Vous avez du courrier : Au pied de la lettre
C’est comme un Big Mac: c’est chaud, c’est mou, c’est rassurant. Nora Ephron fait des allers et retours entre l’Est (When Harry Met Sally) et l’Ouest (Sleepless at Seattle). Retour à New York pour Vous avez du courrier, avec Tom Hanks et Meg Ryan sous le bras. Meilleur que le soupir à Seattle, mais toujours moins bon que les aventures de Sally, Vous avez du courrier est le genre de film dont chaque scène, chaque tenue et chaque tasse de café a été approuvée par le directeur commercial du studio pour envisager une visibilité optimale. Ce film est un vrai produit de consommation de masse avec, en vedette, le serveur America On Line.
Dans un New York de science-fiction (Upper West Side: pas de bruits de circulation, des enfants sages et intelligents, des fleuristes dans la rue, des marchés ouverts), une gentille libraire (Meg) et un propriétaire de méga librairie de type Barnes and Nobles (Tom) s’amourachent sur Internet, pendant que, dans la vraie vie, ils se livrent une guerre sans merci. L’amour est plus fort que tout, et viendra les sauver dans une des scènes finales les plus marshmallow qui soient. Il y a même un golden retriever…
Remake de The Shop around The Corner, d’Ernst Lubistch, avec un James Stewart à peine pubère, Vous avez du courrier en est la troisième version puisque Hollywood en fit une comédie musicale avec Judy Garland, dans les années 40. C’est, paraît-il, en voyant le film de Lubitsh que Nora Ephron aurait eu l’idée du siècle, qui consiste à faire du neuf avec du vieux, en remplaçant la plume par le clavier. Et à montrer qu’à l’ère des stagiaires présidentielles, on peut toujours faire rêver au grand amour.
La Doris Day de cette fin de siècle est une énième copie d’elle-même. Le cheveux savamment ébouriffés, la tenue d’écolière impeccable, et la bouche en cour en permanence, Meg Ryan ne fait pas son âge, et porte très bien le rhume de cerveau. Tom Hanks adapte son personnage à son tour de taille: un rien plus mature. En conjoints respectifs, Greg Kinnear et Parker Posey se défendent dans des rôles dessinés au crayon gras de faire-valoir. Que reste-t-il? Un sirop transparent, excessivement sucré. On gobe, mais on se fout totalement de connaître la recette
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