Une vie de bestiole : Les jeux d’antenne
Une vie de bestiole mérite mieux que d’être comparé à l’autre film réalisé par les studios Pixar (Histoire de jouets). Il mérite mieux que son titre de second film d’animation infographique portant sur une colonie de fourmis. Hélas, il est presque impossible de parler d’Une vie de bestiole sans évoquer Fourmiz et Histoire de jouets. Il faudra faire sans puisqu’un film aussi vivant, énergique et imaginatif est une denrée trop rare, sans compter que pomme et orange ne se comparent guère… Et puis, malgré les similarités entre les deux films d’insectes, cette Vie de bestiole comporte assez de variantes dans l’histoire et dans le ton pour que le spectateur puisse refaire un voyage dans ce «microcosmos».
Le tout démarre lentement (peut-être trop), alors que l’on nous présente une colonie de fourmis forcée de ramasser des provisions pour une bande de sauterelles s’adonnant à un racket de protection. Arrive Flik, le héros, un jeune inventeur idéaliste dont les innovations ont plutôt tendance à aggraver les choses, au grand dam de la reine et de son apprentie, la princesse Atta. Quand, par accident, Flik fait disparaître la montagne de victuailles, il se voit dans l’obligation d’aller en ville pour enrôler des insectes guerriers afin de contrecarrer les projets destructeurs des sauterelles et de Hopper, le chef du clan.
Le film passe à une vitesse supérieure au moment où les soi-disant guerriers sont introduits. Il s’agit, en réalité, d’une bande d’artistes de cirque en disgrâce à la recherche d’un public. On y trouve, entre autres, une larve teutone, une paire d’acrobates délirants au dialecte incompréhensible, une vieille mante religieuse et une coccinelle gênée par sa nature hermaphrodite. Ces personnages sont si amusants qu’on en oublie presque Flik, dont la quête de rédemption paraît pâlotte à côté du besoin de séduction qui anime les bêtes de cirque. La position de Flik permet cependant aux animateurs de faire graviter autour de lui une cascade de clins d’oil et d’effets hilarants, notamment lorsqu’il visite la ville (un alignement de boîtes de céréales en guise d’édifices) et que l’on y voit un clochard demandant la charité aidé d’un écriteau sur lequel on peut lire: un enfant m’a arraché les ailes. Un mime imbécile complète le tableau de ce New York insectoïde. Ce genre de gag plaira aux petits comme aux grands, de même que les scènes d’action d’une exquise fluidité.
Il aurait peut-être été plus heureux que la personnalité de Flik soit aussi distinctive que celle de la fourmi de Woody Allen dans Fourmiz, mais le film aurait sans doute pris une autre tangente. Du reste, Une vie de bestiole est assez intelligent et drôle pour séduire l’amateur de cinéma de tout âge, ce qui est rare et appréciable.
Voir calendrier Cinéma