Cinéma

Star Trek IX: Insurrection : Des chiffres et des laids

Je suis les nouvelles aventures de l’Entreprise, sous la gouverne du capitaine Picard, depuis 1987. Picard, interprété par l’acteur shakespearien Patrick Stewart, est autoritaire et sa puissante voix grave donne les ordres avec tact. Or, quand le film est traduit, ce n’est plus cette voix caractéristique que l’on entend, mais celle d’un autre et, dans le cas de Picard, elle change de film en film. Sauf que cette fois, ça ne passe pas puisque que c’est Raymond Bouchard qui lui prête sa voix. Bouchard est un de nos meilleurs comédiens, mais il fait un bien piètre Picard. Au diable verdeur et autorité, place aux vocables de l’éditeur du Scoop (Stéphanie, tu peux pas mettre un Borg sur la page couverture…)

Pour rester dans le sujet, soulignons que l’on a cru bon de changer la traduction de téléporteur pour transbordeur (une hérésie!), et que le centre du réacteur (reactor core) a été traduit par noyau. A un moment, je ne comprenais pas ce qui se passait, croyant que nos héros avaient peut-être balancé un noyau de prune dans l’espace. Enfin, si vous êtes un fan de Star Trek: The Next Generation, je vous suggère la version originale.

Neuvième film de la série et troisième mettant en vedette la nouvelle génération, Insurrection s’inscrit dans la même veine que First Contact, pour ce qui est du rythme et des scènes d’action chargées d’adrénaline, gracieuseté de Jonathan Frakes (William Ryker), qui avait aussi réalisé First Contact. Le ton est toutefois beaucoup plus léger et plus proche du célèbre Star Trek IV: The Voyage Home (celui avec les baleines). Outre les extérieurs à couper le souffle et les effets spéciaux haut de gamme, on a l’impression qu’il s’agit d’un bon épisode en deux parties, rien de plus, rien de moins. Pour les fans, ça ne pose pas de problème, mais je doute que le film puisse se rallier un public plus large. Le message du film portant sur l’immoralité d’arracher un peuple de sa terre au nom du progrès et fait d’Insurrection un film plus ésotérique que ses prédécesseurs. L’allégorie s’inscrit dans la tradition imaginée par Gene Roddenberry, à savoir que les explorateurs ne sont pas uniquement dans l’espace pour faire exploser des vaisseaux romulanais.

Encore une fois, Patrick Stewart se distingue vaillamment, faisant ombrage à tout le monde, sauf peut-être à Brent Spiner, alias Data, à qui l’on doit les meilleures blagues. Au fond, on aurait souhaité que les histoires secondaires comme celle de Troi et Ryker soient éclipsées, au profit de Stewart. Maintenant qu’on a bien rigolé, j’aimerais bien qu’on nous ramène les Borgs la prochaine fois.

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