – c’est à la fois la bonne et la mauvaise nouvelle – est tout à fait dans la lignée de son prédécesseur: même recours systématique aux formules du genre; même mélange d’humour, de sport et de démagogie; même façon de viser bas tout en arrivant à atteindre la cible une fois sur deux.
Reprenant la recette classique d’autres suites à succès (comme The Bad News Bears Go To Japan) le producteur Richard Goudreau et le réalisateur Louis Saïa (qui a signé le scénario avec René Brisebois et François Camirand) envoient cette fois les boys à Chamonix, le temps de participer à un tournoi international qui leur permet de réunir tous les ingrédients du genre: un peu d’humour facile sur les différences culturelles (tout y passe: de la plomberie française aux équipes de hockey africaines…); un peu de tension entre les personnages (parce que les boys sont forcés de vivre ensemble pour la première fois); quelques petites histoires parallèles (l’entraîneur joué par Rémy Girard tombe en amour; le tombeur incarné par Marc Messier séduit une Française…); une crise de dernière minute qui rallie nos héros (une histoire de drogues et de petits truands à dormir debout); sans oublier le match final dans lequel le raté du groupe (Roc Lafortune) aura la chance de se racheter une fois pour toutes. Bref, le menu classique.

Ce menu classique, Louis Saïa le sert de façon généralement efficace (les réactions de la salle en témoignent) bien que rarement inspirée. Il semble d’ailleurs avoir eu du mal à jongler avec le grand nombre d’histoires parallèles qui composent le corps du film (en particulier lors d’une nuit de beuverie qui s’éternise un peu trop), et sa mise en scène des matchs proprement dits est un peu moins dynamique que dans le premier film. Ajoutez à cela que certains personnages (comme celui de Serge Thériault) sont assez mal servis par le scénario, que le film abuse quelque peu des cameos faciles (Guy Cloutier, Michel Bergeron, Roger Brulotte), et qu’il affiche un peu trop la présence de ses commanditaires, et vous avez un produit de consommation relativement efficace, même s’il vole au ras des pâquerettes, mais qui aurait pu l’être bien davantage s’il avait été un peu mieux fait. Un film dont les bons moments (essentiellement les scènes avec Patrick Huard, Marc Messier et l’excellent Pierre Lebeau) ne rachètent pas toujours les défauts (le jeu surchargé de Daniel Russo en «maudit Français», la photo un peu fade de Georges Archambault, quelques longueurs qui alourdissent l’ensemble).

A l’arrivée, Les Boys II n’est ni l’abomination que certains risquent de dénoncer (tous les pays produisent des comédies de ce type), ni l’exemple d’un succès glorieux dont d’autres voudraient qu’on s’enorgueillisse. En fait, il s’agit plutôt de la suite adéquate d’un film de genre on ne peut plus traditionnel, que le public semble destiné à élever une nouvelle fois au rang de phénomène culturel. Bref, un film qui se prête moins à la critique qu’à l’analyse sociologique, car il en dit moins sur ce qu’il est que sur ce que nous sommes…

Dès le 11 décembre