Le Prince d'Égypte : Cartoon-pâte
Cinéma

Le Prince d’Égypte : Cartoon-pâte

Ne s’attaque pas aux histoires bibliques qui veut. Et ce n’est parce qu’on s’appelle JEFFREY KATZENBERG qu’on a plus de chances de réussir qu’un autre. Enfin, si l’histoire de Moïse n’en n’est pas ternie pour autant son traitement, lui, n’a pas l’originalité que l’on avait annoncée.

Depuis le temps qu’on nous en parle (soit depuis près de quatre ans déjà!), on nous promettait que Le Prince d’Égypte serait l’antidote parfait à un cinéma d’animation de plus en plus prévisible, dominé par des clones plus ou moins réussis de Beauty and the Beast, Aladdin et The Lion King: une production de près de cent millions de dollars, qui s’attaquerait à un sujet ambitieux (la vie de Moïse, et l’exode du peuple juif), qui éviterait les personnages mignons et les animaux parlants (pas de chameaux chantants!), et qui ne sombrerait pas dans la surenchère promotionnelle «disneyienne» (trois bandes sonores différentes, mais pas de repas «Dix plaies d’Égypte» chez McDo). Bref, on nous promettait quelque chose d’original, d’audacieux et de différent.

A l’arrivée, Le Prince d’Égypte est pourtant un film parfaitement prévisible, qui n’est ni l’ouvre révolutionnaire annoncée par la rumeur (le film est truffé de chansons mièvres, de personnages colorés et d’animaux charmants), ni le dessin animé typique, tant redouté des parents (l’ensemble témoigne malgré tout d’une ambition et d’un sérieux assez rares dans le genre). De fait, cette production imposante (dont la distribution vocale comprend Ralph Fiennes, Val Kilmer, Sandra Bullock, Michelle Pfeiffer, Jeff Goldblum et Helen Mirren!) évoque plutôt ces ouvres ambitieuses, mais inégales, qui tentent périodiquement de transcender le genre (comme The Lord of the Rings, Heavy Metal ou American Pop).

On suit donc Le Prince d’Égypte comme un film en dents de scie, dont les scènes les plus réussies (une introduction mémorable, un flash-back tout en hiéroglyphes, et une traversée de la mer Rouge plus impressionnante que celle de De Mille!) côtoient les éléments les plus décevants (des chansons dignes des revues de Las Vegas, une animation fade qui évoque les cartoons du samedi matin, et un graphisme qui laisse souvent à désirer). Résultat: une sorte de Dix Commandements animé, à mi-chemin entre De Mille et Disney, qui contentera sans doute les fans d’un genre dont il ne se démarque toutefois pas vraiment.

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